Transmigrée en Ex-épouse d'un Parvenu dans les années 90

Chapitre 86 : Marchandise (3)

Vraiment ? Des vêtements pour écoliers? Comme quoi, dans ce milieu, tout le monde est un ennemi potentiel. Les étudiants d'aujourd'hui ne sont plus ceux d'il y a 20 ou 30 ans. S'ils avaient 1 ou 2 dollars en poche à dépenser, ce serait déjà un miracle. Inutile de dire qu'ils ne pourraient jamais se permettre de faire du shopping sur la Route Ouest de Nan.

Shu Yan se souvint alors de l'ancienne patronne. Son commerce se concentrait principalement sur les vêtements pour les quadragénaires et quinquagénaires. Avait-elle écouté les mêmes conseils ? C'est fou. Après tout, ce n'est qu'un petit commerce, pas une bataille pour le pouvoir dans un harem impérial.

"Eh ben, elle n'a jamais voulu partager ce genre d'infos avec nous, tu sais. Mais, on pense avant tout à tes intérêts. Ta boutique a déjà changé de mains plusieurs fois, et les affaires n'ont jamais vraiment décollé.  C'est pour ça que je te suggère de faire quelque chose d'unique. Sinon, ça risque d'être compliqué de tenir sur la Route Ouest de Nan.", dit Le en gloussant.

Oh vraiment ? La dernière propriétaire vendait des vêtements pour seniors au milieu d'une rue dominée par des boutiques pour femmes. C'était plutôt original, non ? Et pourtant, elle a fini par faire faillite. Shu Yan grimaça intérieurement, toujours peu convaincue.

Shu Yan qui n'avait jamais mis les pieds dans un marché de gros, se contentait d'apporter du liquide. Elle remarqua que les trois autres femmes portaient de grands sacs en cuir, sans connaître leurs contenus. Peu importe, elle n'allait certainement pas leur demander et de toute façon, elles n'auraient sans doute pas répondu.

Ils arrivèrent au marché de gros vers une heure du matin et s'assirent sur les marches devant la porte d'entrée. Peu à peu, des gens venus de toutes directions commencèrent à affluer. Shu Yan, prétextant un besoin pressant, s'éclipsa vers un coin discret, à l'abri des regards de Le et des autres, afin de mener son enquête en toute discrétion.

Quiconque ne venant pas de la même région n'était pas un concurrent direct. Shu Yan chercha spécifiquement une femme plus âgée et trouva une dame originaire de la province de Wen, à plusieurs centaines de kilomètres de Nan. En apprenant que Shu Yan tenait sa boutique à Nan, la femme devint tout de suite plus chaleureuse. Ayant ouvert son propre magasin trois ou quatre ans plus tôt, elle faisait partie des pionniers qui s'étaient lancés dans l'entrepreneuriat. Elle avait la trentaine et un fils de dix ans.

"Grande sœur, tu as commencé il y a 3-4 ans ? C'est vraiment admirable, quel courage !" complimenta Shu Yan, s'adressant à la femme avec respect et familiarité.

"Ce n'était pas vraiment du courage, je n'avais pas le choix. J'ai été femme au foyer toute ma vie, jusqu'à ce que le père de mon fils commence à me tromper." La femme, visiblement en manque de conversation, se montra très bavarde avec Shu Yan.

"À ce moment-là, je voulais vraiment en finir, mais j'avais mon fils à élever. Je me suis dit : si je n'ai même pas peur de mourir, pourquoi aurais-je peur de me lancer dans le commerce ? D'une manière ou d'une autre, je devais trouver un moyen de subvenir aux besoins de mon fils. »

Shu Yan ressentit immédiatement un lien avec elle. "Je comprends parfaitement. Les hommes sont tous pareils. Le père de mes deux enfants a fait la même chose. Dès qu'il a commencé à gagner de l'argent, il a pris la grosse tête. Il s'est trouvé une jeune diplômée et a commencé à mépriser sa femme, celle qui lui avait donné deux enfants et s'était occupée de la maison pendant tout ce temps. Il a exigé le divorce."

"Tu as vécu la même chose ? Tu as fini par divorcer ? " En apprenant que Shu Yan avait traversé la même épreuve, la femme se sentit soudainement plus proche d'elle.

"Oui." Shu Yan esquissa un sourire amer. "Il a tout fait pour obtenir ce divorce, juste pour pouvoir épouser cette femme. Si je ne divorçais pas, je craignais pour ma vie. Il valait mieux que je m'occupe de mes enfants seule."