L'Imperium du Serpent

17

Imperius apprit rapidement que personne ne voulait de lui. Il comprit qu'il serait un habitant permanent du château de Poudlard. L'été venu, il accepta de vivre chez Mme Pomfresh, avec interdiction de posséder une baguette magique jusqu'à la prochaine rentrée.

Pendant ses années d'études, Imperius se fit discret jusqu'à sa cinquième année. Il montrait petit à petit de la courtoisie envers ses enseignants, mais évitait les autres élèves. Ceux qui tentaient de se rapprocher ou de faire preuve de gentillesse envers lui étaient systématiquement repoussés. Pour Imperius, ces gestes étaient synonymes de pitié, et il n'en voulait pas. Seul Priscilla Bones semblait être proche de lui, malgré leurs trois ans d'écart, malgré la mort de sa mère, tuée par Voldemort lui-même. Elle avait continué à lui apporter des bonbons, à discuter souvent pour deux.

Et puis, après le départ de Poudlard de Priscilla, alors qu'il entrait en cinquième année, Imperius avait commencé à s'ouvrir un peu aux autres, d'abord au sein de sa maison, Serpentard, puis avec quelques d'autres, encouragé par le professeur Slughorn, et aidé grâce à ce club, celui de Slug.

Imperius avait gardé ses habitudes prises dès sa première année : un élève sérieux et assidu. Il était de loin le meilleur de sa génération.

Alors qu'il atteignait ses dix-sept ans, il récupéra enfin sa baguette magique cet été-là. Il était libre. Une nuit, Mme Pomfresh le vit partir discrètement. Il ne rentra qu'une semaine plus tard.

— Où étais-tu ? demanda-t-elle, l'inquiétude marquant ses traits.

Imperius soupira et s'assit sur son lit.

— Je voulais... le voir, répondit-il. C'est tout. Et... j'ai rencontré mon... mon oncle. Le frère de ma mère.

— Ta mère ? bredouilla la vieille dame. Tu cherchais ta mère ? Pourquoi n'en as-tu jamais parlé ? On aurait pu t'aider.

— Hmmm... Druella Selwyn... J'ai pu récupérer une photo d'elle, dit-il en sortant une vieille photographie de sa poche.

— C'est bien. Et... qu'est-elle devenue ? demanda Mme Pomfresh, hésitante.

Imperius releva ses yeux, deux billes noires et ternes.

— Morte. Il l'a tuée, dit-il avec une douceur glaçante. Elle ne lui était plus utile. Je... je m'en rappelle... un peu. J'étais présent.

Mme Pomfresh s'assit à côté de lui, une main réconfortante posée sur son épaule.

— Je suis désolée, murmura-t-elle.

Imperius haussa un sourcil et émit un petit rire amer.

— Mon oncle a été à Azkaban, reprit-il. Les Selwyn ont tous suivi mon père.

— Oui... je sais. Mais... tu veux aller vivre chez eux ? Ça reste ta famille.

Imperius se laissa tomber en arrière dans son lit.

— Non. J'ai d'autres projets, dit-il en fixant le plafond. Mais... ils m'ont invité à passer, si je voulais et pour Yule. Je n'ai pas encore décidé si je voulais les revoir.

Il avait ses Aspics cette année. Il devait aussi convaincre Slughorn de lui laisser sa place, de le recommander auprès de McGonagall. Il ne s'inquiétait pas vraiment : ils avaient tous pitié de lui. Ils pensaient tous qu'il avait trouvé la paix dans ses études. Et pourtant, Imperius nourrissait un grand projet, un dessein caché derrière son masque d'élève modèle. Il y réfléchissait depuis l'enterrement de son père. Il avait été patient, prit ses dispositions.

Et enfin, il avait dix-sept ans. Bientôt, la première étape de son plan. Ce serait sa dernière faiblesse, la dernière fois qu'il laisserait parler ses sentiments.