Chapitre 8 : Le premier jour

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Les ruelles à l'intérieur du Mur Rose étaient étroites et tortueuses, serpentant entre des rangées de maisons en pierre serrées les unes contre les autres. La pluie tombait drue, s'écrasant sur les pavés irréguliers avec un rythme frénétique, transformant les ruelles en un réseau glissant de flaques et de ruisseaux boueux. Les rares lampadaires qui éclairaient les rues diffusaient une lueur pâle, leurs flammes tremblotant sous le souffle humide du vent.

Erwin Smith avançait avec détermination, ses bottes éclaboussant l'eau sale à chaque pas. Sa grande cape sombre, tirée serrée contre son corps, ne faisait pas grand-chose pour le protéger de la pluie battante. À son bras, sa sœur Marie, tentait de garder l'équilibre tout en évitant les flaques et les passants pressés. Elle tenait fermement le bras d'Erwin, son visage tendu par la concentration.

Les gens couraient autour d'eux, cherchant à s'abriter de la tempête soudaine. Des mères pressaient leurs enfants contre elles, couvrant leurs têtes de capuchons et de vêtements pour les protéger. Des cris d'enfants résonnaient, mêlés aux appels d'adultes qui tentaient de se faire entendre au-dessus du bruit incessant de la pluie.

Marie, les yeux rivés au sol pour éviter de glisser, manqua de trébucher sur une pierre détachée. Mais la main ferme d'Erwin autour de son bras la maintint debout. « Fais attention, Marie, » murmura-t-il, son ton mélangeant douceur et réprimande. « Ce n'est pas le moment de te blesser. »

Elle hocha la tête, une petite moue sur le visage. « Désolée... je fais de mon mieux. »

Erwin jeta un coup d'œil autour d'eux, son expression empreinte de doute. Il n'était pas sûr que cette idée soit la bonne. « Tu sais, Marie... je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée. Cet endroit, et... ce médecin. »

Marie leva les yeux vers lui, son regard déterminé malgré la pluie qui coulait sur son visage. « Je veux juste une chance, Erwin. Une chance d'apprendre quelque chose d'utile. Je te promets que je ferai de mon mieux. »

Erwin soupira, ne pouvant s'empêcher d'être préoccupé. Mais il savait aussi qu'il ne pouvait pas protéger Marie de tout. Elle devait faire ses propres choix, même s'ils l'inquiétaient.

Ils finirent par arriver devant un bâtiment austère, aux murs de pierre grise marqués par les années. Une petite enseigne en bois pendait au-dessus de la porte, à moitié effacée par le temps et les intempéries. On pouvait y lire « Dr. Jonas Krauss, Médecin ».

Erwin s'arrêta devant la porte et leva la main pour frapper, la pluie ruisselant de son bras levé. Marie se serra un peu plus contre lui, jetant un coup d'œil nerveux à l'enseigne. « Tu es sûre de vouloir faire ça ? » demanda Erwin une dernière fois.

Marie hocha la tête, déterminée. « Oui, je suis sûre. »

Erwin frappa à la porte en bois. Après un moment, elle s'ouvrit avec un grincement sinistre, révélant un vieil homme à l'air sévère, ses cheveux gris et hirsutes s'accordant parfaitement avec l'air de la pluie qui tombait autour de lui. Son regard perçant scruta Erwin et Marie d'un œil critique. « Qui êtes-vous, et que voulez-vous ? » demanda-t-il d'une voix rauque.

Erwin s'inclina légèrement. « Major Erwin Smith. Je suis venu pour discuter d'un arrangement pour ma sœur, Marie. Elle souhaite apprendre la médecine sous votre tutelle. »

Le docteur Krauss haussa un sourcil, visiblement surpris. « Une femme, apprendre la médecine ? » Il émit un rire sec et peu engageant. « C'est du jamais vu. Je n'ai jamais eu de femme apprentie, et je ne compte pas commencer maintenant. »

Marie, se sentant quelque peu offensée, ouvrit la bouche pour protester, mais Erwin posa une main rassurante sur son bras. « Docteur Krauss, je comprends vos réserves, mais Marie est déterminée. Elle peut commencer par les tâches de base — ranger la réserve, nettoyer le cabinet — et observer vos méthodes. Elle est prête à travailler dur. »

𝑻𝒉𝒆 𝑯𝒆𝒊𝒓𝒆𝒔𝒔 𝒂𝒏𝒅 𝒕𝒉𝒆 𝑪𝒂𝒑𝒕𝒂𝒊𝒏 (𝑳𝒆𝒗𝒊 𝒙 𝑶𝒄)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant