𝟎𝟏 ¦ 𝐒𝐎𝐔𝐏𝐈𝐑, 𝐒𝐎𝐔𝐏𝐈𝐑

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     Sur le panneau lumineux, le bonhomme rouge succéda à son homologue vert. Non sans jeter un regard prudent à gauche, puis à droite, et encore à gauche, Jean s'engagea sur le passage piéton. Le dernier qu'il aurait à franchir ce matin. Le jeune homme traîna des pieds sur la petite centaine de mètres qui le séparait encore de sa destination. Il retardait consciemment son arrivée, car il voulait écouter le dernier couplet de la chanson qui résonnait dans ses oreilles. Il détestait s'arrêter au milieu d'un morceau.

     La façade du lycée Fritz se découpait derrière le feuillage des arbres qui l'entouraient. Elle paraissait un peu plus imposante à chaque pas fait dans sa direction. L'établissement scolaire s'élevait au-dessus des élèves. Prêt à les engloutir. Son entrée était gardée par deux colosses de pierres, sculptures d'illustres personnages dont Jean avait oublié l'identité.

     Ces trucs lui foutaient presque la trouille. Leurs yeux, en particulier. Le lycéen avait parfois l'irrationnelle impression qu'ils l'observaient dans son dos. Et ils n'étaient pas les seuls. Sur la cinquantaine d'élèves qui traînaient devant le parvis du lycée, plus de la moitié lui jetait de temps à autre un coup d'œil à peine dissimulé. C'était ça, le fond du problème. Jean soupira. À force d'être épié par le commun des mortel·le·s, son esprit se méfiait même des choses inanimées.

     — Hey, Jean ! Comment va la star, que dis-je, le prince du bahut ?

     Le susnommé tourna la tête. Voilà plusieurs secondes que la musique s'était tue dans ses oreilles. Il retira son casque, regrettant presque immédiatement le confort qu'il lui apportait. Grande invention que celle du contrôle actif du bruit. La ville entière sembla se ruer à l'assaut de son tympan sous la forme d'une gigantesque onde sonore. Jean grimaça, tant sous l'effet du bruit ambiant que du surnom gênant.

     — Pas trop mal. Enfin, c'était jusqu'à ce vous débarquiez.

     — Quel menteur ! Tu ne tiendrais pas une semaine sans nous.

     Jean leva les yeux au ciel. Il ne pouvait rien rétorquer à cela. Son amie avait entièrement raison : c'était grâce à Hitch et à Annie qu'il avait survécu à ses deux premières années de lycée. Sans leur compagnie, il aurait dépérit en un temps record. Mais il mourrait probablement avant de leur avouer. Les filles le charriaient déjà bien assez comme ça. Pas la peine d'en rajouter !

     — Prêt pour cette ultime année ? lui lança Annie avec un sourire moqueur.

     — Tu sais bien que je n'ai qu'une seule hâte : qu'elle se termine !

     Hitch se glissa entre son meilleur copain et sa meilleure copine, leur attrapant à chacun·e un bras. De leur petit groupe, c'était indubitablement celle qui avait le plus d'énergie à revendre.

     — Allons, un peu d'entrain, camarades ! Et puis, qui sait ? Peut-être que cette année sera différente des autres. Peut-être qu'elle nous réserve quelques surprises...

     Hitch était aussi la plus optimiste. Jean soupira. Combien de fois avait-il soupiré ce matin ? Il avait déjà perdu le compte. Le jeune homme releva le menton vers la façade de son lycée. La première sonnerie ne tarderait pas à leur agresser les oreilles. Quand il fallait y aller... Sous l'impulsion de Hitch, les trois compères s'avancèrent pour pénétrer dans l'établissement.

     Aujourd'hui, Jean débutait son année de terminale par une rentrée qui serait des plus banales, à n'en pas douter.

     Aujourd'hui, Jean débutait son année de terminale par une rentrée qui serait des plus banales, à n'en pas douter

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NOTE DE LYA
mes salutations, camarade.

Le premier cliché qui me vient à l'esprit (tous genres littéraires confondus) c'est bien évidement celui de la rentrée comme scène d'ouverture. Chose assez curieuse : c'est un cliché que je n'avais jamais utilisé jusqu'à présent. Mieux vaut tard que jamais !

𝐋'𝐎𝐌𝐁𝐑𝐄 𝐄𝐓 𝐋𝐄 𝐑𝐄𝐅𝐋𝐄𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant