Chapitre 3

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Je me réveillais doucement avec les premiers rayons de soleil qui caressaient mon visage. J'avais encore le goût de sucré sur la langue. Mes yeux me brûlaient, mais je les ouvris tout de même assez grand pour me voir plus clairement dans la glace de l'immeuble en face de moi. Ma jambe était engourdie après avoir passé toute la nuit dans le vide. Les dernières braises s'éteignirent après qu'un souffle d'air frais balaya la terrasse. Je m'étirais et me laissais retombée, le dos sur le mur. En me remémorant les images de mon rêve, je laissais s'échapper un long soupir venant de très loin. Puis je me relevais en empoignant mon sac en passant et m'introduisais dans l'appartement. Je rentrais dans une chambre où le drap parfaitement plié sur le lit avait perdus de ses couleurs. J'y déposais mon sac et commençais à me déshabillée puis pénétrais dans la salle de bain adjacente à celle-ci et me lavais rapidement avec le peu d'eau froide qui restait dans les réserves. Puis sortis de l'habitacle nu pour me regarder dans le miroir sale au-dessus du robinet. Mes yeux marron, mes lèvres pulpeuses, la forme de mon visage, et tous les détails que je ne pouvais pas voir depuis la glace de l'immeuble. Ma peau métisse qui me collait aux os et mes cheveux à grosses boucles qui caressaie à peine mes épaules. Tout ça c'était moi.

Après m'être habillée et brossé les dents avec le reste de l'eau, je sortis de l'appartement et descendis tous les étages en sautant deux à deux les escaliers. En atteignant la dernière série de marche, je m'assis dessus et sortis de mon sac la boîte à friandises verte ornée de dessins élaborés. Je l'ouvris et y regarda les photos de maman, papa et moi, avec tous mes objets personnels, allant de mon collier au tissus que j'avais noyé dans le parfum préférer de papa. Je saisis mon cahier et le stylo presque vide et feuilletais celui-ci jusqu'à arriver à ma carte. J'avais déjà fait une bonne partie de la ville, et il ne me restait plus que peu d'espaces non-découverts. J'entourais rapidement les immeubles visités la veille et chercha des yeux un nouvel endroit où migrer.
Je repliais la carte une fois le travail fait et sautais les dernières marches et passait par le corridor pour arriver dans la rue. Je dépassais rapidement tous les immeubles qui n'avaient plus aucunes valeur et arriva enfin devant le terrain de basket. Je m'apprêtais à bifurquer d'un côté avant d'apercevoir quelques formes dans l'école. Ça faisait déjà quelques semaines que je n'avais vu personne. Peut-être cette fois-ci y aurait-il quelqu'un ou, si je croyais les formes mouvantes, plusieurs, dans cette école. Je commençais à trottiner vers les grilles qui séparaient celle-ci de l'extérieur. Malgré cela, je trouvais que je n'arrivais toujours pas assez vite. Je piquais un sprint jusqu'à arriver aux grilles en soufflant tout l'air de mes poumons.
De petites filles jouaient au ballon dans la cours pleine de poussière. Elles avaient l'air de ne se soucier de rien, et ne s'étaient probablement pas rendu compte que le reste de la cours de récréation était vide. L'une d'entre elle releva la tête et accrocha mon regard. Elle me sourit naïvement et retourna à ses jeux. J'étais encore accrochée à la grille et inspirais et expirais bruyamment.

-Hey, madame, tu cherches quelqu'un ? cria une petite fille à l'air arrogant.

-Y a quelqu'un d'autre avec vous ?criais-je en retour.

Elle se retourna vers la petite fille qui m'avais souri et lui intima d'aller voir. Puis son regard revint à moi avec son arrogance habituelle, tout en continuant de jouer d'une oreille distraite. En reprenant mon souffle, je me répétais intérieurement que s'il y avait quelqu'un avec ses petites filles, que je lui parlerais et que je m'en irais.
Je pars, et je m'en vais.
Je pars, et je m'en vais.
Je pars, et je m'en vais.
Je voyais déjà la gamine souriante revenir avec une dame ayant à peine la trentaine. Le front sur la grille et le souffle encore irrégulier, je me demandais quel baratin j'allais lui servir. Allais-je, juste lui servir un mensonge ou la vérité ? De toutes les façons, peu de gens me croyaient quand je leurs disaient la vérité. Le « Quand j'étais petite, tout le monde a disparus et depuis, irrégulièrement, des gens apparaissent –ou plutôt vous disparaissez de votre « univers » pour arriver ici pendant maximum un ou deux jours, mais pas plus, et après ce délai, vous disparaissez » ne marche pas toujours très bien. Certains me prennent pour une folle et s'éloigne sans trop savoir où aller, et d'autres me croyaient ou se faisaient leur propre histoire.... et restaient avec moi . Et à chaque fois je m'efforce de... faciliter les explications en quelques mots claires et pas effrayants pour que les gens comprennent et ne me fuient pas. Mais jusqu'alors, cette technique n'avaient peu ou pas eu l'effet escompté.

A Sleepy World    [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant