Chapitre 52

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Ivy

    Nous avons jeté notre dévolu sur une petite peluche des indestructibles. Ma fille est une fille inconditionnelle de Flèche. Avec sa chevelure châtain clair, elle adore courir de long en large dans le jardin de sa famille d'accueil et crié le nom de Violette comme si elle se chamaillait avec sa grande sœur imaginaire.

    Je me gare dans l'allée que je connais si bien. Je me permets parfois d'imaginer que nous venons ici, Maeve et moi, seulement pour leur dire bonjour et non pour avoir un droit de visite sur la fille. Quand j'arrête le moteur, Milo regarde partout autour de lui, des étoiles plein les yeux. Nous sortons, puis nous nous dirigeons vers la porte quand nous entendons un cri de joie derrière nous. J'ai tout juste le temps de me retourner quand une petite tornade aux cheveux ondulés me saute dans les bras.

- Maman !

Je la serre très fort dans mes bras jusqu'à sentir les larmes perler aux coins de mes yeux, si similaires aux siens. Elle signe tu m'as manqué avec ses petites mains. Je lui réponds que moi aussi à l'aide des miennes.

- Où sont Nounou et Papou ?

- Là ! s'écrie-t-elle en montrant le jardin.

Je m'approche du salon de jardin où est posé le petit couple. Ils se lèvent pour me saluer, Nounou, plus communément appelé Julia, en me prenant dans ses bras, et Papou, plus connu sous le nom de Alexandre.

- Comment tu vas ? me demande-t-elle. Ça fait si longtemps que l'on ne t'as pas vu.

Alexandre, sourd et muet depuis sa naissance, me signe la même chose que ma petite fille. Tu nous a manqué. Je le prends dans mes bras pour seule réponse.

- Je sais, j'ai eu quelques soucis. Mais tout va bien maintenant !

Je tends le bras pour prendre la main à Milo.

- Je vous présente Milo.

- C'est ton amoureux ? demande Maeve.

Milo s'accroupit devant elle.

- Comment tu t'appelles ?

- Maeve !

- C'est joli comme prénom dis-moi ! On pourrait donner ce prénom à une jolie fleur, tu ne crois pas ?

Elle sautille sur place et le tire par le bras en direction de la serre. Il trébuche presque mais rit aux éclats devant un tel enthousiasme.

- Regarde ! Regarde Miyo !

Il semble stupéfait de l'énorme serre face à lui, mais garde le sourire à l'évocation de son prénom écorché.

- Je pourrais être cette fleur, dit-elle en désignant un plan. Ou elle ! Non. Elle !

Elle ne cesse de sauter et de tirer la manche du pull de mon Milo.

- Et pourquoi tu ne serais pas toutes les fleurs à la fois ?

Elle écarquille de grands yeux quand il s'accroupit de nouveau. Ils mettent à discuter comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Comme si elle n'avait pas eu toutes les raisons de le repousser.

- Qui est-ce ? me demande Julia.

- Un ami.

Ma réponse est trop vive. Ma réponse est accompagnée d'un sourire qui ne trompe pas.

- Et la vérité ?

- C'est un amour.

- C'est ce que je vois, dit-elle simplement. Il a l'air de bien passé avec ta petite princesse.

Je souris et ris. Oui ça se passe bien.

- C'est mon amour, finis-je par dire.

- Tu le mérites ma chérie.

Elle me prend dans ses bras, et je m'y accroche. Malgré la position familiale dans laquelle nous sommes, Julia et Alexandre m'ont accueillis comme si j'étais leur fille et Maeve leur petite-fille. Je me détache quand Maeve montre un gigantesque rosier à Milo.

- Maman pourrait être cette fleur !

- Je suis un cactus ! interviens-je en riant.

Milo me fixe de ses yeux ambrés avant de reporter son attention sur mon mini moi.

- Ta maman peut être un cactus. Parfois, elle peut sembler un peu dure avec ses épines, mais c'est parce qu'elle est très courageuse. Et comme un cactus qui a de jolies fleurs, elle a aussi beaucoup d'amour et de douceur à partager.

Les yeux de ma petite fille pétillent d'amour.

- Un cactus... Nounou il faut planter un cactus !!

Nous rions de bon cœur quand Julia affirme sous les signes de son mari totalement d'accord, qu'ils achèterons un cactus.

Milo

    Il y a quelques heures, nous sommes arrivés dans cette famille où il fait bon vivre. Il y a quelques heures, j'ai rencontré la petite fille si joyeuse qu'il est ironique de voir à quel point sa mère était tout le contraire quand je l'ai rencontrée. Il y a quelques heures, je suis allé récupérer la petite peluche dans la voiture qu'Ivy a choisi.

    Nous avons été invité à manger, m'annonçant que j'étais le bienvenu et que je pouvais rester dîner avec eux. La petite Maeve s'est endormie sur les genoux de sa mère, la peluche bloquée dans son bras, tout contre son cœur en regardant Raiponce. Je ne sais pas si le dessin animé a été mis pour la jeune demoiselle ou pour l'adulte.

    La jeune maman n'a fait que répéter les répliques, pendant que je faisais de même dans ma tête.

- Peut-être que tu pourrais venir avec ta mère la prochaine fois ? m'interroge Julia.

Comme le monde est petit. Il se trouve que la mère d'accueil de Maeve travaille au même endroit que ma mère. En revanche, comment pourrais-je expliquer à ma mère toute cette situation.

- Peut-être que je devrais la présenter à Ivy pour commencer ?

Cette dernière tourne si violemment la tête vers nous que j'ai peur qu'elle finisse par se décrocher.

- Ta mère ? s'exclame-t-elle.

- Ma mère, affirme-je.

Elle se retire doucement du canapé, puis attrape sa petite fille dans ses bras pour la ramener dans sa chambre. Avant de sortir de la pièce, nous l'entendons parler. Julia signe à son mari.

- Je te promets ma jolie Raiponce. Nous aurons une jolie maison, avec un jardin et une superbe balançoire.

La voix ensommeillée de la petite fille se fait entendre.

- Nounou et Papou pourront venir ?

- Bien sûr ma chérie.

- Et Milo sera mon nouveau Papa ?

Le silence se fait, Julia se met à pleurer silencieusement. Quant à moi, mon coeur se serre. Je me lève doucement, sous l'approbation des hôtes pour me diriger jusqu'aux voix.

- Je serais ce que vous voulez que je sois.

Les yeux d'Ivy pétillent.

- Il sera ce que nous voulons qu'il soit. Bonne nuit ma chérie.

- Bonne nuit, Maman.

Elles signent ce que je devine être les trois petits mots lourds de sens. Elle referme la porte lentement, puis se tourne vers moi.

- Ce serait avec plaisir.

Je penche la tête sur la droite en signe d'incompréhension.

- Pour ta mère.

Je souris, puis la prends dans mes bras sous les regards du couple aussi heureux que nous a cet instant.

The Shadow of Myself🕷️(𝐋𝐞𝐬 𝐦𝐢𝐫𝐚𝐠𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐥'𝐚̂𝐦𝐞||tome1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant