Chapitre 23 : Les Cloches

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Le bordel des bas-fonds était un lieu sombre et oppressant, niché au cœur des quartiers les plus sordides de la capitale. L'extérieur de la bâtisse, délabré et couvert de graffitis, témoignait des années de négligence et de dépravation. Des lanternes rouges diffusaient une lueur trouble à travers les fenêtres sales, projetant des ombres inquiétantes sur les pavés humides. À l'intérieur, l'air était lourd, imprégné d'une odeur de sueur, de fumée, et d'alcool bon marché. Les rires faux et les murmures lascifs des prostituées remplissaient l'espace, se mêlant aux gémissements étouffés et aux sons de plaisir feints provenant des chambres à l'étage.

Dans une petite chambre au fond du couloir, la lumière vacillait faiblement, projetant des ombres mouvantes sur les murs fissurés. Levi se tenait adossé contre le mur, les bras croisés, ses yeux sombres fixés sur Marie, allongée sur le lit étroit. Elle était endormie, épuisée par la peur et le stress des événements récents. Ses traits étaient tirés, mais elle semblait paisible, presque vulnérable dans cette position. La couverture usée la recouvrait à peine, laissant entrevoir ses jambes nues, encore marquées de bleus et de coupures.

Levi poussa un soupir silencieux, son regard se faisant plus intense alors qu'il l'observait. Les images des hommes qui avaient tenté de la brutaliser tournaient encore dans son esprit, comme une sombre mélodie qui ne voulait pas s'arrêter. Il se remémorait leurs rires vulgaires, leurs mains sales sur elle, et la terreur dans les yeux de Marie. Sa mâchoire se serra, un éclat de colère brillant dans ses yeux. Comment avaient-ils osé toucher une fille aussi douce et innocente ?

Il s'approcha lentement du lit, ses bottes lourdes faisant grincer le plancher. Son regard parcourut le corps de Marie, cherchant des signes de blessures, des marques de la violence qu'elle avait subie. Il écarta doucement ses jambes, ses mains calleuses et expertes prenant soin de ne pas la réveiller. Sous la lumière vacillante, il examina attentivement ses genoux éraflés, ses cuisses meurtries, cherchant les signes d'une blessure plus grave.

Mais une pensée l'obsédait, un doute qui le hantait depuis qu'il l'avait trouvée dans cet état. Ont-ils été plus loin ? Ont-ils... défleuré Marie ? Il savait que ces bas-fonds étaient un endroit où l'innocence n'avait pas de valeur, où la brutalité régnait en maître. Les souvenirs de sa propre enfance ici, dans cet enfer, lui revinrent en mémoire, l'image de sa mère, une femme brisée par les hommes et la vie.

Il remonta sa main lentement, ses doigts glissant sur la peau de Marie, douce malgré les épreuves. Il hésitait, partagé entre le désir de s'assurer qu'elle allait bien et la crainte de découvrir la vérité. Ses doigts effleurèrent le tissu fin de sa chemise de nuit, sa respiration devenant plus lourde, plus profonde. Il se pencha légèrement, ses yeux scrutant chaque centimètre de sa peau pâle.

Soudain, une porte grinça dans le couloir. Levi se redressa, ses yeux se durcissant immédiatement, prêt à toute éventualité. Une silhouette féminine apparut à l'entrée de la chambre, une lumière tamisée derrière elle révélant un visage familier. C'était Anne, une ancienne amie de sa mère, une femme qui avait travaillé ici des années auparavant, qui connaissait bien les rouages de cet endroit.

Anne entra, son regard se posant sur Levi puis sur Marie. Elle avait les cheveux grisonnants, des rides marquaient son visage fatigué, mais ses yeux étaient vifs et observateurs. Elle ferma doucement la porte derrière elle, s'approchant du lit avec une expression de curiosité et d'inquiétude.

« C'est elle, la gamine dont tu parlais ? » murmura-t-elle, sa voix rauque trahissant des années de fumée et d'alcool. Elle posa ses mains sur ses hanches, observant Marie avec un mélange de compassion et de résignation.

Levi hocha la tête, son visage impassible. « Oui, » répondit-il, sa voix basse et grave. « Je dois savoir... ils l'ont touchée ? »

Anne soupira, son regard se posant sur Levi avec une certaine tristesse. Elle savait pourquoi il était inquiet, elle comprenait les horreurs qu'une femme pouvait subir dans un endroit comme celui-ci. Elle s'assit doucement sur le bord du lit, son regard scrutant le visage endormi de Marie. « Pauvre enfant... » murmura-t-elle. « Elle ne devrait pas être ici. Pas une fille comme elle. »

𝕃'𝔥𝔢́𝔯𝔦𝔱𝔦𝔢̀𝔯𝔢 𝔢𝔱 𝔩𝔢 𝔠𝔞𝔭𝔦𝔱𝔞𝔦𝔫𝔢 (𝕃𝕖𝕧𝕚 𝕩 𝕆𝕔)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant