Chapitre treize

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J'ouvre un œil quand je sens quelque chose me chatouiller la joue. Des cheveux roux me parviennent devant mon champs de vision, je me fige dans le lit.

Natasha est dos à moi, elle respire fort, signe qu'elle est encore endormie. Elle a dû enlever son t-shirt dans la nuit à cause de la chaleur du printemps. Mon regard parcourt sa peau nue puis s'attarde sur son tatouage de luciole. Je ne devrais pas mais mon cœur se réchauffe à l'idée qu'elle m'est gravée dans sa peau. L'autre pouffe n'a pas eu cet honneur.

Je trace les contours de l'insecte avec mon index. Sa peau est douce et frissonne sous mon doigts. Elle reste dos à moi mais je sens qu'elle est réveillée.

- Tu as fait le tatouage avant ou après avoir couché avec cette femme ?

Mon ton se veut amère. Je l'entends souffler, son corps ne bouge toujours pas. Je continue d'admirer son tatouage, les détails sont discrets mais magnifiques.

- Je ne t'ai jamais trahie. C'était une collègue.

Je me mets à rire jaune.

- T'es aussi pitoyable qu'un homme.

- Elle a débarqué dans l'appartement, cherchant à avoir le rapport que j'ai fait pour ma mission. Elle s'est montrée insistante, je l'ai remise à sa place mais quand elle a entendu la porte s'ouvrir, elle n'a pas hésité une seule seconde.

Je garde le silence, surprise par cet aveux. Dit-elle la vérité ou veut-elle simplement se faire pardonner à tout prix ? Je ne tomberais pas dans le panneau une seconde fois.

- Nick l'a renvoyée. Elle n'avait pas à se comporter comme ça, ce n'était pas la première fois en plus. Tu étais présente au mauvais endroit, au mauvais moment.

Nous restons dans le silence une bonne minute. Je réfléchis si intensément qu'elle doit entendre la voix dans ma tête qui me hurle de chercher la vérité par moi-même.

- Tu ne me l'as pas dit à l'époque, je lui reproche.

- Tu as bloqué mon numéro et demandé un garde du corps de m'éloigner de toi. J'ai compris que je ne pourrais jamais te dire les choses en face, encore faut-il que tu me croies.

Je me pince les lèvres, prise d'une vague de culpabilité. J'ai fui la scène et me suis volatilisée. Je ne supportais pas l'idée de voir Natasha tous les jours, je me suis concentrée sur mon travail tout en ignorant la rousse. J'ai fini par oublier son existence. Cela m'a pris deux ans. Aujourd'hui je me suis glissée dans son lit par peur de refaire des cauchemars. Je dois avoir un grain.

- Elle s'appelle Sharon Carter, dit-elle avant de quitter le lit.

Je souris, elle savait que je voudrais faire mes propres investigations. Je la remercie en silence de ne pas me torturer l'esprit plus longtemps.

- Bien dormi ? me demande-t-elle en agrafant son soutien-gorge.

Je ne perds pas une minute du spectacle et me mords la lèvre. Quand elle tourne sa tête vers moi, je fixe le plafond, les joues rouges.

- Ça peut aller.

J'ai encore assez de dignité pour ne pas lui dire que c'était la meilleure nuit que j'ai passé depuis quatre ans. Elle rit.

- Qu'as-tu prévu aujourd'hui ?

- Je dois recevoir des graphistes de Ferrari pour une prochaine collaboration. Je finalise aussi les derniers détails de ma collection Family. Dans deux jours je la fais découvrir au monde entier.

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