Chapitre 33 - Chanaé

34 4 12
                                    

Est-ce que j'ai réussi ? Est-ce que j'ai échoué ? Est-ce que j'ai seulement fait le bon choix ? Non... c'était nécessaire. Je me devais de tout arrêter, et ce sera prolifique pour tout le monde. Enfin... c'est ce que je croyais, alors que j'étais plantée dans le fameux tunnel où perçait le rayon de lumière qui menait à une connerie du type paradis.

Je commençais à marcher vers la lumière, car de toute façon, je n'avais pas d'autre choix, je ne pouvais plus reculer et il n'y avait pas d'issue à ce tunnel, à part ce qui se trouvait au bout. En me retournant, je ne pouvais voir que des ombres peu rassurantes. Mon instinct me dictait de ne pas aller dans ce chemin sombre et d'aller vers la lumière.

Je suis désolée... Je m'en veux tellement. Cette pensée m'assaillit sans prévenir, et je ne compris pas pourquoi. Tout était fini, maintenant n'est ce pas ? Je n'avais plus raison de m'en vouloir... J'étais partie et...

J'avais cette désagréable impression de m'être trompée. De ne pas avoir choisi la bonne option. D'avoir eu la mauvaise fin.

Game over. 

« Tu as été lâche ». Cette phrase revenait me tourmenter tandis que je fixais toujours la lumière blanche, comme hypnotisée par sa pureté. Et plus je restais immobile, plus je me persuadais que cette pensée parasite disait la vérité. Le jour de mon anniversaire, j'ai fui. Pendant mon enfance, je l'ai fui, lui. J'ai fui Plumy, j'ai fui Tornado. J'ai toujours fui. Et maintenant, j'avais encore fui. J'avais fui ce monde.

Je suis tellement désolée... j'avais encore fait de la merde, encore et toujours. Mourir n'avait même pas été la bonne option. Pourtant, je ne pouvais plus faire marche arrière. J'étais contrainte d'avancer vers la lumière éblouissante qui trouvait sa source à la fin du tunnel.

Rivière... il devait me détester, non ? Je m'étais suicidée juste devant lui, sans l'écouter. Et Tornade...  j'avais été tellement injuste avec lui, Plumy dont notre dernière interaction fut une dispute, Tornado qui m'a vu pleurer pour la première fois de sa vie, Brise, qui m'a si bien réconforté... pour rien.

Tous mes efforts avaient anéantis par ma propre faute. La fin n'avait pas justifié les moyens. Je les avais sûrement tous déçus, c'était sur. Mais maintenant, je devais assumer mes erreurs et marcher tout droit vers l'enfer. Et l'enfer n'était sûrement pas du côté de la lumière blanche et pure qui menait à des merdes comme le Paradis, qui n'étaient qu'une invention des gens pour qu'ils arrêtent de foutre le bordel dans la société, « sinon ils brûleraient en enfer ».

Évidement que c'était faux, le karma n'existait pas, il n'y avait pas de dieu. La seule puissance que l'on devait affronter au quotidien était nous-même, nos angoisses, nos souffrances, nos émotions... nous ne devions pas avoir peur des divinités supérieures, mais de nous-même.

Je me sentais tellement coupable. En soi, je connaissais bien cette sensation, j'avais arrêté de compter les nuits interminables composées essentiellement de culpabilité, d'angoisse et de taille-crayons.

Est-ce que je pouvais seulement espérer faire marche arrière ? Je ne crois pas... Cela aurait été trop facile, je devais faire face aux conséquences désastreuses de mes actions. J'avais fait de la merde, je devais assumer. J'avais foutu tout le monde dans la sauce, tout ça parce que j'ai fait une crise de jalousie de merde !

J'avais été égoïste et lâche, oui. J'avais pas osé me confronter à Plumy, j'avais bêtement fui. Tornade avait raison finalement, je détestais tout le monde parce que je n'arrivais pas à comprendre que j'avais tort. Je ne l'avais pas cru et maintenant j'étais toute seule. Ce devait arriver n'est-ce pas ?

Finalement, peut-être que dans ma bêtise j'avais eu raison ? Peut-être que la mort, la solitude et la culpabilité seraient ma punition ? Je soupirai, convaincue que cette fois, j'avais enfin la bonne réponse. 

Je recommençai donc à avancer vers la lumière blanche malgré tout, mes jambes me portant naturellement vers ce qui semblait être la porte d'entrée vers la mort. J'essayai de vider mon esprit, mais l'image de Rivière tremblant en face de moi, presque plaqué contre le mur revenait sans cesse.

J'espère qu'il allait bien... je ne l'avais pas écouté, je n'en avais fait qu'à ma tête, comme d'habitude. J'aurai du m'excuser auprès de lui, auprès de Tornade, auprès de Plumy, de Tornado, de Brise, de mon frère... même peut-être de ma mère.

Le départ de son fils l'avait attristée, la mort de son mari l'avait bouleversée malgré le soulagement intense de la fin de son calvaire, mais la mienne ? Comment réagirait-elle en découvrant mon corps sans vie, sur le sol, un couteau à steak planté dans le ventre, une marre de sang entourant sa fille cadette ?

Mon cœur se serra, une enclume s'écrasa sur ma cage thoracique, et l'oxygène autour de moi commença à me fuir. Je n'arrivais plus à respirer. Je ne pouvais pas mourir deux fois, n'est-ce pas ?

Je faisais une crise d'angoisse, je reconnais trop bien ces symptômes.

Mais impossible de bouger afin d'appliquer les conseils donnés il y a deux ans par mon ancienne professeure de technologie ; j'étais pétrifiée, essayant désespérément de trouver de l'air, ma gorge émettant un bruit désagréable de locomotive.

Pitié, faites que je me réveille de ce cauchemar.

ChamyvièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant