Février 2019 - Le lendemain
Voilà donc à peu près une semaine que j'étais revenue. Tarik était passé hier. Je ne saurais dire si notre conversation m'avait fait du bien ou non. Au fond, j'aurais voulu qu'il accepte de me reparler, parce que je m'en voulais profondément, puisqu'il avait été là pour moi et que notre entente durant ma courte grossesse me manquait. Mais encore une fois, c'était des pensées égoïstes que j'avais là. Il souhaitait de son côté en rester là avec moi, sur quelque chose de plutôt cordial et je devais me contenter de ça, puisque tel était sa décision.
Sauf qu'au fond de moi, j'en n'avais pas envie.
Son discours m'avait foutu comme un coup de fouet et ouais, ça m'avait motivé à aller mieux, à passer au-delà de tout ça. La déception de mon entourage devait être sans fin à mon égard et j'avais envie de leur prouver que je pouvais me reprendre en mains.
Mais accepter sa décision m'était trop difficile. Parce qu'au fond de moi, je savais qu'il m'en voulait et je pouvais le comprendre, à cent pourcent même. Ce n'était pas une histoire de sentiments, simplement une histoire d'affinités. Et ce qui s'était créé entre nous avait été si fort et si agréable pour moi que lorsque j'étais partie en Floride, j'avais ressenti ce vide, ce manque vis-à-vis de lui et mes pensées avaient été envahies par ce qu'il représentait pour moi.
Nous étions donc à un peu plus d'une semaine de mon retour et comme tous les matins, je venais prendre le petit déjeuner à la cuisine et comme tous les matins, Nabil était venu, après avoir déposé Kiyane à l'école.
Il venait et s'installait en face de moi, s'asseyant de manière trop détente sur sa chaise, le dos appuyé contre le dossier, les jambes allongées sous la table, les mains dans les poches.
Et il me fixait.
Et moi je l'ignorais.
Une semaine que c'était comme ça. Le week-end il ramenait carrément Kiyane ici.
Jusqu'ici, je ne lui avais pas dit un seul mot. Pas un seul.
Au début, il avait tenté de communiquer. Mais après tout ce qu'il m'avait dit avant mon départ, après la baffe qu'il m'avait foutu, après m'avoir contrainte à rentrer et après avoir balancé à Enys et Tarik ce que j'avais fait... Nan, je refusais de lui accorder ne serait-ce qu'un regard.
Après une semaine sans vivre mon quotidien de là-bas, je devais avouer que j'avais pensé et repensé à cette chose que je n'aurais certainement jamais dû toucher. J'en avais aimé les effets, tellement aimé que ouais, ça me manquait. Avant de revoir Tarik, j'avais clairement pensé à me barrer en pleine nuit, échappant à la vigilance de mon frère qui tombait de fatigue en rentrant en ce moment, pour aller prendre ne serait-ce qu'un tout petit sachet pour me faire du bien. Mais ses mots avaient été plus forts que ça et j'allais prouver que j'étais bien plus forte que ce que je ne l'étais actuellement.
Ma main venait tartiner de beurre et de confiture mon bout de pain et je mangeais ça, comme tous les matins, sous le regard de Nab.
Je ne savais pas vraiment pourquoi il venait. Au début, il voulait qu'on parle, mais maintenant il ne tentait même plus. Il avait essayé plus d'une fois, de la Floride à Corbeil. Mais je restais muette face à lui, tout comme face à Enys. Tarik, c'était le seul à qui j'avais bien voulu m'ouvrir, parce que c'était lui. Mais les autres, mise à part être des moralisateurs de bas étages, il ne m'apporteraient rien.
Ma décision était donc prise.
Après ce que m'avait dit Tarik la veille et la nouvelle venue de Nabil ce matin, je réalisais que je ne voulais pas passer un jour de plus dans cet appartement.
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PART. II - DERRIERE, MON ANGE DIT «T'ES SI SOMBRE»
Fiksi Penggemar2018 Elle n'était définitivement plus « la petite Soussou ». Lui, il était devenu quelqu'un. Quelqu'un de connu et reconnu. Finalement, leurs destins n'étaient pas si éloignés, car elle se faisait elle aussi un nom, dans un tout autre univers. Après...