Ce fut encore un courant d'air qui me réveilla. J'étais encore toute envelopper dans la doudoune et le soleil était haut dans le ciel gris. Je m'étirais autant que je pouvais dans l'espace que j'avais à l'intérieur de mon cocon. Je me retournais sur le côté, là où Caleb était assis avant que je ne m'endorme. Comme je m'y attendais, la place était vide. Il ne restait plus que son livre, fermé proprement à quelques mètres de moi. Je me glissais jusqu'au livre, toujours emmitouflée et lu le titre : « Sa Majesté Des Mouches » de William Golding. C'était un titre assez étrange. Ça devait sûrement être un livre de science ou de découverte. Sur la première de couverture apparaissait cinq mouches dessinées avec une aiguille plantée au travers de leur corps. Je n'aimais pas tellement la lecture, mais je lus tout de même le résumer au dos du livre. Je me levais en faisait trainer la couverture derrière moi tout en feuilletant le livre. Je faisais glisser mes chaussettes sur les carreaux en sentant le froid à travers la laine et lu quelques passages à l'arrachée, et à chaque passage je comprenais un peu mieux l'histoire, et admettais que ce n'était décidemment pas un livre de science. Pour résumer, c'était l'histoire de garçons s'étant craché sur une île, les uns et les autres dans deux groupes différents (un gentil et un méchant). Le groupe du gentil allait rejoindre au fur et à mesure celui du méchant. Et au final tous les enfants deviennent cruels au point de tué un des garçons un peu fou au cours d'une soirée (c'est d'ailleurs sa conversation avec une mouche qui donne le titre du livre), puis les alliés du gentil et finirent par traqué le gentil lui-même, détruisant une partie de l'île, jusqu'à ce que des adultes ne viennent les sauver. Le livre était intéressant, même en survolant les pages. Je continuais à lire tout en marchant à l'aveuglette dans la maison avec une cape trainant derrière moi. Ce que j'avais sur moi (sans compter la doudoune) n'était pas assez chaud. Je n'avais qu'un tee-shirt et un jean, avec mes chaussettes. C'est à ce moment que je me rendis compte que j'avais laissé mon sac dans le salon, sur le canapé. Je relevais la tête de mon livre et m'apprêtais à prendre un tournant du couloir quand je me pris la tête dans quelque chose de dur. J'en lâchais mon livre et ma doudoune.
-Aïe, mon nez, me plaignais-je.
-Aïe, mon torse, répliqua Caleb d'un ton plus énervé que douloureux.
Je relevais la tête et croisa le regard du garçon.
-Caleb ?
-Alex. Dit-il froidement.
Alors il n'avait pas disparu ! Mais pourquoi était-il parti ? Ça faisait déjà la deuxième fois que je me promenais dans la maison en croyant qu'il n'y avait personne. On allait vraiment me prendre pour une voleuse, à force.
-Tu n'as pas marre de me faire mal ? Lui dis-je sur le même ton.
-Et toi, tu n'as pas marre de squatter ? Et où est ton sac ?
Il se baissa pour ramasser mon livre, le tien et une boîte noire en forme de rectangle avec des reflets de métal.
-Je l'ai laissé dans le salon, je pensais que tu avais disparu alors je me suis promener. C'est quoi ça ? ajoutais-je en pointant la boîte du doigt.
-Ça ? C'est mon ordinateur. Tu ne connais pas ? répondit-il en me tendant la doudoune.
Je secouais la tête en replaçant la couverture sur mes épaules. Il observa mon livre en calant son ordinateur et son livre entre son aisselle et son côté.
-Tu le lis ? Tu peux le garder si tu veux, je l'ai terminé. ajouta-t-il après que j'ai hoché la tête affirmativement.
- Je l'ai feuilleté et lus quelques passages. Je connais l'histoire, la fin et le fou. Tu lis quoi maintenant ?
-C'est « Le meilleur des monde » de Aldous Huxley. Au début du livre, il y a un passage de l'auteur qui préconise la lecture de ce livre qu'à des personnes assez intellectuelles, donc je ne pense pas que tu pourras le feuilleté aussi facilement que... « Les mouches ». Mais expliques-moi comment ça se fait que tu sache lire, mais tu ne sais pas reconnaitre un ordinateur. Techniquement, si ça fait sept ans que tu es dans cette réalité alternative, tu as dus disparaitre quand tu étais en...
-CM2. C'est une longue histoire, éludais-je. Bon, il est quelle heure ? Tu sais faire quoi d'autre à part des œufs et du bacon ? Je commence à avoir faim !
-Squatteuse, énervante et vorace. C'est le gros-lot ! Faut vraiment que tu me dises ce que je t'ai fait. Des spaghettis bolognaise, ça te va ?
***
-Hey, Caleb !
-Quoi, encore ? me répondit-il en ajoutant du fromage rappé à sa bolognaise.
-Comment ça se fait que tu sache faire à manger ? Tu as sans doute des... des personnes qui font à manger pour toi, ta mère, ton père...
-Oui, j'ai des domestiques qui font à manger, dit-il avec impatience. J'en ai deux, ma mère ne fait pas à manger, et encore moins mon père. Et vu que tous les deux ne sont jamais là et que je déteste le sentiment de dépendre sur les autres, j'ai appris à faire à manger et à ne compter que sur moi. Et avant que tu n'ajoutes autre chose, si je fais à manger depuis ce matin, c'est parce que ça me fait un entrainement pour moi-même.
-Arrête avec le fromage. Rajoute du vinaigre dans ta sauce. Mais s'il y avait des domestiques pour faire ton repas, comment tu faisais pour t'entrainer ? Tu avais toujours des repas tout près.
-Si tu veux mettre du vinaigre quelque part, fait ta propre sauce, maintenant dégage.
Il me poussa de l'épaule et je me pris les pieds dans a couverture. Heureusement, je me rattrapais à la poignée d'un des placards. Il ne me lança même pas un regard, après ma chute évitée. Quel imbécile ! Je tournai la tête et aperçut justement la bouteille de vinaigre posé sagement près de la sauce bolognaise. Je me rapprochais et me remis comme si de ne rien était à côté de Caleb qui remuait soigneusement sa sauce.
-Tiens, rend-toi utile et cuit les spaghettis. Tu sais faire ça au moins ? Tu mets l'eau sur le feu et...
-Oui, merci, je sais comment faire cuire des pâtes, monsieur.
Je Pris la casserole et la passoire qu'il me passait et mis l'eau à bouillir après m'être débattue deux bonne minutes avec l'allume feu. En prenant les pâtes sur le rebord de la paillasse, je m'emparais du vinaigre que je cachai dans les plis de ma couverture. En essayant de ne pas paraitre suspecte, je plongeais les pâtes dans l'eau bouillante.
-Si tu veux savoir, je boycottais leurs repas et je faisais les miens quand elles partaient et si je trouvais ce que je faisais à mon goût, je le mangeais. Fait revenir les pâtes dans du beurre et du fromage après les avoir égouttés.
-Encore du Fromage ?
-Oui, j'aime ça, et c'est tout.
J'allais égoutter mes spaghettis dans le lavabo et pendant qu'il se retournait pour chercher de la sauce tomate, je sortis le vinaigre des plis de la couverture et en versais quelques gouttes (je mens, j'ai appuyé très fort et il y en avait beaucoup) de vinaigre dans la sauce rouge de ma main libre. Mais je n'avais pas agis assez vite et Caleb s'était retourné et m'avais surprise en train de verser (d'inonder) le vinaigre dans la bolognaise.
-Mais qu'est-ce que tu fais ? Bon sang !
Sous le coup de la surprise, je lâchais la casserole d'eau bouillante et de pâtes cuites dans le lavabo. Heureusement, j'avais déjà mis l'égouttoir dans le fond, et les pâtes ont pu être sauvées. Même si la vapeur m'avait brûlé le bras au passage et que Caleb avait foncé sur moi pour m'expulsé au-dessus de sa sauce.
**
Après quelques (longues) minutes de débâcles, Caleb consentis à continuer sa sauce malgré le vinaigre. Il consentit aussi à laisser les pâtes telles qu'elles étaient et à ne pas rajouter de fromage. On s'était encore une fois installé sur le canapé, et j'avais moi consentis à partager ma couverture.
-Alors ? Je lui demandais.
-C'est pas mal. Ça pique juste un peu, mais ça peut aller. Mais la prochaine fois que tu touches à mes casseroles, je te fais ton bandage à la Frankenstein.
-Ouais, mais ton bandage aussi, il pique.
-Comment ça se fait que tu sache comment agrémenter un repas avec du vinaigre ?
-J'ai passé une partie de ma vie à manger desnouilles. Normal que je sache... Faire... ça.
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A Sleepy World [EN PAUSE]
Science FictionAlex est une adolescente prise dans un monde alternatif. Elle doit se débrouiller seule dans un monde où les personnes n'apparaissent que rarement et dans des périodes irrégulières. Pourtant, après sept ans d'irrégularités, quelqu'un reste à ses côt...