Chapitre 3

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Diamond

Il y a des jours où je me demande si tout cela en vaut vraiment la peine. Une après-midi d'été à Monaco, assise dans une Mercedes SLS AMG flambant neuve, en compagnie de mon fiancé. Quelle ironie que de se sentir si insupportablement... MOROSE. Mais c'est une couleur qui me va merveilleusement bien au teint.

Je porte avec élégence ma robe Prada à la teinte morose. Elle est d'un rose éclatant, une couleur qui crie « Je suis riche et je peux me permettre de porter une robe qui ressemble à une feuille de papier hygénique. » Mais le véritable clou du spectacle, c'est le décolleté. Ah, ce décolleté plongeant qui menace de provoquer des évanouissements à chaque mouvements que je fais. Il insinue subtilement plus qu'il ne révèle, un chef-d'œuvre prêt à briser les cœurs de ceux qui pourraient encore aimer. Heureusement pour nous, le sérum nous protège.

Pourquoi Prada, me demandez-vous ? Eh bien, Prada, c'est un peu comme l'armure d'un chevalier en soie et en strass. C'est ma manière à moi de dire « Je suis mieux que vous tous » sans même ouvrir la bouche. Et puis, il y a une certaine ironie à se vêtir de Prada pour des soirées aussi ennuyeuses. C'est comme rouler en Lamborghini pour aider un copain à un déménagement. Complètement absurde et totalement excitant.

Justin, bien sûr, ne voit rien au-delà du décolleté.

Pauvre Justin.

Il est à peu près aussi subtil qu'un rhinocéros dans un magasin de porcelaine. Car si l'on ne peut tomber amoureux, en revanche, nous connaissons le plaisir de la luxure.

— Tu es bien silencieuse, Diamond, dit Justin, jetant un rapide coup d'œil dans ma direction. Dans la direction de mon décolleté, pour être plus exacte.

— Juste en train de savourer le moment, je réponds avec un sourire de façade.

Il sourit en retour, mais je peux voir qu'il n'est pas dupe. Cela ne nous empêche pas de jouer nos rôles avec une perfection presque déconcertante.

— Alors, quelles sont tes attentes pour notre vie ensemble ? demande-t-il, ses yeux bleus perçants fixés sur la route devant nous.

Je soupire intérieurement, mais à l'extérieur, je garde mon masque de sérénité.

— Eh bien, je suppose que je m'attends à une vie confortable. Nous avons tous les deux des responsabilités et des engagements. Je pense que nous devons trouver un équilibre entre nos vies professionnelles et personnelles.

— Ça tombe bien, dit-il en souriant. Parce que je voulais te parler de ça. Nous vivrons en France, près de Weis Labo, pour que je puisse m'occuper des affaires. Mais je te propose de passer le plus de temps possible à Monaco, si c'est ce que tu souhaites.

Je ne peux m'empêcher de lever un sourcil. C'est une proposition généreuse, et assez inattendue venant de lui. Soit.

— C'est une idée intéressante, dis-je prudemment. J'aime Monaco, mais je comprends aussi l'importance de Weis Labo pour toi. Trouver un compromis ne devrait pas être trop difficile.
Il hoche la tête, satisfait de ma réponse.

— Parfait. Je pourrais faire des allers-retours fréquents. Et qui sait, peut-être que tu apprendras à aimer la France autant que moi.

Je réponds par un sourire poli. Aimer la France ? Il a dit aimer. Que quelqu'un qui est totalement dénué de ce sentiment puisse utiliser ce mot si aisement prouve à quel point nous n'en n'avons jamais vraiment capturé le sens.

Nous passons devant une série de concessionnaires automobiles, et Justin ralentit, se tournant vers moi avec une lueur d'excitation dans les yeux.

— En parlant de confort, que dirais-tu de choisir une nouvelle voiture ? Quelque chose qui te plaît vraiment.

Je hausse les épaules, feignant l'enthousiasme. Une autre voiture de luxe pour ajouter à notre collection. Pourquoi pas ?

Les portes papillons de la Mercedes se soulèvent. Nous sortons de la voiture et nous dirigeons vers l'un des concessionnaires les plus exclusifs de Monaco. Les vitrines brillent sous le soleil, reflétant les formes élégantes et aérodynamiques des voitures exposées. Justin se lance dans une explication passionnée des mérites de chaque modèle, tandis que je fais semblant d'écouter.

— Celle-ci te plairait, non ? demande-t-il en désignant une Bentley continental GT d'un noir éclatant.

Je regarde la voiture, admirant sa beauté froide et impeccable.

— Oui, elle est magnifique, dis-je avec un sourire forcé. Mais ce n'est qu'une voiture. Ce qui compte vraiment, c'est ce que nous ferons ensemble. Où nous irons, comment nous vivrons.
Il acquiesce, apparemment satisfait de ma réponse. Le temps d'un instant, nous semblons authentique. Juste le temps d'un battement.

— Tu as raison. Ce qui compte, c'est nous, pas les choses matérielles.

Il y a un bref instant où je me demande s'il croit vraiment à ce qu'il dit. Mais ce moment passe rapidement. Je le vois contourner la voiture tout sourire.

— Tu montes princesse ?

Et je monte.

Nous filons à toute allure. Justin au volant de sa dernière acquisition. Le rugissement du moteur résonne dans mes oreilles, une symphonie mécanique de puissance et d'arrogance. Je tiens fermement le bord de mon siège.

— Allez, Diamond, on va s'amuser un peu, lance-t-il, les yeux pétillants de malice.

— Ah oui, accélérer comme un dératé sur des routes de campagne, c'est exactement ma définition de l'amusement, répliquai-je avec un cynisme mordant. Si tu continues, on pourrait peut-être même finir en première page des journaux : "Fiancés en Bentley trouvent une nouvelle façon d'intégrer la nature... par le pare-brise."

Il éclate de rire et appui davantage sur l'accélérateur. La voiture bondit en avant, dévorant la route comme un prédateur affamé. Chaque virage me rapproche un peu plus de l'idée de vomir sur le cuir de cette maudite voiture.

— Sérieusement, Justin, arrête ce cirque immédiatement ! m'exclamai-je, mes mains agrippant le tableau de bord. Je préfère garder ma vie intacte pour au moins un autre cocktail.

Il ralentit enfin, plus par amusement que par réelle considération pour ma sécurité, et se gare sur le bas-côté. Je sors de la voiture, furieuse, tentant de reprendre une contenance. Juste à ce moment-là, une autre voiture déboule à toute vitesse et passe si près que je finis éclaboussée de boue. Plus besoin d'aller au spa pour un masque, je l'aurais eu gratuit celui-là.

— Parfait ! criai-je, levant les bras au ciel. Juste ce qu'il me manquait pour parfaire cette journée.

Je n'ai pas eu le temps de voir qui était au volant, mais une silhouette familière me fit froncer les sourcils. Était-ce le serveur de la soirée au casino ? Celui qui avait déjà eu l'audace de ruiner une de mes robes de la plus insolente des manières ? Et de deux ! Décidément, le destin avait un étrange sens de l'humour.

Je jette un regard noir à Justin, qui observe la scène avec un sourire mi-amusé, mi-coupable.

— Si tu voulais vraiment me divertir, tu aurais pu trouver une méthode moins salissante, dis-je sèchement.

Il hausse les épaules, son sourire s'élargissant.

— Désolé, chérie. Parfois, même la perfection a ses ratés.

Je prends une grande inspiration, essayant de contenir ma colère. Si seulement il savait à quel point sa perfection m'exaspéré. Mais pour l'instant, j'ai une priorité : retrouver ma dignité quelque part sous cette couche de boue.

Love DystopieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant