Chapitre huit

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   Un hurlement de douleur me réveille en sursaut. Je me dépêche de sortir du lit et d'enfiler mes chaussons avant d'entrouvrir la porte. Ce que je vois me glace le sang.

  Mon père est assis dans un fauteuil, le regard vide perdu au loin. Ma mère quant à elle, est en face de lui, son corps ne bouge pas d'un millimètre. Je ne comprends pas ce qu'il se passe.

   Je pousse un peu plus la porte, le grincement qu'elle provoque fait réagir ma mère. Elle a l'air terrifiée.

- Tu ne dors pas ? me demande-t-elle calmement.

  Je fais non de la tête, elle finit par disparaître de mon champ de vision et retourner dans sa chambre.

- J'ai besoin de dormir, je crois.

   Ma mère se déplace comme un cadavre jusqu'à la salle puis claque la porte, me faisant sursauter. Un gémissement me fait tourner la tête vers mon père, je manque de vomir mon dîner sur ses chaussures.

   Tony est installé confortablement dans son fauteuil favoris si on oubliait le large couteau planté au milieu de son ventre. Une marre de sang vient s'écouler sur son pantalon neuf, il était si heureux d'avoir pu se l'acheter hier.

- Athéna, dit-il plus fort pour que je fixe mon attention sur son visage.

   Sa peau est pale, ses yeux sont vitreux et ses paupières se ferment presque. Comprenant la situation, je lui attrape la main et le maintiens éveillé comme je peux.

- Tu ne dois pas t'endormir papa, dis-je d'une voix calme.

   J'attrape le téléphone et compose le numéro des pompiers que je connais par cœur. Je leur explique tous les détails en omettant que ma mère est responsable puis pose l'écran sur la table basse. Les pompiers m'ont demandé de ne pas raccrocher mais j'ai besoin de mes deux mains pour le garder en vie.

- Je suis...désolé... Nana, dit-il faiblement.

- Tu n'es pas responsable papa. Pourquoi a-t-elle fait ça cette fois-ci ?

   Mon ton est trop calme pour la situation, mais j'ai appris à être plus efficace quand mon père est dans un état de faiblesse. Je ne l'ai jamais vu pleurer lorsque ma mère le frappait ou l'humiliait, il ne voyait que moi, il faisait tout pour m'éviter de voir ça mais un jour, j'ai dû prendre soin de lui pour qu'il survive. Cependant, ses dernières attaques sont de plus en plus violentes alors qu'elle sait qu'elle risque gros si un jour on découvre que papa est battu psychologiquement et physiquement.

- J'ai acheté quelque chose pour toi, mais pas pour elle.

  J'appuie un peu trop fort sur la plaie, il grimace et je m'excuse.

- Tu n'aurais pas dû te mettre en danger papa, je suis grande tu sais.

  Avec ses maigres forces, il caresse ma joue avec sa main. Je la serre de toutes mes forces.

- Attends... de voir ce que c'est.

  Il fouille dans sa poche avec difficulté mais arrive à récupérer quelque chose. Cette scène est surréaliste, mon père me parle comme si de rien était alors que je tente de le maintenir en vie car ma folle de mère l'a une nouvelle fois blessé.

- Tu as eu quinze ans aujourd'hui, je voulais marquer le coup.

   Une quinte de toux le secoue un peu mais il tient bon, pour moi.

FireflyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant