XV) Il suffit de danser

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Du bruit, que du bruit. Je ne pouvais plus m'entendre penser.

J'adore.

Je me laissais emporter au rythme de la musique, comme possédée.

Je n'avais jamais aimé danser mais là, j'avais besoin d'être quelqu'un d'autre.

Je n'étais plus le Colibri, je n'étais plus Sophie Foster. J'étais moi.

- Appelez-moi So, avais-je dit à un garçon qui voulait m'inviter à danser.

Je suis So. Je suis une nouvelle personne, avec une nouvelle robe, une nouvelle coiffure, de nouveaux amis. Les problèmes du Colibri n'ont plus de rapport avec moi. Je n'ai plus à me torturer. Il suffit de danser.

Danser, encore et encore. Jusqu'à ce qu'on ait le tournis, l'envie de vomir et qu'on ne se souvienne plus de qui on était en entrant.

A ce moment, on a enfin l'impression de se sentir enfin vivant.

J'avais beau ne pas pouvoir boire, je me sentais ivre de toutes ces sensations, ivre de liberté.

Peut-être que c'est cet état d'excitation, de fatigue et de nervosité qui fit vaciller mon bouclier mental.

Des centaines de pensées, provenant de dizaines de personnes différentes, m'assaillèrent d'un coup.

J'ai soif.

Il fait chaud.

Où ils sont passés ?

Je m'amuse trop !

Est-ce que je me commande à boire ?

Elle est jolie !
C'est cher.

J'ai pas envie de partir.

Argh, où sont les toilettes ?

Je crois que j'ai trop bu...

Est-ce que j'ai nourri le chien avant de partir ?

Je devrais peut-être lui dire que je ne suis pas intéressée...

Que des hypocrites.

C'était une bête d'idée, de venir ici !

Je vacillai sous le choc.

De l'air.

Il faut que je sorte.

Là où il n'y aura personne.

Je quittai mon partenaire et me précipitai vers la sortie.

Je me laissai tomber sur le trottoir

Assise à même le sol, mes fesses sur les pavés gris, mes genoux serrés contre ma poitrine, je pleurais.

J'étais secouée de gros sanglots, sans réussir à m'arrêter.

Je ne prêtai pas la moindre attention aux quelques personnes qui passaient et me regardaient.

J'étais malheureuse.

Je craque, j'en peux plus. J'ai beau détesté Forkle et le Cygne Noir, j'ai beau me sentir coupable à mourir... Mes amis, mes parents me manquent. Sans eux, je ne suis rien.

Je libérais enfin mes peines depuis trop longtemps contenues. Chaque regret, chaque déception, chaque remord était une larme qui roulait sur ma joue.

- Pardonnez-moi, dis-je entre les hoquets et les larmes. Pardonnez-moi et revenez...

Un poids, celui d'un manteau, se posa sur mes épaules.

Choix [GDCP Story]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant