Remonter la pente n'a pas été très facile. S'accrocher à la terre et aux racines n'est pas chose aisée surtout avec un molet et une cheville bandée et une épaule qui fait souffrir. Caleb m'aidait en me poussant le dos quand je me traînais trop, mais je réussis finalement à atteindre le bord de la route couverte d'eau de rosée, de terre et de feuilles au bout de plusieurs minutes d'acharnement. Ça me fit un bien fou de trouver un terrain égal dénué de tous loups aux envies meurtrières. Sans un mot, nous nous remîmes en route vers une autre ville, qui devait être à moins de quatre jours de marche selon Caleb. J'aurais largement préféré deux heures de voiture, mais je ne dis rien.
Plus nous marchions, moins je me disais que ça en valait la peine et qu'il faudrait que je me laisse aller là, au beau milieu de la route pour attendre au moins d'être complètement sur pied comme je le faisais avant. Mais Caleb semblait déterminé à atteindre cette ville,même sans objectif précis. Avant, il pouvait se dire qu'il reverrait sa petite amie à chaque pas, mais là, il avait autant de but que moi. Je l'admirait pour ça et ce fut aussi l'une des raisons pour laquelle je ne me laissais pas tomber immédiatement.- Alors en sept ans tu as parcouru plus d'un millier de kilomètres à pied à travers tout le pays, lâcha-t-il comme si il y pensait depuis un petit moment. Tu as dû en voir des choses.
-Oui, on peut dire ça. Des maisons vides, des appartements vides, des boutiques vides, des voitures vides et même des parcs d'attractions vides... ça fiche vraiment peur la nuit...
Il rit et essuya son front en sueur en laissant une grande trace de boue à la place. Je regardais mes mains et les esuyais discrètement sur mon pantalon déjà saturé de saletés.
- Et... et pourquoi tu ne t'ai jamais posé quelque part ? Je sais qu'il y aurait eu le problème de nourriture, mais tu te débrouille déjà pas mal et puis il y a plein de trucs qui se conservent. Je sais pas moi, dans une petite maison, tu fait le plein et puis tu mène ta petite vie tranquille.
Ça aussi, ça semblait mûrement réfléchi. Depuis quand voulait-il me poser cette question ? Peut-être depuis un petit bout de temps.
J'essuyais une goutte de sueur tombé dans mon oeil en préparant ma réponse.-C'est simple, je n'ai jamais pu rester dans un endroit bien longtemps. J'ai souvent essayé, et toujours échoué .
- Comment ça ?
-Il y aura toujours quelque chose pour me faire fuir. La première à été un incendie, dans ma ville d'origine. Ensuite il y a eu divers choses, comme l'écoulement soudain d'un bâtiment, la disparition de mes provisions... des loups.
Je ne pus m'empêcher de sourire jaune à cette dernière remarque.
- Si je reste inactive trop longtemps, voilà ce qu'il se passe, repris-je en le regardant. Mes seuls moments de répit sont durant l'hiver. Là je n'y peut rien, je suis coincée et même si je veut partir, il faudrait toujours que je reste quelque part au bout d'un moment sous peine de mourrir de froid. Donc, voilà. Pas de petites maisons en bord de mer avec repas en barquette toute l'année. Juste de la marche.
-Je vois. Je voulais aussi te demander si tu n'étais jamais retourner... chez toi. Mais j'ai aussi ma réponse.
Il se tu un instant, puis reprit :
- Ça veut dire que si nous étions restés chez moi plus longtemps, elle aurait brûlé par exemple ?
- Oui, peut-être. Mais, si tu reste... ici, je te déconseille de vouloir y retourner.
-Pourquoi ça ?
- Parce que c'est quand j'ai voulu y retourner que j'ai découvert ma ville en feu.
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A Sleepy World [EN PAUSE]
Ciencia FicciónAlex est une adolescente prise dans un monde alternatif. Elle doit se débrouiller seule dans un monde où les personnes n'apparaissent que rarement et dans des périodes irrégulières. Pourtant, après sept ans d'irrégularités, quelqu'un reste à ses côt...