Il était une fois, les Qin

Le cauchemar

Quelques minutes après le crépuscule, Shan rentre dans sa maison rapidement. Enlevant son manteau, le silence règnant dans l'atmosphère est brisé par la voix d'une femme qui rit. Elle fronce légèrement ses sourcils, abandonnant son manteau au sol pour se diriger vers la provenance de ce son singulier.

Elle s'approche du salon lentement, réfléchissant par la même occasion à la personne qui peut bien être chez elle. Poussant la porte déjà entrouverte, elle remarque Yuan assis sur le canapé, elle sourit mais son sourire s'évanouit une fraction de seconde plus tard. Yuan n'est pas seul.

À ses côtés, une jeune femme presque nue, d'une beauté exceptionnelle, rit doucement en caressant le torse nu de son mari. Elle a des cheveux longs, lisses et soyeux, qui encadrent un visage lumineux, sans une imperfection. Ses yeux sont fixés sur lui avec intensité.

— Yuan... murmure-t-elle difficilement. Qu'est-ce que...

Shan sent son cœur se serrer alors qu'elle les observe. Sa respiration s'accélère, des larmes lui montent aux yeux, chaque battement de son cœur résonnant douloureusement dans sa poitrine. Son mari sourit à cette femme d'une manière suave, séductrice. Ce sourire, normalement réservé à elle, appartient maintenant à une autre.

Ils sont proches, beaucoup trop proches. La main de son mari se pose doucement sur la cuisse de la jeune femme pour la caresser, un geste intime, qui brise quelque chose en elle. Shan veut crier, mais aucun son ne sort de sa gorge. Elle tente de bouger, de se précipiter vers eux, de les séparer, mais ses jambes restent ancrées au sol, bien que tous ses membres tremblent d'angoisse et de colère.

La scène s'intensifie au fur et à mesure. Les rires se mêlent maintenant à des murmures doux, des caresses plus intimes encore. Shan, impuissante et brisée, sent son monde s'effondrer autour d'elle. Tout se brise en mille morceaux sous ses yeux : sa confiance, son amour, sa santé mentale.

Sous ses yeux, la jeune femme embrasse son mari en y ajoutant sa langue, tout en continuant à le déshabiller. Shan laisse couler une larme sur sa joue. Ce qui la brise le plus, c'est lorsqu'il lui lance un bref regard, souriant comme s'il était heureux de la voir dans cet état, avant d'embrasser la femme à son tour.

— Yuan, pleure Shan en s'écroulant sur ses genoux. Arrête, s'il te plaît.

Il n'entend pas, il continue plus intensément encore, caressant le corps intégral de la jeune femme, lui arrachant des gémissements de satisfaction.

— Yuan ! crie-t-elle pour qu'il cesse, en vain.

Son cœur lui fait mal, les larmes coulent abondamment sur ses joues, elle pleure bruyamment en observant la scène devant elle.

— Yuan ! hurle-t-elle en se réveillant en sursaut, se redressant sur son lit immédiatement.

Le souffle court, son corps tremble sous l'emprise d'une angoisse, et des larmes ont même coulé sur ses joues. Le rêve s'est dissipé, mais les fortes émotions qu'il a suscitées restent ancrées en elle.

— Shan ? Que se passe-t-il ? demande Dilaya en venant s'asseoir sur le bord de son lit.

— J'ai fait un cauchemar.

— Encore à propos de Yuan, je crois.

— C'était horrible, murmure-t-elle en nettoyant ses larmes.

— Tu veux en parler ?

Elle hésite quelques secondes avant d'expliquer brièvement. Dilaya soupire en prenant ses mains dans les siennes.

— Ce n'est que ton imagination. Tu sais bien que Yuan ne ferait jamais une telle chose, n'est-ce pas ?

— J'ai peur, Dilaya. J'ai vraiment peur.