Episode 10 : tout quitter

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    Je suis seule dans mon appart, absorbée par mon futur déménagement. Je fixe pensivement les piles de vêtements qui trônent sur mon lit. Je ne porte pas la moitié.

En fait, souvent, je choisis les mêmes pièces les mêmes ensembles. Les autres ne me plaisent plus ou tout simplement, ne me vont plus. Depuis des années, j'accumule des vêtements sans logique. Le constat est navrant.

Avec soin, je sélectionne mes préférés et finis par les ranger dans une valise posée à mes pieds. Ce tri me fait du bien. Je me sens plus libre, plus en accord avec ce que je suis actuellement.

Au bout de quelques heures de travail assidu, le pêle-mêle de caisses en carton tout autour de moi me donne le tournis.

Ai-je fait une erreur ? Est-ce un coup de tête qui ruinera mon avenir ? Je n'en ai pourtant pas l'impression. Je me sens étonnement sereine, comme soulagée d'un poids.

Je pars. Enfin.

Mon visage est paisible, mes traits sont plus détendus que d'habitude. Mes faits et gestes traduisent mon impatience à quitter les lieux.

Je laisse enfin ce lieu derrière moi, lieu qui ne m'apporte plus rien de positif.

Soudain, je m'arrête dans mon élan, quelque chose retient mon attention. Du bout des doigts, je saisis une photographie.

C'est une dame au visage sévère et une petite fille aux cheveux clairs d'une douzaine d'années à ses côtés. La dame a des cheveux noirs et un regard tout aussi foncé que sa tignasse.

C'est un regard froid, franc et vif, intensifié par deux gros sourcils épais qui durcissent davantage ses traits. Son visage anguleux et allongé fixe l'objectif sans l'ombre d'un sourire. La dame est de petite taille, mais sa maigreur donne l'impression qu'elle a quelques centimètres de plus.

L'enfant, à ses côtés, ne sourit pas non plus, il a le regard triste.

J'étais cet enfant. Je ne veux plus de cette vie maussade.

Perdue dans mes pensées, je sursaute lorsque mon téléphone retentit dans la pièce silencieuse.

-Leo ? C'est Gail ! Alors avion ou voiture ?

-J'ai opté pour l'avion. En voiture, il y en a pour au moins 1500 miles. J'ai préféré laisser tomber cette aventure. Je vais vendre la Volvo.

-Tu t'en achèteras une nouvelle à Seattle, une plus belle encore. Au fait, je serai à l'aéroport pour t'accueillir, envoie-moi les coordonnées de ton vol par message. J'ai tellement envie de passer du temps avec toi.

-Ce sera comme avant ... à l'école ... quand nous étions inséparables ! dis-je avec nostalgie.

-Le bon vieux temps, en effet ! Allez, courage pour ton déménagement. Tiens-moi au courant par messages.

-Promis, Gail. Merci pour ton soutien.

Supermundane tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant