Le ballon atterrit une fois de plus dans les mains de Jean, qui dribla sur trois enjambées avant de mettre un panier. Les membres de son équipe savourèrent ces nouveaux points. Loin d'être euphorique, Jean soupira. Les autres n'arrêtaient pas de lui faire la passe, alors même qu'il était rarement bien placé. À force d'être autant sollicité, il commençait à avoir mal aux pieds.
Jean n'avait aucune appétence particulière pour le basket. Il n'était, plus largement, pas très sportif. Le moindre effort physique l'ennuyait. Quite à perdre son temps, il préférait faire une bonne sieste. Mais Jean n'avait malheureusement pas le droit de piquer du nez en plein cours d'EPS. D'autant qu'il était beaucoup sollicité. Car pour une raison qui lui échappait, la plupart de ses camarades étaient persuadé·e·s qu'il adorait le basket.
Et pour couronner le tout, Jean devait partager le terrain avec Eren. Son égo démesuré saturait l'air du gymnase tout entier. À chacun de ses paniers, le jeune homme se tournait vers son rival de toujours, un sourire satisfait au visage. Eren comptait probablement les points dans sa tête. Jean ne prit pas la peine de lui rappeler qu'ils étaient dans la même équipe. Ce pédant ne méritait pas qu'on gaspille sa salive pour lui.
Les ballons rebondissaient dans tous les sens. Les semelles crissaient sur le revêtement caoutchouteux. Des directives, des remarques, des injures fusaient de part et d'autre du gymnase. Jean commençait sérieusement à en avoir ras-le-bol. Il avait mal aux pieds, mal aux jambes, mal au crâne. L'horloge digitale indiquait qu'il restait dix minutes avant la fin du match.
Alors qu'il avait toujours le menton levé en l'air, Jean fut bousculé. Si violemment que cela semblait volontaire. Cette impression se confirma lorsqu'il croisa le regard de Reiner, qui n'avait pas l'air très pressé de s'excuser. En revanche, plusieurs personnes se pressèrent autour du jeune homme pour s'assurer qu'il allait bien. Même Eren lui tendit une main pour se relever, un sourire joyeux aux lèvres. Jean se releva seul.
— J'ai besoin d'une pause, lâcha-t-il. Continuez sans moi.
S'il restait ici une seconde de plus, il allait finir par frapper quelqu'un. Jean s'éloigna vers les vestiaires, claquant la porte derrière lui. Mais il pouvait toujours entendre les bruits qui résonnaient depuis le gymnase. Jean se réfugia dans les doubles adjacentes. Il appuya sur un bouton au hasard, fit trois pas pour éviter le jet d'eau et se laissa glisser au sol. Il ferma les yeux et s'efforça de faire le vide dans sa tête.
Le clapotis des gouttes qui s'écrasaient sur le carrelage ne dissimulait pas à lui seul tous les bruits, mais c'était mieux que rien. Jean entendit tout de même la porte des vestiaires s'ouvrir et se refermer. Quelqu'un·e l'avait rejoint dans les douches. Le jeune homme garda sa tête baissée et ses paupières closes. Mais il finit par rouvrir les yeux, presque en sursaut.
On venait de poser quelque chose sur ses oreilles. Jean reconnu la forme familière de son casque audio. Le contrôle actif du bruit était activé. Raison pour laquelle il se sentit déjà beaucoup mieux. La personne qui venait de l'extirper de sa misère s'installa juste à côté de lui, sur le carrelage froid. Il s'agissait de Marco. Jean fut surprit, sans vraiment l'être. Les paroles de Hitch et d'Annie lui revinrent en mémoire. Il fallait bien un marginal pour en aider un autre.
Ce qui l'étonna davantage, c'était l'attitude du nouveau venu. Il ne chercha pas à lui parler. Il ne demanda aucune explication. Il se contentait de rester là, en silence. Il avait l'air profondément calme. Pas juste discret, comme il l'était d'ordinaire, mais plutôt... imperturbable. Comme si rien ne pouvait l'atteindre. Marco regardait l'eau qui coulait encore à quelques pas d'eux. Il y avait dans son regard quelque chose que Jean ne sut pas définir. Quelque chose qui le fit frissonner.
Alors il referma ses yeux et profita du silence qui parvenait à ses oreilles.
NOTE DE LYA
mes salutations, camarade.J'avais pas du tout prévu cette scène à la base mais je trouve que ça contribue à déconstruire le cliché du populaire (et puis on a Marco qui fait son mystérieux là soyons honnêtes).
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𝐋'𝐎𝐌𝐁𝐑𝐄 𝐄𝐓 𝐋𝐄 𝐑𝐄𝐅𝐋𝐄𝐓
RomanceAu lycée, Jean porte sa popularité comme un fardeau. On lui a collé une première étiquette, puis une autre, et encore une autre, jusqu'à ce qu'il ne sache plus lui-même qui il est vraiment. À l'aube de sa rentrée en terminale, Jean n'a déjà qu'une h...