Chapitre 6 - Jake

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Je n'ai pas insisté et la suis derrière sa voiture. Quelque chose l'effraie mais de toute évidence ce n'est pas moi. Je n'y comprends plus rien. Il n'y a rien de cohérent chez cette nana et elle me fait tourner la tête, mais elle est notre seule chance de sortir Kyle de là. On se gare sur le parking du commissariat. Je pose un pied à terre alors qu'elle se dirige vers moi.

—Restes là, s'il te plait.

Je lui souris, sachant pertinemment que je n'ai pas l'intention de lui obéir. Je descends de ma moto et avance, sa main se pose sur mon bras, je m'arrête et fixe ses doigts fins enroulés autour de mes tatouages. Sa peau pâle détonne avec ma peau noircie par l'encre.

—Jake, me supplie t elle. Si tu entres, ça va compliquer les choses. Laisse moi gérer d'accord?

Elle me demande de lui faire confiance, les rouages de mon cerveau tournent à une vitesse vertigineuse. Je ne sais pas, je ne sais plus. Il s'agit de mon petit frère, celui pour qui je donnerai ma vie, que je souhaite protéger plus que quiconque.

—Une demi heure, dit elle.

Je lève les sourcils et la fixe.

— Ca s'appelle un compromis, me lance t elle avec un clin d'œil. Tu me laisses une demi heure et après tu es libre de faire ce que tu veux.

— Hmm, réponds je sceptique ce qui la fait rire.

Deux petites fossettes se creusent sur ses joues lorsqu'elle sourit, et je me surprends à adorer ça. Je me pose contre le siège de ma Harley et croise mes bras sur ma poitrine. Un air triomphant apparaît sur son visage et je secoue la tête dépité alors qu'elle pouffe. Arrivée devant les escaliers, la porte du commissariat s'ouvre sur le Lieutenant Carlton. Ce connard va succéder au Shérif McCain et se sont les deux mêmes pourritures. La trentaine, plutôt bien bâti, sa gueule d'ange me fout la gerbe. Ce qui me surprend c'est la réaction de la petite brune, elle se crispe en l'apercevant, ses épaules s'affaissent et elle semble si fragile l'espace d'un instant qu'on dirait une enfant. Elle finit par se reprendre et se redresse pour lui faire face et passe devant lui comme s'il n'existait pas. Je peux lire d'ici la colère qui anime ce connard. 

Alors c'est de lui dont elle a peur? Mais pourquoi? Je sors mon téléphone et compose le numéro de Karl.

— Tout va bien Prés.? Des nouvelles de Kyle?, s'inquiète t il.

— La baveuse s'en occupe actuellement, j'attends.

— Tu attends? Toi?

— Ca  va, lâche moi! Tu pourrais voir s'il y a un lien quelconque entre Erin et le Lieutenant Carlton?

— Erin, hein? se marre t il.

— Karl, tu attends quoi? je grogne.

— Pardon, tout de suite boss.

Je raccroche et fixe ma montre. Vous saviez que les minutes étaient si longues, vous? Jamais vu un truc pareil! Au bout de 28 minutes, je ne tiens plus en place et me dirige vers l'accueil. Une fois devant le comptoir, je vois Kyle accroché à la main d'Erin, comme il le fait avec moi lorsqu'il est terrorisé.

— Tu n'as pas tenu ta promesse, me fait remarquer Erin en vérifiant sa montre.

— On ne peut pas faire confiance à un biker, je lui dis tout sourire.

Elle mordille sa lèvre inférieure, l'une de ses fossettes trahissant son sourire naissant.

— Elle est gentille, je l'aime bien, dit Kyle en regardant le plafond l'air absent.

— Allez viens, on rentre à la maison p'tit frère.

On se dirige tous les 3 vers la sortie quand le Lieutenant Carlton nous interrompt :

— On se voit tout à l'heure Maître Campbell, lance t il les dents serrées, sa menace à peine masquée.

— On a hâte de vous voir au Clubhouse Sergent, je réponds à la place d'Erin qui s'est crispée.

— C'est Lieutenant, connard.

— Dans tous les cas vous n'êtes pas très doué pour faire votre travail alors qu'importe, je le provoque alors qu'il fulmine.

Erin pince les lèvres pour retenir son rire et nous sortons en direction du parking. Kyle monte en voiture avec elle et nous nous dirigeons vers le Clubhouse où les gars nous attendent. Des cris d'ovations nous accueillent lorsqu'on franchit le pas de la porte. Kyle mal à l'aise par cette effusion, va s'assoir au fond de la salle.

— Tu es parfaite Miss Campbell, veux tu m'épouser? demande Travis.

Erin rigole de son intrusion ridicule, je le bouscule pour me diriger vers le bar où je demande un whisky. Travis vient poser ses fesses sur le tabouret à ma droite alors qu'Erin s'installe à ma gauche.

— Tu es grincheux, mec.

— Ferme là Travis!

— Qu'est ce que tu lui as fait Beauté?

Elle hausse les épaules indifférentes à mon humeur massacrante.

— Qu'est ce que vous buvez? demande la brebis à l'avocate.

— Un café, s'il vous plait.

La brebis la regarde d'un air méprisant. Lorsqu'elle croise mes yeux noirs de colère, elle trésaille avant de se dépêcher de préparer la commande de ma voisine. Martha sort de la cuisine et pose ses yeux tendres sur moi.

— Ah, je savais bien que j'avais entendu un bazar pas possible, rigole t elle, tandis qu'elle s'approche pour m'embrasser. Comment va Kyle?

— Ca à l'air d'aller, je dis en me tournant vers lui.

Il est assis seul au fond de la salle avec l'un de ses livres de médecine, le cours de sa vie a repris là où elle s'était arrêtée.

— Tu ne me présentes pas ton amie?

Je grimace à ce mot et Erin prend les devant en se marrant.

— Erin Campbell, enchantée Madame, lui dit elle en lissant d'une main son tailleur impeccable nerveusement, son autre main tendue vers Martha.

— Il n'y a pas de Madame ici, appelle moi Martha ma chérie.

Ses joues prennent une teinte rosée en entendant ce mot tendre. Je penche la tête sur le côté intrigué. Danny s'approche de nous.

— J'ai préparé ce qu'il faut pour la baveuse dans le coffre, gamin. Je rentre. Bonne nuit.

— Merci, Danny. Bonne nuit.

— Tu me suis, je lance à Erin en me levant.

Elle me regarde intriguée mais s'exécute. Une fois dans notre salle de réunion, je referme la porte derrière elle et me dirige vers le coffre dont je compose le code sans me cacher. J'en sors une enveloppe bien garnie et la lui tends.

— Qu'est ce que c'est?

— Ta part pour ce soir.

— Je n'en veux pas.

— Erin, je soupire.

— Je t'ai dit que je ne travaillerais pas pour vous.

— Ok, à partir de maintenant je te laisse tranquille ça te va?

— Mais? Parce qu'il y a un mais?

— A condition que tu prennes ce qu'on te doit! Cet argent t'appartient, et ce n'est pas grand chose face à ce que tu as fait!

— Tu n'as qu'à le donner à une œuvre de charité. Ils adoreront remercier les gentils bikers pour un don aussi généreux, se marre t elle avant de sortir me plantant là comme un con.

Elle commence vraiment à me les briser. Ca ne lui arrive donc jamais de faire ce qu'on lui demande, une vraie tête de mule ma parole! Je me marre en pensant à ce que je vais faire, elle veut jouer, on va jouer.

Sons of HellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant