Chapitre 9

20 9 10
                                    

Diamond

Je suis réveillée en sursaut par la lumière crue du soleil qui envahit la chambre. Whiskey vient d'ouvrir les rideaux avec un bruit sec. Je tire sur ma nuisette qui s'est relevée dans mon sommeil agité.

— Espèce de...

— Allez, debout, dit-il d'un ton ferme. Il est temps de descendre.

Je grogne en me redressant, me frottant les yeux. Ce lit n'a rien de comparable avec mon propre lit, mais il est mieux que rien. Je m'étire avant de me lever et de descendre dans la cuisine.

À la table, mes kidnappeurs sont déjà attablés, déjeunant en silence. Whiskey lève les yeux en me voyant entrer. Je tire sur ma nuisette mal à l'aise.

— Assieds-toi. On a du travail ce matin, dit-il, me désignant une chaise vide.

Je m'assois sans un mot, essayant de paraitre sûr de moi. Un petit déjeuner frugal est devant moi, loin des festins auxquels je suis habituée. Je prends une bouchée de céréales dans le bol qu'il m'a servi, sans appétit.

— On doit faire la photo avec le journal, annonce l'un d'entre eux.

Je hoche la tête, avalant difficilement.

— Je dois avoir l'air au plus mal sur la photo pour que mon père se dépêche de coopérer, dis-je.

Whiskey lève un sourcil, mais ne commente pas. Il se contente de me tendre le journal du jour. Je passe les mains dans mes cheveux, je n'ai pas besoin d'en faire plus, ils sont déjà dans un état lamentable. J'adopte une moue de désespoir, essayant de paraître aussi misérable que possible. Après quelques clichés pris avec son Polaroid, je le vois les examiner sérieusement. J'en prends une au vol.

— Parfait, dis-je dans un faux sourire. Avec ça, mon père devrait me sortir de cet endroit immonde au plus vite. Dépêchez-vous d'envoyer votre fichue lettre.

Il continue d'examiner la photo.

— Tu es la pire des arnaques, lâche-t-il soudain, je peux presque sentir la déception dans son souffle.

— La reine des menteuses, ajoute son complice, éclatant de rire. Comment tu peux avoir l'air si désemparée sur cette photo, alors que tu te tiens là à nous donner des ordres quant à la manœuvre à suivre pour ce kidnapping.

— Vous qui aimez les films, vous devriez apprécier de vous trouver en compagnie d'une véritable actrice.

— Les véritables acteurs sont plus authentiques que toi.

— Aïe ! Je fais mine d'être blessée par le commentaire de ce dernier, me touchant la poitrine comme si ses mots avaient atteint mon cœur de pierre telle une balle. Mais il n'en est rien, nous savons très bien que rien ne peut ébranler mon cœur. Je retrouve rapidement la face avec le sourire.

Ils devraient me remercier. Bientôt, ils seront riches grâce à moi. Whiskey me dévisage sans cesse, curieux ou dégouté de ma personne. Je tire sur ma nuisette me sentant nu sous ses regards jetés. Il le remarque.

— Tu peux prendre des vêtements à moi dans la penderie si tu le souhaites, je pense qu'un de mes tee-shirts pourrait aisément te faire une robe. Dit-il en détourant le regard.

— Impossible.

— Pourquoi ? Parce que ce n'est pas Prada ?

— Je ne mettrai pas un de tes tee-shirts, c'est tout.

— Elle a raison, c'est trop intime, lâche son complice.

Je ne vois pas bien en quoi c'est intime, mais non, je ne porterai pas son tee-shirt.

Love DystopieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant