𝟏𝟕 ¦ 𝐃𝐄𝐑𝐍𝐈𝐄𝐑 𝐀𝐂𝐓𝐄

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     La sonnerie marqua la fin du cours de HLP. Jean n'avait pas tout à fait terminé son dessin. Sur sa feuille, Nietzsche marchait dans les nuages. Marco tapota l'épaule de son ami. Il était visiblement pressé de partir. Le jeune artiste finit par remballer ses affaires. Madame Dork disait au revoir aux élèves qui sortaient devant elle. Jean devinait une pointe d'animosité derrière son sourire poli. Depuis ses échanges avec Monsieur Shadis, elle s'abstenait de lui faire des remarques sur son assiduité en classe.

     Dans le couloir comme dans les escaliers, Jean suivait Marco de très près. Son ami était un peu plus grand et un peu plus large que lui, alors il le laissait ouvrir la voie. D'autant plus qu'avec sa nouvelle allure, les gens tendaient à s'écarter plus facilement devant lui. Ces dernières semaines, il laissait ses chemises blanches et ses pantalons clairs au placard. Il en était de même pour ses lunettes cassées, qui avaient pris un aller simple pour la poubelle.

     À la place, Marco avait ses vêtements préférés. Une collection entière de pièces plus noires les unes que les autres. Jean comprenait mieux pourquoi il avait fait une fixette sur cette couleur, lors de leur rencontre. C'était tout simplement celle qui lui allait le mieux. Marco en avait définitivement fini avec son image de garçon sage. Ce qui ne l'empêchait pas de rester le premier de la classe, bien sûr. Et il comptait bien le rester.

     Les deux garçons sortirent dans la cour. Ils s'adossèrent contre le mur, juste à côté de la porte qu'ils venaient de franchir. Ils attendaient Hitch et Annie qui devaient les rejoindre pour manger. Elles avaient intérêt à faire vite, car il commençait à faire sacrément froid dehors. De la buée sortait de la bouche de Marco. La voix d'une fille qui s'approchait détourna son attention. Jean sentit son corps se crisper. Mais ce n'était pas lui qu'elle venait saluer. C'était Marco.

     — Tu vas finir par devenir plus populaire que moi, fit remarquer Jean une fois que la lycéenne se soit éloignée.

     — Ça t'embêterait ? l'interrogea Marco, moitié moqueur, moitié sérieux.

     Jean secoua la tête en signe de négation. Mais il avait répondu un peu trop vite. Une fois l'idée encrée dans son esprit, il lui fallu moins de trois secondes pour réaliser que ce n'était pas aussi simple.

     — Peut-être bien que oui. Je crois que ça ne me plairait pas. J'aurais peur que les choses changent trop entre nous, expliqua-t-il.

     D'abord sans voix, Marco finit par éclater de rire. Il reprit néanmoins, plus sérieusement :

     — Toi et moi, on était un peu les deux faces d'une même médaille. Personne ne savait qui j'étais vraiment, car je me cachais trop bien derrière mon masque. Alors qu'en dépit de ton honnêteté, tout le monde t'as affublé d'un rôle qui ne t'allait pas. Comme si j'étais l'ombre et que tu étais le reflet.

     — Et ce serait quoi, la morale de tout ça ? lui demanda Jean. Qu'on était fait pour devenir amis ?

     Le sourire de Marco s'agrandit. Il détacha son dos du mur, mais laissa son avant-bras droit en contact avec sa surface rêche. Il se positionna devant son ami, vers lequel il se pencha légèrement.

     — Il y a une chose que j'ai compris ces dernières semaines. Tu ne veux pas être mon ami, Jean. En fait, je crois que tu aimerais être un peu plus que ça. J'ai tort ?

     Jean dégluti avec difficulté. Le visage de Marco n'était qu'à quelques centimètres du sien. Il était fait prisonnier entre le mur et le corps de son ami. Mais il n'avait aucune envie de s'enfuir. Pas quand tout ce qu'il désirait se trouvait précisément juste sous ses yeux. Jean posa sa main contre la clavicule de Marco. Ses doigts se mêlèrent à la chaîne en argent qu'il portait autour du cou. Il tira faiblement dessus.

     — Et si je te disais que tu n'as pas tort, murmura-t-il, que se passera-t-il ?

     Marco se mordit la lèvre inférieure. Il se pencha encore, réduisant la distance entre eux.

     — J'ai peur qu'il te faille attendre pour le découvrir, souffla-t-il contre sa bouche.

     Jean le regarda s'écarter sans comprendre. Par dessus l'épaule de Marco, il finit par remarquer Annie et Hitch qui se tenaient là, bouches et yeux grands ouverts. Elles avaient l'air un peu secouées, mais surtout très intriguées. Et elles n'étaient pas les seules. Les deux garçons se trouvaient au beau milieu de la cour, là où tout le monde pouvait les voir. Quelques élèves chuchotaient déjà entre elleux. Les principaux concernés ignorèrent les regards posés sur eux. Ils attrapèrent les filles au passage, et poursuivirent leur route vers la cantine.

     On allait encore jaser. Mais pour la première fois de sa vie, Jean s'en fichait complètement.

 Mais pour la première fois de sa vie, Jean s'en fichait complètement

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NOTE DE LYA
clap de fin !

Très contente d'avoir terminé ce petit projet ! Il ne faisait pas du tout partie de mes plans, mais c'était l'occasion parfaite pour débuter la collection de petites fanfictions que j'aimerais faire grandir sur ce compte.

Je n'ai pas vraiment compté le nombre exact de clichés, mais je crois que j'ai parfaitement respecté le thème du concours ! J'espère que vous avez apprécié ma version du "monsieur populaire et le nouvel intello" qui se révèle un peu plus complexe que ça.

Merci de votre lecture.
On se retrouve très bientôt,
Lya 💛

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𝐋'𝐎𝐌𝐁𝐑𝐄 𝐄𝐓 𝐋𝐄 𝐑𝐄𝐅𝐋𝐄𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant