Chamyvière

Chapitre 19 - Chanaé

Je regardai mon bras, inquiète. Tout n'avait pas cicatrisé, mais le fait que je mette encore des bandages aurait été louche... Je ne pouvais pas annuler pour quelques cicatrices. Annuler une sortie avec Plumy le jour de mon anniversaire serait la pire des choses que j'aurais pu lui faire... J'étais aussi inquiète pour elle suite à sa crise d'angoisse.

Cette pensée me mit un coup de couteau dans le ventre. Comme d'habitude, je n'avais pas été assez présente. Je n'avais pas été présente pour l'aider. Comment pouvais-je l'aider ? Tout semblait si simple pour elle, mais moi...

Je ne comprenais pas comment faire pour qu'elle se sente mieux grâce à moi. La seule chose que je faisais, c'était lui dire que ça allait s'arranger et que j'étais là pour elle. J'étais tellement lamentable. Tellement inutile.

Je jetai un regard à la croûte de sang sur ma jambe. Je fermai les yeux en essayant de ne pas penser à cela, à ce sang qui a coulé et qui pourrait couler de nouveau. À mon sang.

« Réduis les tentations », « trouve quelque chose pour défouler ta rage » et le plus ridicule « parles-en ». Ils ne comprenaient donc rien ? Je ne comprenais rien non plus. Je ne comprenais pas ce que je faisais ici. Pourquoi avais-je une si grande facilité à me faire des amis si c'était pour les perdre par ma propre faute ?

- Joyeux anniversaire, Chanaé.

J'entamais ma seizième année d'angoisse et de solitude. Ce jour changerait-il ma vie ? Sûrement pas. Il allait se dérouler comme tous les autres jours, et j'allais passer ma nuit à ressasser chaque parole que j'avais prononcée, chaque geste que j'avais fait, ruminant mes erreurs et mes défauts.

J'allais finir par m'endormir, mon corps et mon cœur meurtris, puis me réveiller pour recommencer cette boucle infinie. Étouffer le sang avec un mouchoir et étouffer les larmes avec un oreiller, mes nuits consistaient en ces deux actions.

Je ne pensais pas que j'allais pouvoir trouver de quelqu'un d'aussi formidable que Plumy. Je ne pensais que quelqu'un comme moi allait pouvoir la côtoyer. Je ne me sentais pas légitime.

Dans tous les cas, j'allais tout calfeutrer, tout cacher, tout ranger au fond de mes tiroirs, et brandir mon éternel grand sourire. J'allais sortir les pansements et les tickets de cinéma, comme d'habitude.

Comme d'habitude.

Depuis ma naissance, c'était comme ça. Je me rappelle de quand j'allais chez mes amies et que je me demandais pourquoi ça n'était pas comme ça aussi, chez moi. Je les voyais rire tandis que moi, je descendais mon short au cas où quelqu'un ait l'idée d'y trouver des marques.

Quoique je fasse, ça ne pouvait pas être pire, n'est-ce pas ? Je n'avais rien à perdre, de toutes façons. C'était ma destinée, et je ne pouvais rien y faire. C'était comm...

- Oh... ça faisait longtemps. Il va me raconter quoi, cette fois-ci ?