Chapitre 12 - Jake

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 Lorsque j'émerge, Erin est toujours blottie contre moi et Kyle est assis sur la table basse en train de nous observer. Je fronce les sourcils.

— Qu'est ce que tu fous, Kyle? je murmure.

— Tu ne la détestes plus?

— Quoi? Non, enfin si, j'en sais rien, merde, tu fais chier avec tes questions à la con.

Il hausse les épaules, indifférent. Erin bouge contre moi et ses yeux s'ouvrent en papillonnant le temps de s'habituer à la luminosité.

— Salut, dit elle timidement.

— Salut.

Kyle secoue un sachet devant son nez, celui ci contient un spéculum stérile.

— J'ai pris un kit de viol aussi, on peut y aller? demande t il sans tact.

— Euh ... je ... euh ...

— Kyle, merde, tu fais chier. Tu peux pas demander ça comme ça!

— Pourquoi?

Je soupire, tenter de lui expliquer ne servirait à rien, il n'a aucune empathie. Erin me sourit gentiment.

— Ca va, t'inquiètes pas. On peut y aller Kyle.

— Bah tu vois? Tu t'énerves pour rien.

J'attends une éternité qu'ils sortent de cette chambre, mais je ne vois que Kyle réapparaître.

— Tout va bien?

— Elle n'a pas de déchirure profonde, juste de petites lésions bégnines.

Je soupire, à quoi je m'attendais franchement. Ce n'est pas lui qui va me décrire son état d'esprit à cet instant.

— Elle doit porter plainte mais elle a pleuré quand je le lui ai dit, c'est stupide, on ne peut pas effacer le passé, mais elle pleure toujours.

Je me lève et remercie mon petit frère qui fait déjà beaucoup pour nous. Je ne lui en veux pas et j'espère qu'Erin non plus, il n'y peut rien. Je toque à la porte de sa chambre mais elle ne répond pas.

— Erin? Je peux entrer?

Elle ne répond pas, je décide d'ouvrir quand même. Elle est en position fœtale sur le lit, en larmes. Elle ne réagit pas à mon intrusion, je grimpe sur le lit à ses côtés, j'hésite une seconde puis décide de la prendre dans mes bras. Elle resserre ses bras autour de ses genoux, je tire doucement sur ses doigts pour les délier et la fait basculer vers moi.

— Viens là mon ange, je lui souffle avant de la serrer un peu plus fort contre mon torse.

Elle craque et son corps est secoué de sanglots incontrôlables. Je frotte son dos avec douceur du bout de mes doigts, elle finit par se détendre et des frissons la secouent. Je remonte la couette sur nous, mais j'ai mal interpréter sa réaction, elle n'a pas froid ... Son corps réagit au mien, sa respiration saccadée, son cœur qui tambourine contre mes côtes. Je cesse mes caresses qui ont un effet tout aussi salvateur sur moi et je ne veux surtout pas qu'elle découvre la bosse qui déforme mon jean's. Je me concentre et tente de penser à autre chose, mais son odeur, sa respiration, sa main sur mon ventre, tout me rappelle à ma torture. Je me racle la gorge nerveusement.

— Je vais prendre une douche, j'annonce maladroitement.

Elle ne réponds rien et je sors, me dirigeant vers la salle de bain juste en face.


Nous cohabitons depuis une dizaine de jours maintenant. Erin n'est pas sortie de l'appartement une seule fois, les hématomes sur son visage sont quasiment effacés. Je me réveille seul, nous avons passés toutes nos nuits ensemble dans sa chambre. Elle fait des cauchemars presque chaque soir. Je me dirige vers la cuisine où je la trouve en train de faire des pancakes.

— Bonjour, me dit elle timidement comme chaque matin.

— Salut.

— Tu penses que Martha est là aujourd'hui?

— Elle vit ici, je l'informe.

Martha lui a cuisiné de délicieux repas chaque jour depuis son arrivée, elle occupe l'une des chambres qui jouxtent les cuisines.

— J'aimerais aller la voir.

— Tu fais ce que tu veux.

Je la vois se crisper face à mon ton tranchant. Elle n'a pas à pâtir de ma mauvaise humeur, mais je n'y peux rien. Elle s'installe face à moi, dépose le plat de pancakes entre nous et déjeune en silence. Je m'en veux mais je ne sais pas comment rattraper ça.

— Pardon, je tente maladroitement.

Elle lève ses yeux noisettes vers moi, la bouche encore ouverte prête à accueillir sa fourchette qu'elle a laissé en suspend. Me rappelant ce qu'elle a dit la dernière fois je souris avant d'ajouter :

— Je sais c'est flippant quand j'essaie d'être humain.

Elle pouffe et je vois à nouveau apparaître ses adorables fossettes et ça gonfle mon cœur de bonheur. Faut vraiment que je sorte de là, je me ramollis.

— Faut que j'aille bosser aujourd'hui, ça ira toi?

— Oui, oui, ne t'inquiètes pas.

— Tu sais tu peux me dire la vérité aussi ...

—  Pourquoi tu dis ça?

— Parce que quand tu répètes un adverbe c'est que tu es nerveuse.

— Tu as l'air bien sur de toi.

— Oh mais je le suis! Donne moi ton portable.

— Pourquoi?, s'étonne t elle.

— Je vais enregistrer mon numéro, comme ça tu pourras m'écrire ou m'appeler si ça ne va pas.

— Et puis quoi? Tu vas laisser tes hommes en plan pour voler à mon secours, raille t elle.

— Oui, je réponds simplement alors qu'elle me regarde à nouveau avec sa tête de poisson rouge.

Je prends son téléphone, enregistre mon numéro et m'appelle afin que j'ai également le sien. Je le repose près de son verre, dépose un baiser sur son front et m'apprête à sortir lorsque je me rends compte de ce que je viens de faire. Je me fige devant la porte d'entrée mais n'ajoute rien et fais comme si c'était normal. Je sors sans un mot. 

Sons of HellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant