Le jeudi matin, Drago n'était pas là. Un vide à la table des Serpentards. Un vide qui fit valser le peu de jugement encore de Harry. Ne le voyant toujours pas arriver après un très long quart d'heure, il se tenait tendu, les doigts serrés autour de sa fourchette intacte, prêt à attaquer. Ron et Hermione ne mirent pas longtemps à suivre son regard, immuable et à comprendre ce qu'il cherchait. Qui il cherchait.
Ses deux amis auraient voulu l'aider, du plus profond d'eux-mêmes. Hermione aurait voulu lui dire que tout allait bien, qu'il allait arriver. Même si elle ne comprenait pas tout, même si Ron préférait ne pas s'en mêler, Hermione lui avait dit les messages qu'elle avait lu. Elle lui avait raconté la sincérité qui semblait s'en dégager et les ... Sentiments ? Que semblaient partager les deux ennemis de toujours de Poudlard. Mais ils n'osèrent rien dire devant les autres. C'aurait été de toute façon inutile. Harry ne les aurait pas entendus. Il ne voyait ni n'entendait rien d'autre que le battement sourd de son cœur qui menaçait de s'arrêter à chaque seconde. Les minutes passaient, les élèves commençaient à se lever pour rejoindre leur cours. Il s'y refusait. Il l'attendrait. « Harry ... murmura Hermione qui regardait la Grande Salle se vider petit à petit. »
Mais alors, le parchemin qu'Harry n'avait pas récupéré depuis la veille apparut contre son verre de jus de citrouille auquel il n'avait pas touché. Il s'en saisit si vivement qu'il manqua de le déchirer. « Tu ne peux plus rien pour moi Harry. Il est trop tard. Tâche de te sauver et de sauver le monde petit con. Je t'aimais. A : Saint putain de Potter, là où mon cœur saura le trouver. »
Les mains tremblantes, Harry lut, et relut encore. Deux, trois fois. Peut-être dix. Ron, assis tout à sa gauche, se pencha pour en faire de même. Hermione les pressa de leur dire ce qu'il se passait. Mais Ron secoua la tête, et alors qu'Harry relevait la sienne, Hermione ne put que voir les larmes qui dévalaient son visage dévasté.
« Harry ? ...
_ Une plume.
_ Que ... Quoi ?
_ Une plume par Merlin ! Une putain de plume ! »
La jeune fille se hâta de vider le contenu de son sac sur la table pour trouver enfin l'objet réquisitionné et de l'encre. Mais à peine Harry toucha le papier, que celui-ci s'embrasa et disparut en un petit de tas de cendres.
« Que... Que s'est-il passé ? murmura Hermione alarmée.
_ Ils n'envoient qu'une vingtaine de messages, expliqua Ron qui avait reconnu la marchandise de ses frères. Après, ils disparaissent. »Comment pouvaient-ils parler ? Discuter ? Comment le monde pouvait-il tourner ?
Maladroit, Harry se leva, non sans faire râcler le banc au sol, percuter la table et renverser son gobelet au sol. Plusieurs têtes encore présentes se tournèrent vers lui, intriguées. Puis les murmures commencèrent.
Potter pleurait. Pleurait vraiment, de larmes lourdes qui tombaient sur sa cape mal fermée. Il avait l'impression d'être sur un navire en train de chavirer. Un navire qui prenait l'eau trop vite pour tenter de sauver quelqu'un. Il pouvait presque sentir l'eau glacée lui enliser les chevilles, geler son cœur, engourdir son cerveau.
« Harry, tu ne peux rien ... Commença Ron. »
Mais devant le regard qu'Harry lui lança, il ne finit pas.
« Rien faire ?! Rien dire ?! hurla Harry, réellement fou d'une rage qui lui rendait la vue floue. Mais je vous emmerde tous, Ron ! S'il y a une personne que je dois sauver, ce sera celle que j'aime ! »
Les murmures s'étaient tus. Le silence était assourdissant. La quelque dizaine d'élèves présents le fixaient, muets. Les rumeurs iraient vite.Harry s'enfuit en courant de la Grande Salle. Il devait retourner à son dortoir pour savoir où était Malefoy. Il perdait de trop précieuses minutes si Malefoy était en danger. Mais la carte du Maraudeur lui offrit une réponse rapide, Drago était dans son propre dortoir. Se recouvrant de sa cape d'invisibilité, il repartit tout aussi vite en sens inverse. Les cours avaient commencés, les couloirs étaient déserts, et s'il croisait Rusard ou Peeves, il serait facile de ne pas être vu. Enfin, il atteint les cachots, hors d'haleine. Le mur de pierre qui dissimulait l'entrée de la Salle de Serpentards était là. Mais évidemment, rien ne se passa quand Harry se planta devant, ne faisant apparaître que sa tête.
« Alohomora ! »
Rien.
« Alohomora ! Alohomora ! Bombarda ! »
Le sort ricocha et manqua de peu l'un des tableaux accrochés dans son dos. Le personnage peint, un vieux barbu aux vêtement austères, l'invectiva.
« Non mais ce ne sont pas des manières ! Cessez tout de suite voulez-vous, vous allez mettre le feu au château ! »
Harry se retourna vivement, au comble de la rage. Il pointa sa baguette, touchant presque la toile.
« Alors dites-moi comment entrer ! Sinon, c'est vous que je brûle !
_ Certainement pas ! »
Un rire mauvais échappa à Harry. Il se sentait perdre le contrôle. Il aurait été capable de brûler le château, Pré-au-Lard, l'Ecosse et tout le Royaume-Uni s'il le fallait pour retrouver Malefoy.
« Incen ..."Des étincelles commencèrent à jaillir au bout de la baguette, léchant le vernis écaillé de la toile.
" Stop ! Stop, pauvre fou ! Entrez donc où bon vous chante ! Le mot de passe est Amortentia. »
L'entendant, le mur s'ouvrit, dégageant le passage. Se retournant, Harry riait toujours, du même rire fou, à peine humain. Amortentia. La vie avait un putain de sens de l'humour.
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Adava Amortentia
FanfictionDevenu obsessionnellement intéressé par Drago Malefoy durant sa sixième année, Harry finit par lui jeter le sort de Sectum Sempra. Rendu fou de remords, Harry tente de réparer son erreur mais aussi toutes celles passées. Il ne s'attend pas à découv...