Chapitre 1 - Naissance d'un chaos

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Un courant d'air s'immisce dans mes cheveux jouant avec une mèche blonde échappée de ma queue de cheval. Je la balaie d'un geste vif et agacée. Mes yeux se posent le bout de mon orteil qui sort de mes Converse trouées avant de se porter sur le paysage autour de moi.

— Je suis à Athènes, je marmonne encore une fois.

J'avale avec difficulté ma salive, scrutant les lumières flamboyantes de la ville qui se jouent de l'obscurité.

Athènes de nuit, c'est très impressionnant, je songe, une boule dans la gorge et l'estomac noué.

Les passants me frôlent, rient et continuent leurs vies sans rien savoir du trouble qui m'habite. Mes mains se resserrent sur les anses de mon sac à dos.

Mais qu'est-ce que je fais là ? je me demande pour la centième fois.

Je suis folle. Je ne vois aucune autre explication rationnelle à ma présence ici, sur ce trottoir bondé à me faire bousculer par des Grecs un brin éméchés.

J'ai beau réfléchir, non, je ne sais pas ce qui m'a pris...

Peut-être avais-je besoin de tester ma liberté toute neuve ? Ou alors, parce que rien ne m'attendait dans le centre d'hébergement et de réhabilitation que l'on m'avait attribué ?

Certains diront que c'est un toit et que c'est déjà mieux que rien.

Je leur répondrai qu'un véritable toit, c'est quand on n'a pas peur de s'endormir trop profondément. Et dans le lieu qui m'est réservé, personne ne peut sombrer complètement dans les bras de Morphée.

Alors quitte à ne pas dormir, autant le faire à la lueur des lumières d'Athènes !

Étrangement, je ne suis plus très convaincue par le bien-fondé de ma décision.

Même si, pour la première fois en dix-huit ans, j'ai l'impression de vivre.

Je ne survis pas. Je n'attends rien de personne. Je n'attends plus dans un couloir de savoir si je vais être adoptée ou non. Je n'attends plus avec impatience le courrier qui m'annoncera que malheureusement toutes les chambres universitaires ont été attribuées.

Je n'attends plus de l'autre côté du bureau de l'assistante sociale qui m'observe avec désespoir en se demandant ce que l'on va faire de moi.

Je n'attends rien d'Athènes et Athènes n'attend rien de moi. Nous sommes deux étrangères qui nous rencontrons pour la première fois. Elle, la ville enchanteresse où se mêlent des merveilles d'histoire, les plages de sable blanc, les eaux turquoise... Le paradis sur Terre. Moi, qui ne sais plus comment rêver, ni s'il existe un avenir meilleur que celui qui me semble destiné.

C'est peut-être ici l'endroit idéal, pour me rappeler que rien n'est impossible et que la vie n'est pas forcément celle que j'ai connue jusque-là. Ou en tout cas, c'est ce que je suis tentée de me dire lorsque je regarde les lumières la ville briller de mille éclats, les couples s'enlacer, rire, s'embrasser, et attendre, main dans la main, le feu d'artifice qui signera la fin de cette année et le début d'une autre.

Et si pour une fois dans ta misérable existence, Ophélia, tu y croyais ? je me demande, comme si rien que le fait d'y penser allait conjurer mon triste sort.

Un nouveau courant d'air se faufile entre les passants agglutinés sur le trottoir et caresse mon visage. Je ferme une seconde les yeux.

J'y crois. Je crois que finalement, je ne suis pas condamnée à vagabonder d'un centre d'hébergement à un autre et à attendre que la vie m'emporte dans son tourbillon infernal où rien ne finira bien.

My Mad KingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant