-Bon... du coup, vous allez bien dormir dans la même chambre ? demanda la grand-mère de Plumy.
Tout compte fait, finalement, elle avait plutôt raison. Plumy et moi, on sortait ensemble, maintenant ? Je la regardai, ne sachant quoi répondre, c'était sa grand-mère après tout, et j'avais peur de prendre trop de place, de m'imposer.
-C'est peut être plus pratique, si jamais... dit Plumy.
Même si ça sentait l'excuse pourrie à plein nez, elle avait raison, si jamais je faisais un faux mouvement et que mes blessures se remettaient à saigner. J'avais dîné avec elles deux, malgré mon bras en compote, couvert de bandages.
-Je vais vous préparer ça, on a justement une chambre qui pourra vous accueillir.
-ET EUH, deux lits simples hein ? on est pas encore...
Je tournai la tête et m'aperçut que Plumy était cramoisie.
-Évidemment, marmonna notre aînée en arborant une mine réjouie.
Sa petite-fille me regarda, visiblement gênée.
-Désolée, si tu...
-Pas de problème. Je vais avoir du mal à dormir confortablement, avec tous ces bandages, alors je risquerai de te gêner pour dormir, répondis-je en souriant.
Vers 22h, nous sommes parties dans la chambre soigneusement préparée par l'aïeule de Plumy, et aussitôt allongée, je sus que j'allais mettre du temps à m'endormir. Mon bras gauche me faisait atrocement mal, tout comme ma jambe droite. Alors je restai, seule avec mes pensées, pendant des heures, sans parvenir à trouver le sommeil. J'avais vu la première partie du combat, mais j'avais failli perdre conscience quand elle m'attrapa pour me porter plus loin. Elle était si badass... et je n'avais rien pu faire. J'étais une fois de plus, une nuit de plus en train d'angoisser. Je connaissais cette sensation depuis des années, à vrai dire, et ça n'avait pas été il y a six mois que ces angoisses s'étaient arrêtés, bien au contraire.
Je fermai les yeux, essayant désespérément de trouver le sommeil, quand soudain, un cri déchira le silence pesant de la pièce. Je me levai, mais la douleur fulgurante dans ma jambe me fit chuter. Lamentablement, je rampai jusqu'au lit de Plumy. Je pouvais apercevoir, dans la pénombre, les yeux écarquillés de celle-ci, les larmes qui coulaient sur ses joues et la sueur sur son front.
-Plumy ! m'exclamai-je, transie par la peur. Qu'est-ce qui se passe ?
Elle respirait bruyamment, et immédiatement je reconnus le son qui sortait de sa gorge, ce son qui m'accompagnait depuis des années.
-Plumy ! Je suis là. Tu fais une crise d'angoisse, ça va aller, je suis là ! Il y a de l'air autour de toi.
Elle ne bougeait pas, comme si elle ne m'entendait pas. Paniquée, je mis mes mains en forme de bol et les plaça sur sa bouche. Sa grand-mère débarqua quelques instants après, tout aussi affolée :
-Chanaé ! Qu'est-ce qui se passe ?
-Elle fait une crise d'angoisse. Il faut lui masser le nerf vagal.
J'essayais par dessus tout de rassurer Plumy. Au bout de quelques minutes, sa respiration se calma, et elle parvint à murmurer un nom que je ne connaissais pas. Sa grand-mère partit, s'assurant que tout allait mieux. La tension était retombée et la douleur me saisit de nouveau, je l'avais ignorée pendant la crise d'angoisse de Plumy, mais j'avais toujours terriblement mal.
-Chanaé, articula Plumy. Qu'est-ce qui s'est passé ?...
-Tu as fait une crise d'angoisse... rien de grave.
Je n'avais pas assez de force, et j'avais trop mal pour retourner à mon lit, et me hisser dessus, alors je restais au sol, posant ma tête à côté d'elle, pouvant sentir sa respiration, son ventre se gonfler et retomber au fil de ses inspirations et expirations. Finalement, consciente que nous n'allions pas pouvoir dormir cette nuit, Plumy m'attrapa la main répéta le même nom et j'entendis des sanglots.
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Chamyvière
RomanceDes romances, il y en a beaucoup. Des polyromances, en revanche... Pourtant, ce livre raconte la romance polyamoureuse de trois humains qui n'ont presque rien en commun et qui vont finir par tomber amoureux les uns des autres. Chanaé, Plumy et Riviè...