Chapitre 38

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Ivy

        Je n'ai pas repointé le bout de mon nez au lycée depuis cette fameuse soirée où j'ai littéralement perdu les pédales. Je ne sais même pas si je l'ai laissé en vie... Je me suis seulement réveillé dans un lit qui n'était pas le mien, dans une chambre d'hôtel au côté de Milo, que j'ai fuis avant le levé du soleil en laissant un misérable petit mot. Je ne voulais pas croisé son regard plein d'empathie ou... plein de colère, je ne sais pas vraiment. Pour la première fois, quelqu'un m'a aidé avec une de mes fidèles crises d'angoisses. Il a su quoi faire, sans que je ne prononce un seul mot. Je suis censé le rejoindre à la soirée d'Angèle ce soir, mais je dois avouer que le confronter me terrifie. Au fond de moi, j'ai l'impression d'avoir gâché le peu de choses que nous étions en train de construire. Depuis Léonie, je ne me suis plus jamais senti bien avec quelqu'un qui n'était pas Hope.

Hope. J'ai su qu'elle était toujours chez ma mère, attendant seulement un signe de ma part. Quant à moi, je suis toujours ici, dans l'antre que j'ai créé, au Nirvana. Vous me direz sûrement que j'ai mal choisi le nom, mais pas du tout. Je l'ai appelé ainsi pour une raison toute simple : l'idée d'atteindre l'extase dans un endroit pareil, c'est l'ironie ultime. C'est un endroit où les tabous n'existent pas, où la transcendance est de mise, où tout est permis dans le consentement mutuel. Et oui, paradoxalement, la paix règne dans ce Nirvana.

Mon téléphone vibre, m'indiquant un énième message de mes amis, probablement inquiet par mon absence de presque quatre jours.

[ Mil-eau : Tu me fuis ? ]

          Oui. Non. Je ne sais pas. Je n'ai pas envie de le fuir. Cette idée me rend presque malade. Ces derniers nous nous étions un peu rapprocher, nous nous sommes embrassés. A deux reprises. Intérieurement, j'espère qu'il est aux côtés de Léonie. Je ne la laisse rarement sans nouvelles pendant autant de temps.

Je me laisse tomber sur mon lit quand on frappe à ma porte.

- Entrez.

Alice fait passé sa tête, puis entre en ne refermant pas la porte complètement.

- Comment vous sentez-vous ?

Je hausse les épaules.

- Elle veut vous parler. Mais je peux rester avec vous si vous le souhaitez.

Je lui souris. Alice est là plus vieilles de mes filles. Elle est plus vieille que moi aussi d'ailleurs. Elle s'est battue au sens propre comme au figuré pour que je puisse avoir la place au dessus d'elles toutes. Elle a toujours estimé que j'avais ce pouvoir, cette force pour nous mettre dans le droit chemin. Je ne suis pas juste un proxénète à ses yeux, je suis plus que ça. Je suis à leur écoute quand elles ne se sentent pas en forme, quand elles sont face à un client un peu trop étranges. Mais surtout, je les écoute me parler de leur vies, celle en dehors de cette antre.

- Pourquoi Klora est ici ? Je demande.

Elle me sourit faiblement.

- Je dois admettre que vous ne l'avez pas raté, mais je saurais reconnaître Jai.

Je blêmis. Pourquoi est-ce qu'elle est revenue ?

- N... Ivy, se rattrape-t-elle, vous n'êtes pas seule.

Elle se lève de nouveau et ouvre la porte en grand. Elles sont toutes là, devant ma chambre, un grand sourire aux lèvres.

- Vous n'êtes pas seule, disent-elle à l'unisson.

Je leurs souris et leur fait signe d'entrer. Ma chambre est soudain trop petite pour nous toutes.

- Je vais la chercher, me préviens Alice.

The Shadow of Myself🕷️(𝐋𝐞𝐬 𝐦𝐢𝐫𝐚𝐠𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐥'𝐚̂𝐦𝐞||tome1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant