Un lit moelleux, des draps soyeux, des oreillers douillets, un réveille à la lumière du jour à travers la fenêtre, c'est tout ce que je pouvais demander. Je n'avais pas aussi bien dormis depuis que j'étais allé dans cet hôtel trois étoiles le mois dernier. Mon corps me hurlais de rester sur ce lit et mon esprit aussi. Mais je fis un effort surhumain pour me détacher de l'oreiller. A l'heure qu'il était, le garçon avait disparu. Je ne savais même pas combien de temps il était resté, quel gâchis. Quoi qu'il en était, j'avais cette immense villa pour moi seule avec électricité, eau chaude et chauffage du moins, pour une durée encore indéterminée. Produits frais comme jambon, beurre ou lait ! Le rêve.
Je me levais, m'étirais et connectais le smartphone du libre-service à une chaine stéréo que j'avais repéré dans la chambre hier. Je mis le volume à fond sur la playlist « pop » du téléphone, puis je commençais à examiner l'endroit. Aucune photo, aucun objet personnel. Cette chambre était vide. J'y repérais seulement une petite salle de bain séparée de la chambre par une porte discrète. Je commençais donc à me déshabiller.-Non mais je rêve ou quoi !
Je me retournais vers la porte qui s'était ouverte à la volée sur le garçon d'hier. Torse nu, essoufflé, et un livre à la main, il me regardait d'un air ahuris alors que mon tee-shirt s'envolait presque au niveau de ma poitrine. Mais il avait l'air de s'en ficher de ce petit détail.
-Mais qu'est-ce que tu fiche ici ! Je croyais que je t'avais mise à la porte !
-Tu peux me mettre à la porte autant de fois que tu voudras, mais la prochaine fois, penses à verrouiller ta porte, lui lançais-je en redescendant mon tee-shirt.
Il s'appuya contre le rebord de la porte et se pris la tête dans les mains, puis les fis remonter jusqu'à ses cheveux pour les planter dans son cou.
-Bon sang, qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?se dit-il à lui même
-Peut-être que tu n'as pas voulus me laisser entrer, répondis-je sur le même ton.
Il me regarda entre ses mèches, puis sans crier gare, s'avança et empoigna mon sac resté sur le lit entre les draps et l'un des oreillers et commença à le vider.
-Eh, mais qu'est-ce que tu fais ? Arrête, t'a pas le droit de faire ça !
J'essayais de l'arrêter en l'éloignant, mais malgré son apparence il résistais à mes attaques et continuait à vider mon sac sur le lit. J'essayais de lui tirer le bras, mais il me repoussa sans aucune difficulté. J'étais aux bords des larmes, personne n'avait jamais touché à mon sac. Il éparpillait mes affaires en jetant les bonbons et les vêtements à travers le lit.
-Arrête, je te dis ! Arrête !
Il ne restait que les saletés qui étaient dans le fond de mon sac, gisant sur les draps. Puis il empoigna ma boîte. Ce fut la goutte de trop. Je sera mon poing et l'envoya caresser son visage. Il lâcha ma boîte qui, heureusement, ne s'ouvrit pas et ricocha sur le sol. Je me mis à genoux et ramassa délicatement ma boîte ;
-ne touche plus jamais à mes affaires. PLUS JAMAIS !
-Je rêve ! Tu es chez moi, tu dors chez moi à mon insu, tu me frappes, et dans tout ça : je n'ai pas le droit de « toucher à tes affaires » ?
Je me relevais, pris mon sac et le déposa sa place initiale. Puis, je me mis en quête de ramasser mes affaires dans la chambre. Le garçon se frottait la mâchoire tout en me regardant agir.
-Surtout, j'espère que je ne te dérange pas ! fit-il remarquer
-Laisse-moi tranquille.
-Tu agis comme une enfant !
-Et toi comme un crétin !
-Pfff...
-Pfff...
S'en suivis un long silence, durant lequel il se frotta la mâchoire, et moi je continuais à ramasser mes affaires tout me retenant de ne pas me masser les phalanges. Au bout d'un moment, il vint s'asseoir sur le lit en poussant du pied mes affaires éparpillées.
-Eh ! Je te préviens, il peut encore partir, celui-là !
-Ça va, je ne les ai pas touchés, ils étaient sur le drap.
Nouvelle pause.
-Et... Tu peux m'expliquer, maintenant, pourquoi tout le monde à disparut ? reprit-il
Je me relevais et arrangeais mes vêtements dans mon sac, Puis attaqua ceux sur le lit.
-Parce que maintenant, tu es seul ?
-Oui, bon, ça va ! Explique-moi maintenant. Dit moi tout du début à la fin en n'omettant aucun détails, sinon...
-Sinon quoi ? Dis-je en m'arrêtant, Tu vas appeler la sécurité ?
-Bon, o.k., j'ai compris. Maintenant raconte.
J'avais enfin terminé de remettre toutes mes affaires dans mon sac. Sauf la nourriture (mais j'avais gardé les bonbons) que je comptais mettre au frais.
-Je te raconterais tout, qu'à condition que tu me fasses tes excuses.
-Tu te fou de ma gueule ?
-Tu es vulgaire, fis-je remarquer en m'asseyant à mon tour sur le lit.
-Non, je suis expressif. Ce n'est pas à moi de faire des excuses, mais plutôt à toi : tu t'infiltre chez moi en sautant par-dessus la clôture, ensuite tu rentres une seconde fois malgré le fait que je t'ai mis à la porte...
-Tu ne l'avais pas fermée à clef...
-Laisse-moi finir ! Donc, tu t'introduis dans ma maison, tu dors dans une des chambres du personnel, tu te permets de mettre la musique à fond et pour finir, le plus important : tu me frappe ! Et c'est à moi de présenter mes excuses !
- Tu m'aurais laissé entrer depuis le début, il n'y aurait pas eu autant de conséquences ! Et ton coup de poing tu l'as mérité. Ajoutais-je en me frottant finalement les phalanges.
-D'un point de vue juridique, tu aurais tort.
-De mon point de vue, c'est toi qui a tort. Et si tu veux que je ne te dise quoi que ce soit, c'est à toi de le dire.
Il me dévisagea longuement et je fis de même. Il soupira et je sus que j'avais gagné, je souris. A présent ont se frottait tous les deux nos endroits respectifs de douleur. Il prit une longue inspiration et commença quelque chose qui semblait douloureux pour lui.
-Je... te... Demande... Pardon...
-De quoi ? (j'en rajoutais)
-Bon sang , t'es pas sérieuse ?
-J'ai rien entendu.
C'était la première fois que j'entendais autant de gros mots. C'était aussi la première fois que je menais autant quelqu'un en bourrique. Ca me plaisait, je m'amusais bien.
-Je te demande pardon de... Ne pas t'avoir laissé entrer chez moi-malgré que ce soit une idée stupide pour quelqu'un de logique.
-Tu dévie, le réprimandais-je. Et ?...
-Et d'avoir touché à ton sac et d'avoir jeté tes affaires, et d'avoir touché à ta boîte, qu'est-ce que tu veux que je te dise d'autre, Merde !
Je souris encore et arrêtais de me frotter les phalanges pour tendre ma main.
-Alex.
Il regarda ma main un moment de l'air d'enfant fâché. Ses mèches blondes à l'intérieure de ses lunettes. Et je me rendis réellement compte qu'il était torse nu, qu'à ce moment-là. Je souris une nouvelle fois. Je n'en avais pas l'habitude non plus. Il soupira et finis par tendre sa main.
-Caleb. Caleb Foley.
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A Sleepy World [EN PAUSE]
SciencefictionAlex est une adolescente prise dans un monde alternatif. Elle doit se débrouiller seule dans un monde où les personnes n'apparaissent que rarement et dans des périodes irrégulières. Pourtant, après sept ans d'irrégularités, quelqu'un reste à ses côt...