𝑻𝒉𝒆 𝑯𝒆𝒊𝒓𝒆𝒔𝒔 𝒂𝒏𝒅 𝒕𝒉𝒆 𝑪𝒂𝒑𝒕𝒂𝒊𝒏 (𝑳𝒆𝒗𝒊 𝒙 𝑶𝒄)

Chapitre 1 : Le dernier rempart

La nuit tombait rapidement sur les terres dévastées au-delà des Murs. Une pluie battante s'abattait avec une violence inouïe, martelant le toit de la carriole en bois qui cahotait sur une route défoncée, jadis un sentier de campagne, désormais englouti par la boue et les flaques d'eau. Le vent hurlait comme une bête enragée, sifflant à travers les interstices du bois mal ajusté, faisant osciller dangereusement la lourde carriole à chaque rafale. Les éclairs zébraient le ciel d'un blanc aveuglant, suivis instantanément par des coups de tonnerre qui semblaient secouer la terre elle-même.

À l'intérieur de la carriole, le tout nouveau major du Bataillon d'Exploration, Erwin Smith, restait impassible. Assis sur l'un des bancs de bois dur, son dos droit comme un mât, il feuilletait calmement des papiers malgré les secousses irrégulières du véhicule. La lumière vacillante d'une lanterne accrochée au plafond projetait des ombres mouvantes sur son visage déterminé, mettant en lumière ses traits sévères et la détermination qui brûlait dans ses yeux bleus. Les documents qu'il examinait étaient protégés de l'humidité par une couverture en cuir épais, mais même ce cuir montrait des signes d'usure, comme tout ce qui appartenait aux soldats du Bataillon.

Les murs de la carriole, faits de bois brut, étaient renforcés par des bandes de métal riveté, témoignant des nombreuses réparations effectuées au fil des années. Des crochets de fer suspendus au plafond tenaient en place diverses armes et équipements, tous ballotés par les mouvements saccadés du véhicule. Le sol, en bois rainuré, était jonché de traces de boue et de gravillons, souvenirs des combats récents et des missions désespérées.

En face d'Erwin, le Caporal Hanji Zoe était plongée dans sa propre obsession. Elle tenait entre ses mains une pierre étrange, découverte lors de leur dernière expédition au-delà des Murs. La pierre, d'un noir profond avec des éclats iridescents, semblait capturer la faible lumière de la lanterne pour la restituer sous la forme de reflets mystiques. Hanji la fixait intensément, ses yeux brillant de fascination et de curiosité inextinguible. Ses doigts fins et nerveux tournaient et retournaient l'objet, comme si elle cherchait à percer le mystère de sa nature à travers le seul contact.

« Erwin, tu ne trouves pas ça fascinant ? » Sa voix, habituellement vive, était presque un murmure, comme si elle parlait plus pour elle-même que pour son commandant. « Cette pierre... elle ne ressemble à rien de ce que nous avons trouvé jusqu'ici. Elle pourrait bien être la clé de... quelque chose de grand, quelque chose d'inconnu... »

Erwin leva brièvement les yeux de ses papiers pour observer Hanji. Il avait appris à respecter ses intuitions, aussi excentriques soient-elles. « Peut-être, Hanji, mais ce mystère devra attendre. Nous avons d'autres priorités pour l'instant. »

Le visage de Hanji s'illumina un instant, malgré l'obscurité ambiante. « Oh, je le sais bien, Major, mais imagine... Si cette pierre nous permettait de comprendre d'où viennent les Titans, ou même de les combattre plus efficacement... »

Le vent hurla à nouveau, secouant la carriole si violemment qu'Erwin dut poser une main ferme sur les papiers pour éviter qu'ils ne s'envolent. Il plissa les yeux, scrutant le rideau de pluie battant qui entourait leur modeste refuge mobile. Au-delà des Murs, tout était hostile, tout était inconnu, et chaque détail, chaque découverte, même aussi insignifiante qu'une simple pierre, pouvait signifier la différence entre la vie et la mort pour l'humanité.

« Tout ce que nous trouvons doit être pris en compte, c'est vrai, » concéda-t-il, sa voix grave dominant les bruits de la tempête. « Mais il nous faut rester concentrés. Nous devons nous assurer que chaque soldat rentre vivant de la prochaine expédition. »

Hanji hocha la tête, mais son regard ne quittait pas la pierre. Pour elle, ce petit objet était bien plus qu'une curiosité ; c'était un fragment d'un puzzle bien plus vaste, un élément de réponse dans une guerre où l'ennemi demeurait, en grande partie, un mystère impénétrable.