𝟏𝟎 ¦ 𝐏𝐑𝐄𝐒𝐐𝐔'𝐀𝐌𝐈𝐒

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   Jean était de très mauvais poil. Non pas qu'on ait souvent l'occasion de le voir de bonne humeur. Mais aujourd'hui, il était particulièrement grincheux. Et tout ceci à cause de cette foutue histoire que leur avait raconté Eren, un ou deux jours plus tôt. Les rumeurs s'étaient évidemment répondues comme une traînée de poudre au lycée. Mais Jean n'imaginait pas que cela prendrait de telles proportions.

     D'ordinaire, il attirait déjà l'attention. Mais ces jours-ci, c'était pire. Peu importe où il allait, Jean pouvait entendre les autres élèves murmurer sur son passage. Il ne comptait plus le nombre de questions qu'on avait pu lui poser au sujet de cet incident. Plusieurs personnes lui avait même directement demandé s'il était à l'origine de ce prétendu règlement de comptes. À ce rythme, il allait vraiment finir par mettre son poing dans la figure de quelqu'un·e.

     La patience de Jean s'était déjà considérablement épuisée lorsqu'il arriva aux pieds des escaliers. Il monta un étage, puis deux, puis trois. Du coin de l'œil, il remarqua un stylo qui traînait par terre. Sans doute perdu par saon propriétaire. Un peu plus loin, il trouva une trousse ouverte et le reste de son contenu éparpillée. Puis vint le tour d'un cahier à l'allure malmenée. Jean s'interrompit dans son ascension. Décidément, la matinée s'annonçait épouvantable.

     Le jeune homme leva la tête. Devant lui se jouait une scène dont il se serait bien passé. Quelques marches plus haut, Reiner tenait Marco par le col de sa chemise. En dépit des apparences, il était plutôt rare de voir le grand blond dans une situation aussi compromettante pour lui. En principe, il avait suffisamment de jugeote pour agir dans des endroits plus discrets. Une seule explication possible : Reiner avait perdu son sang froid.

     Le regard de Jean se posa brièvement sur Marco. Il lui sembla déceler quelque chose de différend dans son attitude. Malgré la prise de Reiner sur lui, il gardait le corps bien droit. Ses pieds étaient encore encrés dans le sol. Et il tenait fermement un cahier dans ses mains. Lorsqu'il remarqua la présence d'un tiers, Marco lui adressa un regard suppliant. Jean aurait pourtant juré qu'un instant plus tôt, il n'y avait aucune peur dans ses yeux chocolat.

     Mais peu importait vraiment. Jean n'était pas d'humeur à se prendre la tête. Il était très contrarié d'être confronté à une situation pareille d'aussi bonne heure. Et il ne se gêna pas pour laisser transparaître son aigreur. Jean ne prononça pas un seul mot à l'attention de Reiner. Il se contenta de le fixer longtemps, très longtemps, en prenant soin de lui transmettre tout le dédain qu'il ressentait à son égard. Reiner relâcha lentement Marco. Il fit un pas en arrière. Et il finit par disparaître vers les étages supérieurs.

     Jean se pencha pour ramasser les affaires de Marco. Lorsqu'il le rejoignit, celui-ci était en train d'inspecter l'intérieur de son cahier. Curieux, Jean y jeta un coup d'œil. Il fut très surpris de voir le dessin qu'il lui avait négligemment donné, une semaine plus tôt. Il ne s'attendait pas à ce que son voisin le conserve vraiment. Encore moins à ce qu'il en prenne autant soin. Pour la première fois de la journée, Jean eut un petit sourire.

     — Ne me dis pas que tu as refusé de lui donner ton cahier à cause de ça ?

     — Eh bien... Je ne voulais pas qu'il l'abîme, répondit Marco.

     Jean cligna plusieurs fois des yeux. Ses paroles furent plus rapides que ses pensées :

     — Ça te dirait, de rester avec moi ? Pendant les intercours, les récrés, les repas. On pourrait même arriver ensemble le matin et repartir ensemble le soir. Il faudra que tu me supportes dix heures sur vingt-quatre, sans interruption, mais... Avec moi, personne n'osera te toucher.

     Ce fut au tour de Marco de cligner plusieurs fois des yeux. Puis, très lentement, il finit par acquiescer.

 Puis, très lentement, il finit par acquiescer

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NOTE DE LYA
mes salutations, camarade.

C'est reparti pour une petite confrontation clichée avec Reiner !! Mais Jean est-il vraiment le chevalier qu'il pense être ? Mystère...

𝐋'𝐎𝐌𝐁𝐑𝐄 𝐄𝐓 𝐋𝐄 𝐑𝐄𝐅𝐋𝐄𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant