Jean profitait d'une petite sieste bien méritée sur un banc. Son dos aurait préféré une autre surface qu'un bloc de pierre, mais sa nuque reposait confortablement sur quelque chose de mou. En plus, le soleil était encore suffisamment chaud pour chatouiller ses paupières closes. Il aurait volontiers passé tout l'après-midi dans cette position. Si seulement...
— Eh Jean, je rêve où t'es vaguement plus collant depuis qu'on est plus dans la même classe ?
— Évidement, renchéri une seconde voix. On lui manque beaucoup trop.
Le jeune homme ouvrit un œil. Les visages de Hitch et d'Annie se découpèrent à contre-jour dans son champ de vision. Rien d'étonnant, puisque sa tête reposait sur les cuisses de la première. Il dormait mieux avec un oreiller.
— Que voulez-vous ? grommela-t-il. Même moi, j'ai besoin d'un peu de compagnie.
— Il n'y a vraiment personne avec qui tu t'entends bien un minimum dans ta classe ?
Jean marmonna quelque chose qui ressemblait à un non.
— La moitié est en pâmoison devant Eren. L'autre moitié est en pâmoison devant moi. Autant vous dire que je préfère éviter les deux. Oh, il ya aussi Reiner. Mais ce type est un imbécile.
— Et ton voisin ? Celui qui est nouveau ici. Il s'est fait des ami·e·s ?
Le jeune homme adressa un regard curieux à Hitch. Comment savait-elle cela ? Maintenant qu'il y pensait, il avait peut-être dit un mot ou deux aux filles à ce sujet...
— Marco ? Il reste beaucoup dans son coin. Je crois que c'est volontaire.
— Ce serait un solitaire ? As-tu au moins essayé de parler un peu avec lui ?
Jean prit le temps d'y réfléchir. Probablement pas. Il n'avait même pas le souvenir de l'avoir regardé une seule fois dans les yeux depuis le début de l'année. Hitch et Annie soupirèrent face à son silence.
— Et il est comment, ce Marco ? demanda Hitch, l'air de rien.
— Euh... Calme. Réservé. Il a l'air très studieux. En fait, c'est un peu le cliché du premier de la classe. Tu vois le genre ? C'est genre une éponge à connaissances. On dirait qu'il absorbe tout ce qui sort de la bouche des profs. C'est assez impressionnant.
— Un studieux, répéta Annie. Calme et réservé.
— Un marginal, en somme. Non ? l'interrogea Hitch.
Jean haussa les épaules. Il ne voyait pas où elles voulaient en venir.
— Peut-être bien que oui. Et alors ?
— Un marginal, répéta encore Annie.
— Ça me rappelle quelqu'un, ajouta Hitch.
Les deux filles lui lancèrent un regard appuyé. Jean souffla.
— Moi, un marginal ? Peut-être. C'est pas mon problème. Et même si c'était le cas, pas sûr que deux marginaux en valent mieux qu'un. Surtout si chacun est bien dans son coin.
Annie attrapa la mâchoire de son ami entre ses doigts.. Comme ça. Sans prévenir.
— Qu'ech qu'i t'prend ? s'étonna Jean, qui peinait à s'exprimer.
— Tu as détourné le regard. Tu fais ça quand tu nous racontes un bobard.
— Crache donc le morceau, insista Hitch. Qu'est-ce qui te préoccupe ?
Jean s'extirpa des griffes d'Annie. La jeune femme avait décidément une sacrée poigne. Il soupira de plus belle. Il se demandait s'il faisait vraiment un piètre menteur ou s'il était tout simplement impossible de cacher quelque chose à ses amies.
— Je crois que Reiner cherche des noises à Marco. La rengaine habituelle, finalement.
Annie fit claquer sa langue. Le dédain se lisait sur son visage.
— Il faut toujours qu'il se trouve un nouveau souffre-douleur en début d'année. Ce rustre ne va-t-il donc jamais grandir ? On n'est plus en primaire.
Hitch soupira. Puis elle lança un clin d'œil amusé à Annie.
— Mais heureusement pour Marco, Jean sera là pour voler à son secours !
— Et puis quoi encore ? grommela-t-il. Reiner me fiche la trouille à moi aussi.
— Ce ne serait pourtant pas la première fois que tu joues les chevaliers.
La dernière remarque de Hitch jeta un froid. Ce ne serait pas la première fois, en effet. Mais Jean n'avait pas vraiment envie de se mêler à nouveau des affaires d'un autre. Pas maintenant qu'il en connaissait les conséquences. Annie haussa les épaules.
— Tu sais, Jean, je ne crois au mieux qu'un mot sur deux qui sort de ta bouche. Tes actions en disent toujours plus que tes paroles. Le moment venu, je sais que tu feras le bon choix.
Jean referma ses paupières. Il espérait avoir ne serait-ce qu'un air de ressemblance avec celui que les filles voyaient en lui.
NOTE DE LYA
mes salutations, camarade.À mon humble avis, on ne peut pas écrire de fanfiction jarco clichée digne de ce nom sans faire de Marco une victime de harcèlement scolaire. Preuve en est que c'est l'un des points forts de THE STITCHES UNDER YOUR SKIN, ma première fanfiction sur eux !
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𝐋'𝐎𝐌𝐁𝐑𝐄 𝐄𝐓 𝐋𝐄 𝐑𝐄𝐅𝐋𝐄𝐓
RomanceAu lycée, Jean porte sa popularité comme un fardeau. On lui a collé une première étiquette, puis une autre, et encore une autre, jusqu'à ce qu'il ne sache plus lui-même qui il est vraiment. À l'aube de sa rentrée en terminale, Jean n'a déjà qu'une h...