Chapitre vingt six

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   Ce matin, je suis restée de longues minutes à fixer la chambre vide de Natasha. J'ai passé la moitié de ma nuit à pleurer en m'insultant d'avoir commis la plus grosse connerie de ma vie puis je me suis rappelée que je n'étais pas le seul problème dans cette histoire et qu'elle ne méritait pas mes larmes.

   J'ai englouti un petit déjeuner et enfilé une tenue prête à subir les pires châtiments d'une vie. Je m'occupe de restaurer Stark Industries.

   J'ai appelé tous les meilleurs architectes et les meilleurs constructeurs dans le bâtiment pour faire de ce tas de ruines, une nouvelle tour flamboyante. À l'image de la famille Stark mais aussi de tous nos combats.

- Cette bombe aurait pu blesser beaucoup de monde, je suis désolé mais l'Etat ne souhaite pas reconstruire Stark Industries alors que le suspect est toujours en liberté, me lance un homme habillé d'un costard cravate impeccable.

   Je tombe des nues. Je suis arrivée sur le chantier avec qu'une seule idée en tête : montrer que cette attaque ne nous a pas détruit, que nous allons toujours aider les gens. Je souhaitais construire un nouvel abris, pas dire adieu aux dernières pierres de l'immeuble.

- Vous vous rendez compte que je vais devoir licencier des centaines de salariés ? Des personnes qui ont une famille, des enfants à nourrir ou même des animaux ! Certains doivent même payer de leur poche des soins médicaux car ils ont inhalés trop de poussière.

- Je suis sincèrement désolé mademoiselle, je vais devoir vous demander de quitter les lieux, une équipe arrivera demain matin pour nettoyer la zone.

   Je continue d'observer cet homme qui a brisé tous mes rêves, regagner sa voiture de luxe, une voiture Stark ! Quelle ironie du sort.

   Mon esprit ne réfléchit plus mais mon corps se met en mouvement : je commence par empiler les petites pierres avec celles de leur taille.

   Personne ne souhaite m'aider ? Alors soit, mais je refuse d'abandonner des années de souffrance de mon père à cause d'un homme superficiel et d'un gouvernement rempli de cons.

   Ces pierres sont empreintes de sueur et de sang, d'un combat de toute une vie, celui d'un père qui ne souhaitait qu'une seule chose : donner à sa fille le meilleur avenir possible.

   Pendant une heure, je retrousse mes manches et continue de déblayer la zone. Le chantier est énorme, je n'y arriverais jamais seule, j'ai besoin de rester auprès de mon héritage.

- Madame Stark ? appelle une voix d'enfant.

   Je me retourne, surprise qu'on m'ait vue à travers toute cette poussière. J'essuie mon front dégoulinant de sueur pour m'approcher du petit garçon, je reconnais ensuite le jeune Atlas, en pleine santé.

- Atlas ? dis-je, surprise. Tu ne devrais pas être là, c'est dangereux.

- Alors pourquoi vous êtes là ?

   Je m'affale sur une tour de parpaings, le cœur lourd.

- Mon père s'est démené pour me donner cette vie, alors je préserve la sienne.

- Laissez nous préserver la vôtre, ajoute une femme.

   La mère d'Atlas arrive derrière son fils, puis les graphistes et les ingénieurs de Ferrari se joignent à eux. S'ensuit un ballet merveilleux de nombreuses personnes, certains salariés sont venus m'aider, je suis même surprise de retrouver Sinclair ! Non pas le fils, mais le père qui s'approche de moi.

- Pour m'excuser du comportement de mon fils, dit-il en me couvant d'un regard tendre.

   Il me tend une feuille que je lis attentivement. Plus mes yeux survolent le papier, plus les larmes menacent de couler.

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