The Shadow of Myself🕷️(𝐋𝐞𝐬 𝐦𝐢𝐫𝐚𝐠𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐥'𝐚̂𝐦𝐞||tome1)

Chapitre 9

Milo

          Le moelleux de mon matelas et les ronflements de mon meilleur pote provenant du salon sont les pires retours à la réalité qu'il puisse exister après un week-end entier de débauche. Mon téléphone m'indique 8 heures du matin, bien trop tôt pour se lever, bien trop tôt pour penser à Solène, bien trop tôt pour beaucoup de choses finalement. Après ma discussion avec l'ex amour de ma vie, mon seul ami n'a pas pu se résoudre à poser une multitude de questions, comme si la voir l'avait fait dégriser en un temps record. Il ne nous à pas suivi, bien qu'il n'aurait rien entendu de compromettant. Ce mec me connaît bien plus que je ne me connaîtrais sûrement jamais. Il connaît seulement les grandes lignes de notre séparation, celles qui ont réduit nos fiançailles à néant. J'ai 24 ans, je suis sûrement le plus âgé de la promo des CAP du lycée, je ne cherche pas à me poser, j'ai des cadavres dans plusieurs de mes placards, et pas seulement de bières. Je suis seulement vu comme un loup solitaire et ça me va très bien comme ça. Je ne l'ai pas toujours été mais aujourd'hui c'est ainsi que je fonctionne, c'est -à -dire assez mal.

          Je me lève de mon lit, enfile mon bonnet pour aller saluer ma mère qui se met à siffler pour essayer de faire taire les ronflements de phacochère de mon meilleur ami. Malheureusement pour elle - ou pour nous – ça ne fonctionne pas. Nous pourrions faire exploser une bombe qu'il ne bougerait pas d'un cil.

- Bonjour mon bébé, dit-elle en m'enlaçant, ça a été ton week-end ?

          J'acquiesce. Je ne sais pas ce qu'elle sait, ce qu'elle croit ou ce qu'elle espère que je fasse pendant les week-ends ou je fuis littéralement sa présence, mais j'ose espérer qu'elle ne se rapprochera jamais de la vérité. Celle bien plus sombre que de croire que je fais seulement la fête avec quelques amis.

          Elle pose ma tasse de café fumante devant moi pendant que je sors une cigarette, je la remercie d'un sourire. Le genre de sourire que seule ma mère à le droit de voir. Elle cache son sourire derrière la substance qu'elle porte à sa bouche. J'aimerais qu'elle pense que mon addiction n'a rien à voir avec elle ou avec ses décisions mais ce serait mentir. Mais au fond, je crois que je gère bien mieux ma dépendance et mes problèmes en tous genres. Elle a toujours l'air de se noyer, ses sourires n'atteignent jamais ses yeux comme auparavant. Avant qu'il ne lui brise le cœur et ses rêves.

          Mon pote grogne sur le lit improvisé du salon, ce qui veut dire qu'il ne va pas tarder à nous casser les oreilles en jacassant de bon matin avec son astrologie mais ce qui veut également dire que je peux fuir pour prendre la route en direction du lycée.

- Oh tu y vas déjà ? me demande-t-il de sa voix rauque.

- Ouep ! On a pas tous la chance de t'entendre piailler le matin !

          Il ricane et enlace ma mère. Je suis bien content qu'elle ne l'informe pas que je suis censé commencé dans seulement une heure. Malgré tous ses défauts, il fait partie de la famille. J'ose espérer que les personnes comme lui finissent toujours par trouver une famille de substitution comme nous. Je caresse la tête de Duchesse avant de prendre la route avec mon casque toujours sur les oreilles.

***

          En arrivant devant le portail, j'aperçois ce que je redoutais le plus depuis que j'ai fait la connaissance de Léonie il y a quelques semaines. Je m'avance vers le petit troupeau qui s'est formé autour d'elle. Elle ne pleure pas, mais elle encaisse durement. Quand elle me voit, son regard s'illumine. Je m'approche doucement et me fraye un chemin parmi la foule. Avant que je l'atteigne, un boulet brun défonce la foule en délire.

- C'est quoi votre problème à tous ? hurle - t -elle.

          Elle pousse gentiment Léonie dans mes bras sans m'adresser un regard, puis s'approche d'une fille de la troupe. Une lionne prête à défendre son lionceau. Elle croquerait quiconque s'approcherait de trop près.