Après quelques secondes qui semblèrent durer une éternité, Marco se retourna enfin vers Jean. Ses yeux se plissèrent légèrement. Comme si le jeune homme venait de remarquer sa présence. Il relâcha sa poigne sur les cheveux de Reiner. Ce dernier se recroquevilla au sol. Il n'avait pas l'air si amoché que ça, mais le choc l'avait fait s'évanouir. Jean replongea son regard dans celui de Marco qui s'approchait, l'air un peu embêté. Il ne savait pas par où commencer.
— Je crois que tes lunettes sont cassées, lui dit Jean.
Il désigna la paire qu'il venait de ramasser dans un coin. Les branches étaient toutes tordues. L'un des verres était même fissuré. Marco s'en empara avec un haussement d'épaules.
— Tant pis. De toute façon, ce sont des fausses.
Il posa la monture bancale sur le nez de Jean, qui constata lui-même l'absence de correction. Ce n'était que du verre. Pourquoi Marco les portait-il, alors ? Jean était tellement confus qu'il en oublia de poser des questions. Ce fut Marco qui le sortit de sa léthargie.
— Ne restons pas là, décida-t-il en lui attrapant la main.
Jean le suivi dans les escaliers. Ils ressortirent à l'air libre, dans la cour intérieure. Marco l'entraîna vers un coin tranquille, derrière l'angle d'un bâtiment, où personne ne pouvait les voir. Il s'allongea dans l'herbe. Jean hésita, avant d'en faire de même.
— Je suis désolé, Jean. Tu m'as fait suffisamment confiance pour te montrer honnête avec moi. Et je n'ai pas été capable d'en faire de même avec toi, avoua Marco. Il y a certaines choses que j'ai volontairement caché à tout le monde. Mais je vais tout t'expliquer. Et je ne t'en voudrais pas si tu ne veux plus être mon ami après ça.
Cette dernière remarque sortit Jean de son hébétude.
— Bien sûr que je veux toujours être ton ami ! Je suis juste un peu... surpris ? Disons que j'ai du mal à distinguer le vrai du faux dans toute cette histoire. Ton côté intello... alors ce serait du bluff ?
— En partie, seulement, lui confia Marco avec un clin d'œil. Ce n'est pas pour me vanter, mais je suis vraiment un très bon élève. J'aime apprendre. Je suis attentif en classe, je fais toujours mes devoirs, je révise régulièrement mes cours. Et il est vrai que je suis un peu solitaire. Ce qui fait de moi une cible parfaite pour brutes en puissance comme Reiner.
» J'ai toujours été la cible de harcèlement. En primaire, déjà, les autres élèves se moquaient de moi parce que j'étais différent. Je ne cherchais pas particulièrement à me faire des ami·e·s. Je préférais jouer aux échecs que jouer au ballon. Pendant les récréations, je restais souvent dans mon coin. Alors on essayait de m'atteindre en me disant des choses méchantes. Comme ça ne marchait pas, les actes ont remplacé les mots. On volait mes affaires, on gribouillait dans mes cahiers, on me faisait des croche-pieds dans le couloir...
» La plupart des enfants finissent par fondre en larmes ou continuent d'encaisser sans rien dire. Mais je n'étais pas vraiment de cette tempe-là. Alors j'ai fait exactement ce qu'on nous demande de faire dans une situation pareille : j'en ai parlé à un adulte. Mes harceleur·se·s ont été rappelé·e·s à l'ordre. Mais iels n'ont pas arrêté pour autant. Alors j'en ai de nouveau parlé à un adulte. Et ainsi de suite.
» C'était un cercle vicieux. Au bout d'un certain temps, les adultes ont commencé à douter de ma parole. Après tout, je n'avais pas l'air d'être en détresse. On m'a fait comprendre que je n'étais pas la victime parfaite. Comme je n'avais pas vraiment besoin d'aide, on a arrêté de m'aider. Et ça, ça m'a vraiment énervé. Alors j'ai décidé de prendre les choses en main...
Marco s'était tourné sur le côté, sa tête contre sa main, son coude contre le sol. Il se pencha vers Jean, un sourire malicieux aux lèvres.
— Pendant une semaine, je leur ai fait les pires crasses possibles. J'ai volé leurs sous-vêtements dans les vestiaires de la piscine. J'ai jeté leurs cahiers dans les toilettes de l'école. J'ai collé des chewing-gum sur leurs chaises. Je les ai même enfermé·e·s dans un placard sans lumière. Je sais qu'iels savaient que c'était moi. Mais iels avaient trop honte pour en parler. Et je peux te dire qu'après tout ça, iels n'ont plus jamais cherché à s'attirer mes foudres.
Marco avait cette étincelle dans le regard dont Jean ne parvenait pas à se détacher.
NOTE DE LYA
mes salutations, camarade.Je réalise avec surprise que je n'ai encore jamais exploité le Dark!Marco alors que le potentiel est énorme !! En attendant il faudra vous contenter de ce Marco qui est bien loin du cliché de l'intello un peu timide dans lequel on l'enferme souvent.
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𝐋'𝐎𝐌𝐁𝐑𝐄 𝐄𝐓 𝐋𝐄 𝐑𝐄𝐅𝐋𝐄𝐓
RomanceAu lycée, Jean porte sa popularité comme un fardeau. On lui a collé une première étiquette, puis une autre, et encore une autre, jusqu'à ce qu'il ne sache plus lui-même qui il est vraiment. À l'aube de sa rentrée en terminale, Jean n'a déjà qu'une h...