Chamyvière

Chapitre 37

Plumy

Cela faisait maintenant un peu plus d'un mois depuis ce fameux seize mai... cela me faisait du bien de souffler un peu. Je voyais bien que tout le monde était fatigué, mais commençait à reprendre doucement ses esprits. J'avais encore du mal à réaliser, et je ne voulais pas prononcer ces mots. Elle a tenté...

Après... cela, on était tous effondrés, évidemment, mais on devait se relever. Si il y avait bien quelqu'un que j'admirais profondément, c'était Tornado. Alors que Rivière n'était plus que l'ombre de lui-même, lui était le rayon de soleil de Chanaé. Je voyais qu'elle transpirait la culpabilité auprès de moi, de Rivière et de Tornade, alors que lui était le seul arrivant à la faire sourire.
J'aurai tellement voulu faire pareil... Je n'avais encore pas été assez présente.

Tornade et Rivière n'avaient pas revu Chanaé depuis qu'on avait forcé pour aller la voir à l'hôpital. Rivière évitait tout le monde, même moi. Est-ce qu'il m'en voulait ? Il n'avait pas adressé un mot à personne à l'hôpital, même après. Tornade, lui, semblait renfermé, et esquivait les discussions sur son ancienne amie lorsque nous arrivions désespérément à lui parler.

Tornado, lui, gardait le sourire, en toutes circonstances. Il prenait des nouvelles de tout le monde, était présent tout le temps. Tandis que mes jambes flageolaient devant une stupide porte, lui arrivait à faire rire Chanaé. J'enrageais devant ma propre faiblesse. 
Et pourtant je n'arrivais à rien. Je paniquais toujours devant cette foutue porte d'hôpital, j'angoissais encore en voyant ce lit et le sang qu'on pouvait toujours apercevoir sur sa peau.

- Hey, Plumy, je vais chez Chanaé, est-ce que tu voudrais m'accompagner ?

Le sourire que j'aperçus en tournant la tête me mit un coup au cœur. C'était le même que celui qu'elle m'avait adressé quand on s'était rencontrées. Je n'avais pas réussi à la protéger, bordel ! Et lui gardait encore le sourire ! Il ne culpabilisait donc pas ? Il n'était donc pas attaché à elle ? Était-il donc réellement comme sa sœur ? Il n'était qu'un vague soutien émotionnel, mais ne s'en voulait pas ?

Tornachos

- Elle... elle m'a dit qu'elle aimerait bien te voir...

L'absence de réponse de Plumy me terrifiait. J'ajoutai donc cette phrase afin d'essayer de la convaincre. Je passais pas mal de temps avec Chanaé ces derniers temps, mais je n'avais vraiment pas envie qu'on m'accuse de monopoliser son attention... Et Plumy évitait de venir avec moi, donc elle passait considérablement moins de temps que moi dans l'immeuble devant lequel j'avais patienté tant de temps ces dernières années. 

- Elle veut me voir ?

Dans la voix de la copine de ma meilleure amie semblait percer de l'amertume, mais je ne savais pas pourquoi. Peut-être m'en voulait-elle de passer trop de temps avec Chanaé ? Celle-ci m'avait confié son envie de voir Plumy, et à présent j'étais complètement perdu. En avait-elle marre de me voir chaque jour ou presque ? Elle avait tenté de me rassurer en me disant qu'elle souhaitait simplement lui parler et que cela n'avait pas de rapport avec moi, mais après les récents évènements, je ne savais plus quoi croire... 

- Ouais... Mais du coup tu peux y aller toute seule, pas besoin que je vienne, enfin...

J'étais complètement paniqué, ne sachant quoi dire devant son visage dont les sourcils froncés transperçaient la colère... Elle était en colère contre moi ? J'essayai de sourire encore, afin de détendre l'atmosphère. Rivière n'était pas retourné en cours et Tornade nous évitait pour une raison qui nous était encore inconnue, il n'y avait donc personne pour sauver la situation. Elle avait mon âge, mais j'étais terrifié par elle, tout comme j'avais été terrifié par une fille d'un an de moins que moi pendant des années. Je ne voyais plus vraiment Brise ces derniers temps, elle ne m'adressait même plus la parole ou presque, et nos seules interactions étaient quelques insultes échangées depuis le couloir.

- J'irai seule, c'est gentil.

Elle esquissa un sourire, mais je sentais encore l'âpreté dans sa voix. Elle se détourna vers la sortie sans un mot de plus, me laissant seul devant la sortie des cours. C'était... une bonne chose, j'imagine ? Je passerai chez Chanaé demain, me dis-je, ne voulant pas la perturber alors qu'elle pourrait être en train de parler à Plumy. Alors je rentrai chez moi, rongé par l'angoisse et la culpabilité.