𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟕

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Aylin

C'est aujourd'hui.

La première compétition d'athlétisme de l'année débute dans quelques minutes. Mon corps entier est inondé par l'angoisse. Pourtant, je n'ai pas peur. Je veux gagner. Je vais gagner. Ma motivation est indestructible.

Je ne laisserais rien ni personne se mettre en travers de mon chemin.

La victoire sera mienne et ce peu importe le prix.

Cela fait deux semaines que je n'ai pas reçu de menaces. J'avais donc bien raison, ce n'était qu'une blague idiote pour Halloween. Savoir cela me rassure d'une manière incommensurable. Je vais pouvoir me concentrer entièrement sur ma performance.

Au bras d'Alec, j'avance rapidement vers les vestiaires pour me changer. Je suis en retard, le départ est dans trente minutes, j'ai à peine le temps de me changer et de m'échauffer un peu.

Quelle idiote je suis, si j'avais préparé toutes mes affaires dès la veille on n'en serait pas là. Roméo a joué avec mes pointes et les a changées d'emplacement. Ce qui fait que j'ai dû les chercher dans toute la maison. Heureusement qu'Ilyas et Alec m'ont aidé, sans eux, j'y serais encore.

— On est arrivé, Aylin, m'avertit Alec plus paniqué que moi à l'idée que je sois en retard. Malia devrait être dans les vestiaires pour t'aider si besoin, bonne chance, même si tu n'en as pas besoin pour gagner.

Toujours aussi investie quand il s'agit de me soutenir.

— Merci Al, je compte sur toi pour m'encourager de toutes tes forces.

Le fait de savoir qu'il me regarde des gradins me motive à fond.

— Tu peux compter sur moi, m'assure-t-il, plein d'énergie.

Après une longue expiration pour évacuer le mauvais stresse, j'entre. Aucun bruit, c'est le silence complet. Je suppose que tout le monde doit déjà être en train de s'entraîner.

Il faut que je me dépêche.

— Malia ?

Aucune réponse. Elle n'est pas là ? Peut-être qu'elle aussi est déjà partie s'échauffer. Ou bien elle n'a pas pu venir ? Elle m'a abandonné ? Elle aussi.

Calme-toi, Aylin, tout va bien.

Je prends de grandes respirations pour réduire la vitesse effrénée à laquelle bat mon cœur. Mes poings se serrent et les larmes me montent aux yeux. Je dois participer, ma bourse en dépend. Ma place dans cette école en dépend.

Mais je pourrais le faire seulement si Malia vient.

Malgré mes doutes, je décide de lui faire confiance et retire mes pointes de mon sac. Je les dépose sur le banc, puis commence à enlever mes chaussures.

Soudain, des sons de pas parviennent à mes oreilles, il y a bien quelqu'un dans le vestiaire. La personne se rapproche de moi et je ne peux m'empêcher de serrer les dents.

— Qui es-tu ? demandé-je d'un ton strict.

Pour seule réponse, je perçois des effluves de parfum.

À la fraise.

Rose.

Alors que je m'apprête à la confronter, les souvenirs de la scène dans les toilettes me reviennent à l'esprit. Cette souffrance et cette détresse dans sa voix ont résonné en moi. Je n'arrête pas d'y penser. Elle avait l'air si vulnérable, si seule et si triste.

Sa souffrance a fait écho à la mienne. J'aimerais l'ignorer, mais ça m'est impossible. C'est comme si mon cœur la comprenait. La détester est beaucoup plus difficile désormais.

BLINDLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant