Le poids du passé

Chapitre 19

Kara

– Ma chérie, on te l'a déjà dit : ne touche à rien dans cette cuisine ! s'exclame sa mère.

– Roh mais...

Je tente mon regard de petit chiot, celui que j'utilisais petite quand je voulais demander une faveur à mes parents biologiques. Mais il faut croire que ça ne marche pas aussi bien qu'avant puisque ma m'adresse un sourire sarcastique

– Pas de mais ! Laisse-nous gérer, m'intime-t-elle.

Je recule, résignée, et rejoins Maggie sur le canapé, laissant mes parents et ma sœur prendre possession de ma cuisine pour se charger du repas.

OK, je suis nulle en cuisine. Mais je peux quand même aider ! Je suis capable de suivre des instructions. Bon d'accord, rien de trop compliqué. Et puis c'est pas de ma faute si je me laisse facilement distraire non ?

– Allez mini-Danvers, viens donc t'asseoir avec moi. Elle arrive à quelle heure ta dulcinée ?

Je la foudroie du regard avant de lui répondre.

– L'appelle pas comme ça ! Je veux pas lui mettre la pression tu sais bien.

– Kara, tu as littéralement des cœurs dans les yeux quand tu parles d'elle. Si tu es pareille quand tu la vois, à mon avis, elle est au courant. Ou alors elle est aveugle. Ou pas intéressée.

– Merci Mag, tu m'aides vachement.

– À ton service ! s'esclaffe la lieutenante de police. Donc ? Elle arrive à quelle heure ?

– Je lui ai dit d'arriver pour midi.

Je m'assieds à côté d'elle et consulte sa montre. Il est un peu moins de onze heures. Est-ce qu'il est trop tôt pour que j'aille m'habiller ?

– Aïe ! m'exclamé-je en massant ma tempe à l'endroit ou ma sœur vient de me donner une pichenette. Pourquoi t'as fait ça ?

– Tu as de la fumée qui te sort des oreilles tellement tu réfléchis. Va t'habiller. On s'occupe du repas. De toute façon, c'est presque prêt.

– J'en fais trop c'est ça ?

– Petite sœur, t'es amoureuse. On en fait jamais trop quand on est amoureux.

Je vois qu'elle garde pour elle la suite de sa phrase, mais je sais ce qu'elle ne me dit pas. Elle s'inquiète. Et si je veux être honnête avec moi-même, je m'inquiète aussi. La fulgurance et la puissance de mes sentiments pour la brune m'ont totalement déstabilisée. Jamais je n'aurais pensé pouvoir ressentir une telle connexion, un tel besoin envers quelqu'un. Mais avec Tess, c'est simple, fluide et naturel. C'est à la fois comme si nous nous connaissions depuis toujours et que nous nous découvrions chaque fois un peu plus.

Un léger coup d'épaule de ma sœur me sort de mes réflexions.

Je me lève et me dirige vers mon espace nuit. J'y trouve Streaky, tranquillement allongé en rond sur mon lit, nullement perturbé par l'agitation autour de lui. Quand Alex et mes parents ont débarqué à mon appartement deux heures plus tôt, c'est tout juste s'il a daigné se lever pour les saluer.

Je me plante devant ma penderie à la recherche de la tenue idéale. Je fais défiler les tenues pendant quelques minutes quand une voix me surprend, me faisant sursauter :

– Ça me rappelle ton premier rendez-vous avec Mike.

Je me retourne pour faire face à ma mère qui m'observe, souriante.

– Je me souviens. Tu avais dû mettre au moins vingt minutes à choisir ta tenue avant de finalement opter pour un simple jean.

– Les basiques marchent toujours.