𝐂𝐀𝐌𝐈𝐋𝐀 & 𝐈𝐒𝐀𝐀𝐂

15- Là où ça a commencé 5/5

La scène tourne au ralenti dans mon esprit. Je me revois, barricadant la porte avec Éric, mes mains tremblantes, le visage d'Isaac dans la pénombre. Chaque détail m'obsède : ses yeux perçants, la douleur qui l'a traversé, et ce moment où j'ai tiré, comme si le temps s'était figé pour toujours.

— Cam, ta montre. Je crois bien que quelqu'un essaye de t'appeler, dit Éric, interrompant mes pensées chaotiques.

Je relève la tête, le cœur serré, ignorant l'appel, et me tourne vers Éric, les mains toujours tremblantes.

— On s'en fout. Bordel, tu crois que c'est le moment ? dis-je, mes mots pleins de désespoir, alors que je continue de bloquer la porte.

— Je dis juste que si on veut sortir d'ici, on ferait mieux de demander de l'aide à tes parents. Tu ne crois pas qu'on soit déjà assez dans la merde ? répond-il, essayant de raisonner avec moi.

Je m'arrête, la rage et la panique bouillonnant en moi. Je me tourne brusquement vers lui, la voix haute.

— Ils vont me tuer. Mon père va me foutre une grosse raclée et m'enfermer. Ma mère... Oh, crois-moi, je ne veux pas voir ce regard de déception lorsqu'elle me dira : « Oh Camila, tu me déçois énormément ». Je préfère me prendre une raclée par mon père que ça. Alors non merci.

Éric, visiblement frustré, s'approche de moi et attrape mes mains.

— Camila, écoute-moi. Tu n'es pas seule dans cette histoire. Nous sommes dans la merde, et l'appeler peut être notre seule chance de nous en sortir.

Je me laisse tomber sur le sol, mes mains ensanglantées se posant sur mes genoux. Je ferme les yeux, essayant d'échapper à la douleur qui me ronge. La culpabilité d'avoir trahi Isaac me submerge.

— Est-ce que ce serait si grave que ça ? Tu as fait ce qui devait être fait. Isaac D'Amico a mérité que tu lui tires dessus.

— Non, il ne le méritait pas. Tout est de ma faute, murmurai-je, le visage caché entre mes mains.

Tout est de ma faute. De mes décisions, stupides et folles. Pourquoi je n'ai jamais été capable de vivre une vie normale ? Pourquoi ne puis-je pas arrêter tout ça ? C'était censé s'arrêter ici.

PRÉSENT

Je me réveille dans une chambre, la douleur pulsante à chaque mouvement. Mon corps est engourdi, et chaque geste est une lutte contre l'inconfort. En me redressant lentement, je prends conscience de la gravité de ma situation. Les événements des derniers jours défilent dans ma tête, un tourbillon de regrets et de culpabilité.

J'essaie de me lever, mais la douleur est trop intense. Je m'accroche au bord du lit, puis, soutenue par une force résignée, je marche vers la porte.

Celle-ci s'ouvre avant que je ne l'actionne. Isaac entre, l'expression dure, mais je perçois un frisson de préoccupation dans son regard.

— Qu'est-ce qui..demandai-je en reculant.

— On est rentré... Tes parents sont là Camila.

Mon rythme cardiaque augmente et je réalise que je dois rendre des comptes. Je l'observe, me demandant ce qu'il a pu dire à mes parents.

— Qu'est-ce que tu leur as dit ? Mon ton est plus accusateur que je ne le voudrais.

Il me regarde intensément, cherchant à déceler ma fragilité.

— Je vais te donner une chance de tout me raconter, sinon c'est moi qui...

— Tu ne feras rien, dis-je durement, redressant la tête pour lui faire face.