Chapitre 22 : Nico

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 Lorsqu'Annabeth rentra, Will et moi étions confortablement installés sur mon lit - habillés - en train de discuter de tout et de rien. Quand la porte claqua, je sus qu'elle avait passé une excellente journée. Habituellement, elle déteste quand je le fais par mégarde et me le fait bien savoir. Là, elle a l'air de ne même pas s'en être rendu compte.

Je la fis nous rejoindre et m'assure de ma supposition. J'avais raison, évidemment.

Après qu'elle fut partie se coucher, Will et moi choisîmes de retourner sur la plage. On ne s'en lassait plus - c'est elle qui a vu notre premier baiser. Elle est devenue notre refuge silencieux et approuve notre relation par son lent et constant mouvement bienfaisant.

Soudain, Will eut l'air de prendre son courage à deux mains pour troubler ce silence apaisant :

– Nico... Je sais que tu n'aimes pas en parler, mais je m'inquiète pour toi. Je t'aime, et je te veux dans ma vie jusqu'à la fin de mes jours. Donc j'aimerais que ce qui te tourmente et te force à t'infliger ces blessures fasse partie de nos conversations.

Tout en disant cela, il caresse doucement mes bras, le long de mes cicatrices blanches plus ou moins récentes.

– Will... Je t'ai déjà dit que je ne veux pas en parler. Je sais que ça t'inquiète, mais ça fait longtemps que je n'ai pas recommencé. Depuis que je suis ici, en fait.

– Parle-m'en plus, s'il te plaît... Qu'est-ce qui te pousse à faire ça ?

– Quand mes pensées sont trop... noires et que je ne les supporte plus... je prends mon cutter. Ça vaut mieux que de se jeter d'une falaise, n'est-ce pas ?

La bouille d'habitude resplendissante de Will a disparu, pour à nouveau laisser place à ses traits droits, très sérieux. Il essaye de ne pas montrer sa détresse à mes mots, et il y parvient presque. Mais je sais lire dans ses yeux, et je vois comme ce que je dis lui fait du mal.

Je baisse la tête, en faisant comme si je m'adresse au sable plutôt qu'à lui. Ainsi, ce que je n'ai jamais dit à personne paraît moins difficile à faire sortir de ma bouche.

J'essaye de continuer en contenant les tremblements dans ma voix.

– Quand je le fais, c'est parce que... leurs voix résonnent dans ma tête. Je ne suis qu'un "misérable petit homo qui ne mérite pas d'être sur Terre". Et le pire, c'est qu'à force de cauchemarder là-dessus, je commence à les croire. Je sais qu'ils ont tort, je finis toujours par m'en convaincre. Mais parfois, la douleur physique vaut mieux que la douleur mentale et les pensées qui ne font que tourner dans ma tête.

Je le regarde à nouveau, et essaye d'appréhender sa réaction. Une tristesse et une douleur sans fin se lisent dans ses yeux, ainsi qu'une étincelle de feu, de colère non contenue.

Il s'éclaircit la gorge, tout en tentant de rester calme.

– Ces gens ne méritent pas que tu crois ce qu'ils disent. Ce ne sont que des brutes épaisses. En revanche, moi, tu dois me croire quand je te dis que tu vaux tout l'or du monde, et que je t'aime. Tu n'es pas seulement gentil, drôle et diablement beau. Tu es aussi intelligent, attentif, tendre... et j'en oublie plein ! Tu es celui qui fait battre mon cœur plus vite, qui met du soleil dans ma vie. Alors que je te connais seulement depuis peu !

Il s'arrête quelques secondes pour reprendre sa respiration. Sa tirade lui a coupé le souffle tellement il l'a dite avec force et conviction. Il reprend plus doucement, essayant de calmer sa vigueur.

– Tu ne dois pas prêter attention aux gens qui ne le méritent pas. Vraiment. Il y a plein d'autres personnes qui nous soutiennent. Et regarde Annabeth, c'est vraiment une amie extraordinaire. Elle ne t'a jamais laissé tomber, et ne fera jamais cette erreur. Ce sont les gens comme elle que tu dois garder à l'esprit. Et moi, aussi. Surtout moi.

Sur ces mots, il s'empare de mes lèvres. J'ai beau déjà savoir en partie ce qu'il me dit, ça me fait du bien de l'entendre de sa bouche. Et me donne envie de me battre.

– D'accord. Je crois... que je vais le faire. En parler. Mais tu viendras avec moi, n'est-ce pas ?

– Bien sûr. Jamais je ne t'abandonnerai. Je serai là, dans les bons moments comme les mauvais. Je ferai tout pour te soulager.

– Il me faudra beaucoup de courage.... J'espère que j'aurai le droit à un baiser d'encouragement avant de me jeter dans la gueule du loup.

– Bien sûr, Nico. Je peux même t'en donner un d'avance.

Le doux baiser qui suivit me réchauffa le cœur. Et l'idée d'éloigner mes agresseurs prit définitivement racine dans mon esprit. Cela allait être dur et éprouvant, mais si l'homme qui m'aime est prêt à m'aider, je peux y arriver. Je ne veux pas décevoir Will, mais ce que je veux avant tout, c'est pouvoir vivre librement.

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Vacances à la plage - SolangeloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant