Choix [GDCP Story]

XXIV) Ce n'est pas un sourire

- Désolée, je ne vous ai pas proposé d'entrer, venez !

Elle nous fit signe et nous la suivîmes jusqu'au salon.

- Asseyez-vous. Jus de luxuriante, cannelle-crème, air parfumé ?

Enfin des noms de boissons familiers.

- Jus de luxuriante.

- Pareil.

Elle hocha la tête et apporta trois verres.

J'observais l'intérieur.

Ça n'a pas changé. Tant mieux. J'ai déjà perdu trop de temps.

- Biana... Comment ça va ?

Pourquoi j'ai commencé comme ça ? C'est débileee !

- Ça va ça va.

Elle me fit un sourire et je me figeai.

Ce n'est pas un sourire. C'est une grimace. Elle ne sourit pas, elle pleure.

Biana, qui est pourtant si forte et affirmée, semble pleurer.

Qu'est-ce que je peux faire ?

- Moi, ça va pas. Je me sens horrible, lâche et idiote. Il y a deux ans, après cette mission, Dex a été gravement blessé. Linh aussi. On a tous été blessés quelque part. Et au lieu de rester à vos côtés pour qu'on guérisse ensemble, j'ai fui en prenant la bataille contre les Invisibles comme excuse. Je suis désolée. Ca ne rattrapera pas deux années, mais je voulais te le dire.

Elle acquiesça, le regard perdu dans le vide.

- Oui... Je comprends ce que tu ressens. Ce n'est pas seulement toi, c'est nous tous. Ce qui est arrivé... C'était affreux. J'en fais encore des cauchemars. Il y avait du sang partout quand je l'ai trouvé, Sophie. J'ai cru qu'il était mort. Ensuite les autres nous ont peu à peu rejoint, mais tu étais toujours introuvable. J'étais terrifiée. Terrifiée. Et là, tu es apparue. Tu avais le bras en sang, et une entaille au visage. Tu n'as pourtant pas semblé le remarquer. Tu nous as dit pardon, alors qu'on était simplement soulagé de te retrouver.

Elle fondit en larmes, secouée de hoquets.

Je m'approchai et l'enlaçai. Elle poursuivit.

- Pourtant, malgré le soulagement que j'ai ressenti à ce moment, je t'en ai voulu plus tard. Tu t'étais désignée comme coupable et j'en ai profité. Toute la peur, l'angoisse, la colère, je les ai tournées vers toi. Il est facile de détester quelqu'un qui, après un tel évènement, s'est volatilisé. Je sais que c'était mal de penser ainsi, je le sais... Mais, Sophie... Pourquoi tu nous as abandonnés ?

A mon tour, j'avais les larmes aux yeux.

Elle tremblait dans mes bras.

Je voulus la serrer plus fort mais elle se dégagea pour me regarder dans les yeux.

- Pourquoi tu nous as abandonnés, hein ?

Une voix trop familière nous interrompit.

- Biana, tout va b... Sophie, Keefe, qu'est-ce que vous faites ici ?