Chapitre 1

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   Depuis le dernier étage de l'appartement gris, au rebord de la fenêtre, je regardais les rideaux bordeaux se déplacer au grès du vent. Ils étaient pleins de poussière et déchirés aux bouts. Pourtant, ils se laissaient inlassablement portés par le vent, touchant presque le plafond miteux. Juste derrière, se trouvait une de ses fenêtres en verre, qui n'avait pas dû être nettoyé depuis longtemps. Encore derrière je pouvais apercevoir un autre appartement un peu plus petit, et le terrain de basket aménagé de la cité, les autre apparts derrière et sur les côtés, et une marée de bâtiments gris perdus dans des nuages gris, dans un souffle gris qui caressait le bitume gris. Rien n'avait bougé depuis des années maintenant. Je ne me souvenais sept ans exactement. Mais ça n'avait pas d'importance...

Je me levais de la chaise à bascule en faisant glisser avec moi le vieux paréo violet qui était posé dessus. Le laissant à terre, j'enjambais les vêtements et ordures en essayant de ne pas écraser encore plus les mégots de cigarettes et les bouteilles de bières. Ce dernier étage ne m'avait rien donné de concluant comme quasiment tous les autres appartements de cet immeuble. Je récupérais mon blouson, ma veste et mon bonnet de sur le bar de la cuisine, puis passais la sangle de mon sac à dos sur mon épaule. Je refermais la porte d'un claquement qui fit trembler les murs et laissait échapper de la poussière des intersections sales. Les immeubles et les rues de cette citée témoignait de l'agitation qu'il y avait bien pus avoir ici autrefois. Les voitures à demi calcinés, les traces de craie sur le sol, les bouteilles de bières en verres... Je redescendis tous les étages à pieds en écoutant le bruit de mes basquettes deraper contre les carreaux. J'ouvris à la volée la double porte d'entrée, qui était déjà à demi ouverte en laissant le froid mordre mon visage. Derrière moi, je l'entendis se fracasser contre le mur et grincer pour essayer de se refermée seule. La végétation entre les murs et le bitume avait beaucoup poussé, par manque d'entretien et s'étendait partout, à moitié verte, à moitié calcinée. Je marchais au mitant de la route les mains dans les poches du blouson bleu nuit que j'avais sur le dos. Le vent me cinglais les oreilles et faisant entendre son hurlement et rendait mon souffle blanc.

J'accélérais la cadence et finis par courir tout en me retournant parfois. Je finis par trottiner, la tête vers les nuages en regardant les immeuble se perdre avec ma vue. Je fis un tour complet pour avoir un panorama de ce qui m'entourait et faisant tressauter mon sac avec mes gestes. Je riais toute seule dans la cité vide en courant au travers de la route. Je sentais mon sac cogner contre mes fesses à chaque saut. Je pénétrais en trombe dans l'immeuble que j'avais repérée en arrivant dans cette partie de cette ville. Elle se trouvait également au dernier étage. Je l'avais trouvée bien : elle surplombait tous les autres appartements, tel que je pouvais voir toute la ville avec précision. J'arrivais au dernier étage en soufflant tout l'air de mon corps. Les ascenseurs étaient tous en pannes, ou les câbles avaient lâchés et étaient allés s'écraser dans le fond. Je regardais à l'intérieur des appartements que j'avais déjà visités et dont j'avais laissé les portes à demi ouvertes et contemplais les derniers rayons de lumière s'écraser contre ma peau et les murs du couloir. Je trouvais enfin la porte de ma planque et y pénétrais en écrasant mes mains dans les poches et en balayant du pied les détritus à terre. Je regardais encore les rayons du soleil noyer la pièce en l'éclairant d'or. Je déposais ma blouse et garda ma veste en faisant rejoindre mon sac entre mes bras.
     La chose que j'appréciais tout particulièrement avec cet appartement c'était son panorama. Il n'était pas le même que j'avais dans les autres. De la cuisine, je pouvais voir le toit écrasé qui pendait à l'extérieur. La terrasse et l'intérieur n'était pas séparés. La baie-vitrée avait disparu et une partie du toit par la même occasion. Une partie du balcon aussi, laissant de la rambarde avec juste quelques barreaux, et les barres de bétons qui s'avançaient dangereusement dans le vide.Il était néanmoins solide, et je pouvais m'y asseoir en laissant pendre un pied dans le vide tranquillement.

                          

La nuit apparut doucement dans la ville. Je la regardais arriver dans ma position favorite sur le rebord de la terrasse, adosser au mur qui avait pu survivre. J'avais fait un feu qui éclairait maintenant tous les murs des appartements environs. Je l'avais fait assez loin de moi pour qu'il ne me brûle pas, mais il me réchauffait parfaitement. J'examinais le contenue de mon sac en sortant tour à tour les objets de celui-ci. Nourriture, objets utiles, vêtements... Je m'arrêtais sur une paire de jumelles que j'avais prise lors de ma troisième fouille dans le bâtiment C, à l'opposer de celui où j'étais. Je le pris entre mes mains tout en mâchant la cuillère de soupe instantanée que j'avais entre les cuisses. Je me mis à l'utiliser pour voir les alentours. Je convins qu'elle me serait plus utile le lendemain, et la reposa donc à côté de mon inventaire, puis sortis mon journal de bords. J'y notais mes trouvailles du jour et rangeais soigneusement mon cahier presque remplie dans mon sac à dos. Un coup de vent éparpilla mes tresses sur ma nuque et fis momentanément faiblir mon feu. Il fallait que je refasse mes tresses. Je ne me souvenais même plus du temps ou c'était maman qui les faisait pour moi. Ou du temps où maman était là. Ni papa. Ni même moi. A quoi est-ce que je ressemblais ? A travers la vitre de l'immeuble d'en face, je voyais une fille, assise près du vide. Les cheveux noir, tressés et rassies, avec des reflets un peu roux avec la lumière du feu. Le corps fin et pas très grand. De loin, je ne voyais pas ses traits ni les autres détails de son corps. Cette fille, ça devait être moi. C'était moi. Je ne l'avais pas vus depuis ses neuf ans et quart. J'évitais de me regarder dans les vitres ou les miroirs autant que je le pouvais, pour m'oublier et oublier le reste. A noter que je n'avais rencontré personne aujourd'hui non plus. Ca faisait déjà deux semaines. Ca arrivait de moins en moins ces temps-ci. Je ne ressentais plus la solitude depuis longtemps déjà, mais ça ne m'aurais pas déranger de parler un peu et de rencontrer quelqu'un. Je fini par  m'endormir en pensant pour la énième fois à comment tout cela a commencé. 

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Voilà pour le chapitre 1 ! je sais qu'il est court et sans actions pour le moment, mais je tenais vraiment à publier cette histoire ! L'action viendra en cours de lecture ! Pour l'instant il est juste question de vous faire entrer dans le bain de l'histoire pour que vous voyez un peu le contexte.
J'essaierais aussi de poster régulièrement et de m'appliquer au maximum.


-FC

A Sleepy World    [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant