Chapitre seize

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Je ne suis restée que cinq jours de plus à l'hôpital. Mes seuls entraînements pour réhabituer mon bras à bouger étaient de taper sur le clavier de mon ordinateur pour envoyer des mails et gérer mon travail à distance. Mes parents souhaitaient prendre leurs distances de Stark Industries pour une retraite bien méritée mais mon accident a chamboulé leur plan, Tony s'est tenu à cœur joie de m'aider dans la paperasse.

Alors que Natasha me ramène chez moi, je ne redoute qu'une seule chose : parler sur ce qu'il m'est arrivé aux médias pour apaiser le stress de ma communauté. Je suis obligée de les rassurer, de leur faire croire que je vais mieux alors que ce n'est pas le cas.

Selon les médecins, je suis guérie à cent pour cent, mon épaule ne me fait plus mal et je peux décider de devenir gymnaste à tout moment. Le côté psychologique quant à lui, laisse à désirer. Je fais régulièrement des cauchemars où je retrace la scène parfaitement, le seul changement est les corps de ma famille à mes pieds, baignant dans une marre de sang. Et c'est moi qui tiens l'arme.

Quand la voiture s'arrête, je sors de l'habitacle par mécanisme, je me sentirais en sécurité une fois la porte verrouillée derrière moi. Je balance mes baskets dans l'entrée puis cours me jeter dans le canapé. J'attrape un oreiller et hurle à plein poumons contre le tissu épais. J'extériorise enfin cette captivité dans cet hôpital trop blanc et qui sentait fort les produits chimiques.

- L'interview est programmée pour dans trois heures. Ton attaché de presse m'a indiqué ce que tu devais éviter de dire. Le but est de les rassurer, pas de dire la vérité, me lance Natasha qui pianote sur son téléphone.

- Pourquoi t'es encore là déjà ?

Dans le contrat rédigé par ma mère, Natasha était seulement liée à cette affaire et devait arrêter de me suivre mais contre toute attente la voici en train de me donner un verre d'eau pour que je m'hydrate bien.

- Grace Quill ne sera pas ton seul démon Athéna, c'est le début de ta célébrité.

Je replonge dans le coussin et hurle à m'en décrocher la voix.

- Ça fait du bien ?

Je lance un regard torve à la rousse.

- Pas autant que d'être dans un coma, je réplique avec hargne.

Elle n'a pas le temps de répondre que je disparais à l'étage. Je mets l'écriteau « ne pas déranger » puis attends patiemment les maquilleurs assise sur mon lit.

Du coin de l'œil, j'aperçois ma longue robe verte que je portais le soir du drame. Aucune trace de sang n'est visible, la femme de ménage a des doigts de fée. Je touche le tissu du bout des ongles, les larmes me montent aux yeux.

J'ai bossé comme une demeurée pendant deux ans pour me prouver à moi et à tout le monde que je pouvais y arriver, que je n'étais pas la potiche blonde de mon père. Je prenais ma tâche très au sérieux, j'allais révolutionner le monde de l'automobile. Mon seul mot d'ordre : l'inclusivité.

Toute la société se démène corps et âme pour proposer une soirée digne de l'annonce que j'ai à proposer mais cela ne suffit pas. J'ai oublié un détail qui ne devait pas me sortir de la tête : j'étais en danger et mon égoïsme a mis tout le monde en alerte. Je remercie tous les jours le ciel d'avoir pu protéger les personnes dans cette salle. Il y avait des familles, des enfants, des femmes enceintes. Je les ai tous mis en danger de mort et jamais je ne pourrais me pardonner.

Trois coups derrière la porte m'indiquent qu'il est temps de me préparer. J'opte pour une tenue sombre, je n'ai pas la tête à mettre de la couleur. Je ne mets que du mascara et laisse mes boucles naturelles lécher mes épaules.

FireflyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant