Chapitre 36 - Tornalcoolique

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J'entrai dans la pièce rempli d'appréhension : et si Chanaé n'allait pas s'en sortir, finalement ? Et si elle se retrouvait à jamais renfermée sur elle-même après cet acte ? Je ne voulais pas perdre ma plus proche amie, la seule qui avait toujours été là pour moi même dans les moments le plus difficiles, qui m'écoutait quand je me confiais à elle, malgré ses airs désintéressés... Riviere était lui aussi plus qu'inquiet, il n'avait presque rien dit et avait le regard lointain, et Plumy n'avait pas osé rentrer. Je commençai moi aussi à paniquer et à douter... J'hésitais à sortir lorsque Rivière me regarda enfin. Je me calmai sur le champ et l'espoir se remettait à naître, comme à chaque fois que j'étais avec lui .

Rivière...

J'ai toujours été assez timide durant mon enfance, et je n'osais pas m'imposer dans la vie de tous les jours. J'avais réussi à créer quelques amitiés, certes mais elles s'effondraient à chaque fois ... Tout effort que je faisais pour me bâtir une vie sociale et personnelle se détruisait dès qu'elle arrivait. Elle. Brise, ma sœur. Dès la naissance, celle-ci semblait être malveillante de nature. Par pur sadisme, elle détruisait les gens qui faisaient l'erreur de se rapprocher d'elle. Elle jouait avec eux en les blessant à petit feu autant avec ses paroles qu'avec ses actes. Brise était aussi venimeuse qu'un serpent, et elle pourrissait tout ce qui pouvait être bon et innocent dans une personne. Son passe-temps favori était de s'amuser avec la santé mentale des autres pour son seul profit, pour une seule raison : son plaisir. Je l'ai toujours détesté. J'ai essayé de l'aimer mais elle ne faisait aucun effort pour être un minimum aimable. Elle ne connaissait pas le mot « pardon » ; à ses yeux, nous étions tous des crétins inférieurs à elle, surtout moi. Je me suis défendu par moment, mais elle m'affaiblissait de plus en plus, au fur et à mesure que sa popularité grandissait. À présent , j'encaissai sans rien faire pour répliquer. Pourtant, j'aurai tellement voulu lui dire ce que je voulais, rien que pour lui prouver à elle, et même peut-être à Chanaé, Plumy et Rivière que j'étais quelqu'un de fort moi aussi, pas juste le bottom de service.

Rivière...

« Je ne suis pas gay ». C'est ce que je disais toujours et je me suis efforcé d'y croire longtemps . Mais j'aime les hommes, je ne peux plus le nier à présent . À cause de Brise, être avec une fille me terrifierait . Embrasser une fille je... non je ne peux pas c'est trop ! Chanaé m'avait complètement cramé au bout de quelques semaines de relation, et j'avais tenté en vain de me voiler la face. J'avais regardé quelques émissions sur les expériences de personnes de la communauté, qu'elles soient homosexuelles, non-binaires, transgenre ou plus encore, et quasiment toutes disaient qu'elles avaient tenté de se voiler la face, d'être hétéro cisgenre pour « faire comme tout le monde ».  Je n'avais pas envie de me voiler la face de nouveau.

Rivière ...

Sa gentillesse qui ne meurt jamais , son attention envers les autres... Ses yeux... Ses yeux qui me rappellaient qu'un monde sans violence est possible. Un monde loin de Brise et avec mes amis, où je pourrai m'affirmer et enfin dévoiler mon orientation sexuelle... et arrêter de subir comme un enfant ! Même si Riviere m'avait donné de faux espoirs, je l'aimais encore. Plus il m'évitait, plus je l'aimais...

Rivière...

Non. Je me faisais encore des faux espoirs. Et je savais que les faux espoirs ne feraient que me faire souffrir encore plus... Il fallait que je fasse mon deuil. J'avais suffisamment espéré, il fallait que je passe à autre chose à présent. En plus, ça se voyait très clairement que Rivière était encore en crush sur Plumy malgré le fait qu'elle soit en couple. Je soupirai, à moitié attristé et fier de moi, de ma maturité.

Tout d'un coup, un frisson me parcourut. Je sentais un regard sur moi, alors je tournai la tête regarder la personne qui me fixait, et je croisai le regard de la personne qui devait être le petit frère de Rivière. Il avait l'air moins paniqué que tout à l'heure, mais je sentais bien qu'il était crispé. Il m'adressa un petit sourire que je lui rendis et je détournai le regard. Ce type avait l'air cool, j'avais envie qu'il devienne mon ami. Mieux valait se concentrer sur l'amitié que l'amour.

ChamyvièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant