𝟎𝟕 ¦ 𝐒𝐀𝐔𝐅 𝐄𝐑𝐑𝐄𝐔𝐑

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     Un stylo en main, Marco suivait religieusement le cours de HLP. L'enseignante n'en était encore qu'aux tous débuts du programme. Le jeune homme trouvait qu'elle n'allait pas assez vite. Qu'elle perdait un temps précieux dans des discours qui frôlaient l'infantilisation. Madame Dork traitait un peu ses élèves comme ses propres enfants. Elle parlait souvent de confiance. Et elle se vantait régulièrement d'obtenir d'excellents taux de réussite au baccalauréat. Chaque affirmation rendait Marco un peu plus dubitatif.

     Madame Dork se lança dans une nouvelle parenthèse superflue. Marco ne laissa pas paraître son agacement. Néanmoins, il se désintéressa de leur professeure de littérature. Il glissa un regard à son voisin, lequel ne semblait pas plus attentif que lui. Jean griffonnait quelque chose à l'aide d'un crayon à papier. Sa main gauche maintenait sa tête en place tandis que sa main droite s'affairait en silence. Il semblait concentré sur son œuvre.

     Marco continua de l'observer à la dérobée. Il le faisait beaucoup, ces derniers jours. À vrai dire, Jean ne s'était pas encore expliqué de son intervention spontanée face à Reiner. C'était à peine s'il lui avait adressé la parole depuis. Les deux garçons étant assis côte à côte, ce n'étaient pourtant pas les occasions qui manquaient. Face à cette indifférence, Marco ne savait pas trop sur quel pied danser. Allaient-ils continuer d'agir comme si cet incident ne s'était jamais déroulé ?

     Marco ne remarqua pas immédiatement que Madame Dork s'était interrompue. De même qu'il mit quelques secondes avant de relever qu'elle s'était approchée d'eux. Elle avait un sourire de façade aux lèvres, les mains jointes au niveau de son nombril, la tête légèrement inclinée sur le côté. On aurait dit l'allure d'une maîtresse qui s'apprêtait à reprendre gentiment un écolier.

     — Jean, j'aimerais beaucoup que tu t'abstiennes de dessiner et que tu écoutes le cours. C'est très désagréable de parler dans le vide, tu comprends ?

     Sans se presser, l'intéressé releva légèrement la tête. Madame Dork le fixait de ses yeux bleus grands ouverts. Il y avait quelque chose de très oppressant chez cette dame. Jean s'efforça de ne pas ciller.

     — Je suis pourtant toute ouïe, lui assura-t-il.

     — Dans ce cas, peux-tu me répéter ce que je viens de dire ?

     — Vous parliez de l'association que vous avez créé avec la prof de maths.

     L'enseignante cligna des yeux. Elle ne s'attendait visiblement pas à une réponse aussi rapide. Marco en fut presque impressionné. Lui-même avait décroché depuis près d'un quart d'heure.

     — Je suis contente de savoir que tu suis un minimum, reprit Madame Dork. Mais ne serait-il pas plus judicieux de consacrer toute ton attention au cours ? Tu prends le risque de développer des difficultés. D'ailleurs, je ne me rappelle plus combien tu as eu au dernier devoir...

     Elle retourna vers son bureau afin de consulter son porte-vues. Jean lui épargna cette peine.

     — J'ai eu dix-huit, déclara-t-il. Sauf erreur de ma part. Et de la vôtre, bien entendue.

     Madame Dork continuait de sourire. On devinait à son regard perçant qu'elle réfléchissait à une réplique pertinente. La sonnerie coupa court au malaise qui s'installait dans la classe. Alors que les élèves s'empressaient de ranger leurs affaires, Madame Dork rappela les devoirs à faire pour la prochaine fois. Jean fourra rapidement trousse et cahier dans son sac. Il n'avait pas l'air de vouloir s'attarder ici.

     — Jean ! l'interpella Marco, alors qu'il s'éloignait déjà. Tu oublies ça.

     Il désigna le dessin qui traînait sur la table. Son voisin venait de passer deux bonnes heures dessus. Jean haussa pourtant les épaules.

     — Tu peux le garder, si tu veux.

     Marco baissa les yeux sur le feuillet. Puis il le glissa soigneusement entre les pages de son cahier.

 Puis il le glissa soigneusement entre les pages de son cahier

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NOTE DE LYA
mes salutations, camarades.

Évidement que Madame Dork est inspirée de deux profs bien chiantes que j'ai eu !!

𝐋'𝐎𝐌𝐁𝐑𝐄 𝐄𝐓 𝐋𝐄 𝐑𝐄𝐅𝐋𝐄𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant