Chapitre 7

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Diamond

Je me réveille lentement, le poids d'un épais sommeil s'atténuant à mesure que la réalité s'impose à moi. Les murs délabrés et la lumière grise filtrant à travers des fenêtres sales me plongent dans une étrange ambiance de désolation. Où suis-je ? Je me redresse précipitamment, le cœur battant à tout rompre.

Mes yeux parcourent la pièce, cherchant désespérément une issue. Deux portes. Des voix s'élèvent derrière l'une d'entre elles. Je me lève d'un bond, mais en ouvrant la seconde porte, je réalise que ma nuisette rouge est tout ce que j'ai sur moi.

Peu importe.
J'essaie de fuir, de me glisser hors de cette prison. Je ne sais pas où je suis. Je suis entourée de bâtiments vétustes et de rues étroites, un labyrinthe de pauvreté bien loin de ma vie luxueuse. Je suis loin de tout ce que j'ai toujours connu.

J'entends une porte s'ouvrir dans mon dos.

— Fais chier, elle a foutu le camp, crie l'un de mes ravisseurs.
Je tente de courir, mes pieds nus sur le sol froid. Les gens me dévisagent comme une bête de foire.

Mais je sens leur présence me rattraper aisément. De toute façon, je ne saurai pas où aller. Alors je fais le pari le plus fou : Ils ne me feront pas de mal ! ils ne le peuvent pas. Je m'immobilise au beau milieu de la rue. Ce qui les surprend, ils s'approchent doucement à pas de loup, méfiant. Ils m'ont forcément enlevée pour une demande de rançon. Cela sera bientôt fini, c'est évident. Il n'y a pas plus riche que ma famille. Mais s'ils veulent toucher le pactole, ils devront me rendre entière à mes parents.

Où avec un doigt en moins ? Cette pensée me fait frémir et je préfère rapidement l'obscurcir. Je me retourne, faisant face à mes agresseurs. Deux hommes. À première vue, ils ont l'air tout autant perdu que moi. Je peux sentir de là leur inexpérience, ils en sont à leur premier coup. Et je sens qu'ils vont très vite regretter d'avoir visé aussi haut pour une première fois.
Ils s'avancent pour enfin se retrouver à ma hauteur, et mon sang ne fait qu'un tour. Lui !

— Toi ! La rage m'envahit.

Je ne vois plus que lui. Il est foutu.

Ce massacreur de robe de luxe ne pouvait, évidement, qu'être un fou psychopathe ! Il lorgne sur ma nuisette rouge, ses yeux s'arrêtant sur le triangle de la marque entre mes seins. Je tire dessus pour cacher un minimum mes cuisses, alors que je m'approche pour lui en foutre une.

— Évidemment, le diable s'habille en Prada, dit-il, son ton sarcastique. Sans beaucoup d'effort, il attrape ma main levée qui aurait dû, dans mes plus beaux rêves, arriver dans sa gueule de beau gosse.

— Je te demande pardon ?, répliquai-je, offusquée, tentant de me dégager de son emprise.

— Rien rien, murmure-t-il sans détourner les yeux.

— On se calme ! intervient le second en nous séparant. Lui, c'est Mike Whiskey, en me montrant le grand brun, et moi, je suis Papa Mike...

Un rire s'échappe de ma gorge. Je ne peux détourner les yeux du fameux Whiskey, il serait idiot de quitter des yeux une bête imprévisible.

— C'est quoi ces noms de codes à coucher dehors ? Me moquais-je, oubliant la position dans laquelle je me trouve. Celle de victime.

Nous retournons à l'intérieur, et je me retrouve assise sur un canapé inconfortable, essayant de comprendre comment tout cela a pu arriver.

— Alors, c'est ça ta grande cachette ? Une ruine qui sent la rouille et le désespoir ? Dis-je, fixant ses iris verts serpent, sans jamais cligner des yeux, je ne perdrais pas à ce jeu.

Love DystopieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant