La nuit entre le 14 et 15 juillet, j'étais sur le point d'assister au feu d'artifice de la fête nationale avec mes deux meilleures amies, Inès et Léa. Inès était à côté de moi pendant que je pianotais nerveusement sur mon portable :
-Putain mais qu'est ce qu'elle fout, ça fait plus d'un quart d'heure qu'on a plus de nouvelle.
-T'en fais pas Plumy, elle va pas tarder à donner des nouvelles t'en fais pas, elle a presque une heure de trajet à pied.
Je sentais la nervosité de mon amie et cela ne fit que renforcer la sourde angoisse qui naissait en moi:
-Je vais faire le trajet jusqu'à chez elle, autant il lui est arrivé quelque chose Je partais donc avec un mauvais pressentiment avant de me retourner et dire:
-Je te donne des nouvelles toutes les 10 minutes, si tu n'as plus de nouvelles appelle les flics.
Je marchais dans les rues désertées, toute la ville ou presque assistant au feu d'artifice sur la grande place d'où j'entendais les clameurs et les premiers feux être tirés. Je sortais mon téléphone.
0h15
Je continuais à marcher vers le chemin que Léa devait emprunter pour nous rejoindre.0h30
J'envoyais un message à Inès : RAS . Mais j'étais de plus en plus nerveuse.0h45
J'envoyais un nouveau message à Inès avant de continuer mon chemin et d'entendre un hurlement.
-Ferme ta gueule salope ! T'avais qu'à me donner ton putain de portable quand je te l'ai demandé.
Au détour d'une rue, un type lambda en train de tabasser une femme au sol. Pas n'importe quelle femme.
Léa, le visage en sang, hurlant de douleur à chaque nouveau coup de pied. Je n'étais même pas capable de réfléchir, j'aurais pu, j'aurais dû prendre mon portable et appeler la police et les secours. La seule action que je trouvais utile à faire était de foncer vers l'inconnu, qui était relativement bien musclé. Je n'avais pas la moindre chance à la bagarre alors je fis comme n'importe quel lâche, le prenant en prise d'étranglement par derrière.
L'agresseur était complètement surpris et tentait de se débattre, trop tard, j'avais déjà assuré ma prise avec mon autre bras. Je le sentais faiblir petit à petit, j'allais gag-Je n'entendis qu'un tintement métallique avant qu'une lame s'enfonce dans mon ventre. Je relâchais aussitôt le gars et tomba au sol, tenant ma plaie au niveau de la hanche gauche avec mon bras droit, mon bras gauche me permettant de ne pas m'effondrer pitoyablement tête contre sol. L'inconnu me jeta un regard dédaigneux avant d'attraper Léa par le col et de la plaquer contre le mur, son visage tuméfié et horrifié me glaça.
Je ne ressentais pas encore trop la douleur sous le coup de l'adrénaline mais je ressentais très bien l'angoisse qui me prenait à la gorge et m'empêchait de respirer. L'enfoiré saisit sa lame avant de dire:
-J'aurais bien aimé m'amuser encore un peu mais je suis légèrement pressé.
Il plaquait toujours mon amie contre le mur et resserrera la prise sur son couteau.
-Non.. murmurais-je
Il l'enfonça dans le thorax de Léa à plusieurs reprises.-NON !
Mon cri déchira la nuit et m'arracha les tripes. J'étais à deux doigts de m'effondrer sur le sol. C'est un cauchemar, c'est pas possible autrement, c'est qu'un cauchemar tu vas te réveiller me disais-je. Sauf que l'odeur du sang, le bruit sourd du corps, ou cadavre de Léa heurtant les pavés, le regard du bâtard qui se tournait vers moi, la douleur atroce qui me déchirait à chaque coup de pied qu'il m'infligeait, tout cela paraissait bien réel. Après un moment qui avait pu durer, dix minutes, trois heures ou bien une année entière, il partit. J'étais désormais couchée sur le sol, du sang coulant de ma tempe et de ma bouche, mais toujours consciente. J'étais dans un brouillard terrifiant, je me battais contre l'envie de fermer les yeux. Je finis par souffler et essayer de relever pour aller voir Léa. Me relever était un grand mot vu que je rampais sur le sol, je hurlais à chaque mouvement qui sollicitait trop ma hanche.
Je pris sa tête avec ma main gauche, pour la regarder dans les yeux. Elle ne s'accrochait pas seulement à sa conscience, elle s'accrochait à la vie. Je vis son combat, perdu d'avance, je l'avais deviné. Dans son dernier souffle elle souffla:
-Je suis... désolée
Elle se figea. J'essuyais de mon pouce une larme qui coulait sur sa joue. J'étais prise de sanglots qui me faisait souffrir. Je pensais que j'allais mourir, j'en étais sûre en fait, je regrettais seulement que le meurtrier ait emporté sa lame qui aurait pu me permettre d'éviter ma longue agonie. Je me couchais sur le sol regardant la nuit couleur encre, la mâchoire complètement crispée, hurlant silencieusement à chaque respiration. La seule chose qui restait dans ma tête était : Pourquoi continuais-je à me battre ? Pourquoi ? J'étais presque en train d'abandonner, presque en train de lâcher prise, la douleur n'existait presque plus et ma vision était devenue floue. Pourtant quelque chose attira mon attention, des flashs bleus et rouges, un son atténué de sirène, des bras qui me relevaient. Des points noirs dansaient dans mon champ de vision et je n'entendais même pas la voix de la personne qui semblait s'adresser à moi. Je sombrais alors dans l'inconscience avec une autre question.Pourquoi était-ce moi qui avais survécu ?
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Chamyvière
DragosteDes romances, il y en a beaucoup. Des polyromances, en revanche... Pourtant, ce livre raconte la romance polyamoureuse de trois humains qui n'ont presque rien en commun et qui vont finir par tomber amoureux les uns des autres. Chanaé, Plumy et Riviè...