Chapitre quinze

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    Une personne toque à la porte. Je ne prends pas la peine de parler, sachant très bien qui est derrière.

- Tu es prête chérie ? me lance mon père à l'embrasure de la porte.

   Je le fixe à travers le miroir, les larmes aux yeux. Il referme derrière lui et me tend ses bras.

- Je ne voulais pas que cela se passe ainsi, je murmure contre son torse.

- Elle est enfin en paix ma puce.

   Quand je me suis réveillée ce matin, j'ai réalisé pour la première fois que ma mère n'était plus là. Je ne me réveillerais plus jamais en pleine nuit en entendant des hurlements, je ne verrais plus mon père se faire rabaisser ou violenter, je ne subirais plus les moqueries de ma propre mère sur les habits sales qu'elle ne lave jamais. Elle est en paix et moi aussi.

   Le seul regret que j'ai est qu'elle est partie précipitamment et dans la douleur. Une partie de moi se réjouit qu'elle ait souffert mais d'un autre côté, son état mental la torturait déjà assez. Je ne sais pas quelle attitude adopter devant les gens présents pour sa mise à terre. Je me contente donc de remercier d'un petit sourire les visages inconnus et d'aider mon père à surmonter tout ça.

- Pourquoi ma valise est dans la chambre ? demande mon père de l'autre côté du mur.

   L'enterrement n'a pas duré longtemps, je n'avais pas de discours et mon père non plus. Nous avons regagné la maison main dans la main, sans aucune larme. Un poids était parti et je comptais bien en profiter pour foutre le camp de cette maudite maison en ruine.

- Je t'emmène à New York. Il est hors de question que je reste une minute de plus ici. Je commence mes études dans trois jours, une bourse me permet d'être logée gratuitement. Il y a assez de place pour nous deux.

   Les yeux de mon père s'écarquillent puis il se mord la lèvre inférieure. Je fronce les sourcils, surprise par son immobilité.

- Papa, qu'est-ce que tu fais ?

- Ma puce, j'irais tout seul.

   Je manque de chuter sur ma valise. Je ne comprends pas ce qu'il me dit.

- Tu vas rejoindre ta mère Athéna.

  Il fixe un point sur moi, je baisse mon regard sur mon épaule et remarque que ma chemise noire est poisseuse. Je reconnaîtrais l'odeur du sang entre mille. Une vive douleur me fait tomber à terre. Des bruits de pas me donnent la force de relever la tête, ce que je vois me pétrifie contre le carrelage glacé.

- Bonne nuit ma luciole, murmure Lizzie avec un doux sourire.

- Non !

   Ma voix se brise sous l'intensité de mon hurlement. Faites que ce soit un cauchemar. Je ferme les yeux, mes globes oculaires menacent d'exploser. Tout mais pas ça.

   Soudain, je rouvre les yeux et respire profondément. Aucun signe de mes parents, je ne vois qu'un plafond immaculé et sens une douce odeur de propre. Je comprends que je suis à l'hôpital.

- Mademoiselle Stark ! Enfin réveillée, lance une infirmière en entrant dans ma chambre.

   Du coin de l'œil je m'aperçois qu'elle pianote rapidement sur un écran puis m'enlève le masque sur le nez. Je n'ose plus bouger, par peur d'avoir mal.

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