Love Dystopie

Chapitre 2

Morgan

Mais quelle conne !

Évidement, j'étais à deux doigts de perdre mon sang-froid. Je sais que j'aurais dû me taire et rester discret. Rester à ma place. Mais c'est plus fort que moi. Elle était si belle dans sa robe et à la fois si froide, si laide. Un instant, je l'ai cru humaine. Il y avait cette étincelle dans ses yeux, puis surtout cette poitrine presque apparente qui aurait pu me donner envie d'expérimenter la mode de mes mains.

Je secoue la tête pour effacer cette image de mes pensées.

Je ne suis pas venu ici pour m'occuper de la fiancée Perfine, prochainement Durand. Prochainement femme de mon pire ennemi : Weis Labo.

David Weis. Un vrai con si vous voulez mon avis.

J'ai lu son journal des millions de fois, c'était un pur branleur ce David, malheuresement pour nous tous, un branleur intelligent. Aujourd'hui, son nom est toujours glorifié par les ignoriants, alors que la réalité est toute autre. Le vieux David à fini par regretter sa découverte, mais ses pairs voyant le fric qu'ils pouvaient se faire ne se sont pas fait prié et l'ont viré fissa du plan. Car sans amour, il n'y a plus de loyauté, plus d'amitié. Seul le pouvoir compte. Evidement ils se sont bien gardé de dire au petit public que le grand David Weis revenait sur sa découverte. Non, il a juste disparu lui et sa famille, un bon matin. POUF.

Enfin, peu importe.

Mon plan est simple : je dois enlever Justin Durand, soit l'un des hommes les plus important et con du monde. Cela va de pair.

Si son père ne peut ressentir aucun amour pour son fils unique, en revanche, sans héritiers pour perpétuer la gloire et la richesse du vieux Durand, celui-ci serait prêt à m'offrir ce que je désire le plus.

Un plan simple. Enfin, simple, tout est relatif.

À la table, Justin Durand semble si jeune pour être quelqu'un de si puissant. Les soirées au casino de Monaco ont une manière bien à elles de révéler le pire chez les gens les plus riches. Des conversations où l'arrogance et la cupidité se mêlent aux cartes et aux jetons, tout cela enrobé d'un glamour scintillant. J'en serre les mâchoires. Je hais ce sérum.

Justin Durand est l'incarnation même du golden boy. Avec ses cheveux blonds soigneusement coiffés, ses yeux bleus perçants et son sourire impeccable, il est à l'image de la perfection génétique et financière. Une mâchoire carrée digne d'un héros sorti tout droit de ces films à l'eau de rose, mais un cœur aussi froid qu'un glacier. Sa chevalière hors de prix brillait à son doigt comme l'étoile de la suffisance.

En face de lui, monsieur Perfine, le roi des banquiers de Monaco. Un homme qui ressemblait plus à un bulldog qu'à un banquier avec sa carrure massive, et son regard perçant. Ses cheveux grisonnants étaient parfaitement coiffés, une apparence soignée qui contrastait avec son air autoritaire et son rire tonitruant qui faisait trembler la table de jeux et tout ses jetons.

À côté de lui, madame Perfine. On pourrait presque la prendre pour une ombre tant elle parait invisible dans ce tableau de puissance et de richesse. Impeccablement habillée, elle regarde la scène avec une expression d'ennui poli, comme une reine désabusée de son propre royaume.

Mon regard passait de l'un à l'autre, notant leurs expressions, leurs gestes, leurs cartes. Perfine remporte enfin une manche, et Justin, bien que très bon joueur, montre une frustration mal dissimulée. Cette partie de poker n'est pas seulement une question d'argent, c'est une question de pouvoir, de domination. Un jeu de miroirs où chaque reflet se doit d'être impeccable.

-Toi, garçon !

C'est à moi qu'on s'adresse ? Un homme petit et nerveux transpirant l'angoisse à chaque seconde s'approche de moi, surement un supérieur.

- Va te changer, reprend-il, ton costard est plein de champagne. On dirait que tu viens de sortir d'un bain de bulles.

- Merci pour l'observation, chef.

Je n'ai vraiment pas le temps pour ça. Je ne dois pas perdre Justin des yeux.

Dans mon costard, même maintenant qu'il rivalise pour un concours de tee-shirt mouillé luxueux, je me sens comme George Clooney dans Ocean Twelve. Ça, c'est l'effet Casino de Monaco. Ou l'effet "si je me fais choper, je suis un homme mort". J'adore ce film.

- Les toilettes, c'est là-bas, et fais vite. On ne peut pas se permettre d'avoir des serveurs dégoulinants.

Qu'il essuit sa sueur avant de me traiter de dégoulinant. Je me dirige vers la pièce si gentiment désignée par mon patron. Je pousse la porte.

En entrant, je suis accueilli par un reflet féérique, une nymphe des eaux : Diamond Perfine, trempée. Immédiatement, je ressors la tête pour vérifier l'écriteau sur la porte. Putain ces sanitaires sont mixte. Ca existe encore ?

Je pourrais faire une description des toilettes car ils sont les plus beaux que je n'ai jamais vu. Mais en vérité, ce serait surtout pour ne pas regarder cette femme merveilleusement dangereuse. Alors : Il y a de grands miroirs aux bordures dorées. Les boucles miel de ses cheveux rebondissent dans son dos à chacun de ses mouvements. Non Morgan regarde les lavabos, ils sont magnifiques, en marbre, il y en à quatre. Elle se penche sur l'un d'entre eux pour mieux voir son reflet et sa robe remonte légèrement. Non, je parlais, des lavabos ! Morgan, regardes les lavabos, tu es là pour ça. Je m'avance, elle remarque ma présence.

- Eh bien, voilà notre serveur favori. Nargue-t-elle.

Je haussai les épaules, me dirigeant vers un lavabo pour tenter de nettoyer les dégâts sur mon costume.

- Hélas, il semble que je sois destiné à rester un serveur maladroit.

Elle s'approche de moi, attrapant un mouchoir en soie de son sac. Je prends le mouchoir, surpris par son geste, et commence à tamponner les tâches laissées par ce champagne assassin.

- Merci. Qui aurait cru que la reine de glace avait un côté charitable ?

Elle lève un sourcil.

- Ne te méprends pas, ce n'est qu'un geste d'intérêt personnel. Je ne peux pas supporter la vue d'un costume ruiné, même sur un serveur.

Si pour ma part, mes émotions sont en permanence en effusion, je n'ai jamais été autant curieux de connaître les limites de ce fichu sérum.

- Tu sais, je me demande parfois ce qui se cache derrière toute cette façade. Ce doit être épuisant de maintenir un masque de perfection en permanence, dis-je en la regardant droit dans les yeux.

Elle soutint mon regard, son sourire se faisant presque doux.

- Peut-être. Mais nous sommes tous des acteurs dans ce grand film de la vie, n'est-ce pas? Et chacun doit jouer son rôle.

Je souris, hochant la tête.

- Alors, continuons à jouer nos rôles, mademoiselle Perfine. Peut-être qu'un jour, nous trouverons une scène où nous pourrons être nous-mêmes.

Elle me regarde un instant, puis secoue légèrement la tête avec un sourire amusé.

- Bonne chance, monsieur le serveur. Tu en auras bien besoin.

Elle ne sait pas à quel point elle a raison.

Je la regarde s'éloigner, laissant derrière elle une traînée de parfum et de mystère. Peut-être qu'un jour, nous trouverons cette scène. En attendant, il y a des jetons à distribuer, des cartes à jouer, des personnes à observer, et un monde de richesses à faire flancher.

Je sors de ma poche un petit téléphone.

- Papa Mike, j'appelle, où en somme nous ?

Papa Mike en alphabet radio, c'est pour Prince Montaigne. Oui, c'est le nom de mon meilleur allié.

- Putain Mike Whiskey, qu'est-ce que tu fous, crie la voix de mon coéquipier de l'autre côté de la ligne. Juliet Delta n'est plus dans le viseur.

Comment ça Juliet Delta n'est plus dans le viseur ? On a perdu Justin de vu.