Chapitre 10

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Ivy

          Depuis la discussion avec mon frère il y a 3 jours, je ne l'ai pas croisé, pour ne pas dire que je l'ai évité. Pour lui montrer ma bonne foi, je me suis enfermée dans ma chambre à double tour à chaque fois qu'elle a voulu me chercher des noises. En ce jeudi pas du tout ensoleillé, Léonie se fait retirer son appareil dentaire. Je suis donc assise dans la salle d'attente à côté d'une vieille baveuse sans aucune dent qui pourrait littéralement jouer dans un film d'horreur. Pour effacer cette vision, je sors mon livre et enfonce mes écouteurs dans mes oreilles. Malheureusement la mamie sans chico essaie de communiquer avec moi, son souffle et son haleine tout droit sortie d'une fosse sceptique finit de m'achever. La bile remonte dans ma gorge. Je ne sais pas si j'aurais dû avaler quelque chose ce matin, dans tous les cas j'aurais fini par le rendre.

          Après une heure d'attente dehors, Léo ressort toute pimpante ! Elle sourit de toutes ses dents et je dois avouer qu'elle est splendide. Sa mère se propose pour nous ramener au lycée pendant que sa fille me raconte comment elle se sent libre sans son sourire de ferraille.

- Milo va devoir trouver un autre surnom ! se marre-t-elle.

          Milo. Il faudrait que son prénom entre dans mon crâne pour que je puisse parler de lui de temps en temps avec Léo. J'aimerais savoir de quoi ils parlent tous les deux. Pas que je sois possessive, mais je m'inquiète pour elle. Je ne voudrais pas qu'elle se fasse de fausse idée sur lui, il est loin d'être son genre.

          Il faut que j'arrête de faire des plans sur la comète, Léonie ne parle jamais de ça et ce n'est sûrement pas pour rien, je dois vraiment arrêter de faire une fixette sur lui seulement par jalousie. Ça devient vraiment malsain.

- Tu t'entends bien avec lui, c'est cool, dis-je, amère.

- Oui ! Et je suis sûr que tu t'entendrais bien avec lui aussi si tu ne faisais pas ta sauvage, rit-elle.

          Je grogne de frustration. Je ferais connaissance avec lui quand il y aura une tornade de grêle en Enfer et une canicule au Paradis. Bien que je ne crois en ni l'un ni l'autre, ça reste une bonne excuse pour ne pas être amie avec lui.

          Après quelques minutes de silence pesant, sa mère se gare sur le parking du lycée. Je la remercie et vient ouvrir la porte à sa fille, elle pique un fard comme si elle n'avait pas l'habitude de me voir la chouchouter.

- Léo faut vraiment qu'on fasse un truc pour que tu arrêtes de ressembler à une pivoine à chaque fois que je fais quelque chose de gentil.

- C'est juste que ce n'est plus trop ton truc d'avoir de gentilles attentions.

          Sa remarque n'a rien d'un reproche mais elle me lacère le cœur malgré tout. Elle remarque mon changement d'attitude.

- C'est pas ce que je voulais dire.

- Si, mais c'est pas grave Léo.

          Elle s'approche de moi et prend ma main.

          C'est seulement que tu as tellement changé que je ne te reconnais plus. Tu préfères être seule à longueur de journée, tu fumes tellement que tes poumons doivent ressembler à du charbon, tu t'enfermes dans des romans, tu n'es plus là Ivy.

J'encaisse sans rien dire.

- Je ne sais pas ce que tu reproches à Milo mais il est là pour moi.

Je ressens la première fêlure qu'elle inflige à mon cœur.

Tu as disparu, et je ne peux pas me permettre de disparaître avec toi.

Deuxième fêlure.

The Shadow of Myself🕷️(𝐋𝐞𝐬 𝐦𝐢𝐫𝐚𝐠𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐥'𝐚̂𝐦𝐞||tome1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant