𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟗

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 Le jugement du roi était tombé.

J'étais désormais déchue de mon titre de garde personnel de son altesse royal le prince Saeros. Je m'attendais à cette décision et je ne pouvais qu'être reconnaissante envers Sa majesté le roi Igor de ne perdre que ma fonction. J'aurais pu être envoyée en prison ou être déchue de mon titre de chevalier. C'était un coup à encaisser mais je savais que j'allais le surmonter. Pour être honnête, tant que je pouvais servir Eldred, peu m'importait le poste.

Cependant, si j'étais vraiment sincère, le plus dur était de savoir que je serai loin de lui. Que nos échanges seraient désormais constitués que de simples salutations si je suis amenée à le croiser. Que son regard ne croisera le mien que l'espace d'un instant avant qu'il s'éloigne indubitablement.

Je serrai des poings. Même si cela me faisait mal, je n'avais nul autre choix que d'accepter cette situation. Je savais à quoi m'attendre. Je savais qu'entre lui et moi ce serait impossible dès le début. Il était prince et moi, une simple chevaleresse et mon rôle, est de le servir et de le protéger peu importe mes sentiments.

Ainsi, alors que mon cœur saignait, j'acceptai mon jugement.

🜲🜲🜲

Une semaine passa.

Une semaine que je n'avais pas vu Saeros. Ce qui n'était pas plus mal. La douleur qui envahissait ma poitrine s'atténuait peu à peu. D'après mes frères d'armes, il passait son temps avec la princesse Ilda qui comptait rester encore un moment selon les rumeurs que je n'écoutais plus que d'une oreille. J'avais appris à me méfier d'elles et encore plus des bouches par lesquelles elles sortaient depuis que mon nom était murmuré par tous.

Tout le monde, pendant plusieurs jours, n'avait cessé de me dévisager et de colporter sur la raison pour laquelle je n'étais plus aux côtés de son altesse. Certains se contentaient de chuchoter sur mon passage pendant que d'autres n'avaient aucune gêne à me cracher au visage ma dégradation. Mon malheur faisait leur bonheur car cela prouver qu'ils avaient raison : une femme n'était pas faite pour la vie militaire et encore moins pour s'assurer de la protection d'une personnalité royale.

Ils pouvaient continuer à se moquer, à m'insulter, je marchais toujours la tête haute, impassible. Il était hors de question que je cède face à eux. Je connaissais ma valeur et par dessus tout, je connaissais les raisons de cette décision : ma mère était en vie, et cela n'avait pas de prix. Donc je continuerai à serrer des dents, même si cela me faisait plus mal que je n'osai l'admettre, ils finiront bien par trouver un nouveau sujet de discussion.

Quant à père, il ne m'avait plus adressé la parole depuis qu'il avait appris la nouvelle et il n'était plus revenu à la cour. Seule Aramina se montrait fièrement au château et m'informait de l'état de santé de mère qui s'était considérablement amélioré.

Je finis la dernière gorgée de ma soupe avant de reposer mon bol sur la longue table de bois. J'essuyais les commissures de mes lèvres sous le regard amusé d'Ulysse devant moi.

« Il te faudra bien plus qu'une portion de soupe pour tenir tes prochaines heures de garde ma grande.

Je le fusillai du regard tout en reposant ma serviette près de mon plat.

– Cela fait une semaine que le colonel Sprig m'a attribué ce poste Ulysse. Je sais à quoi m'attendre.

Je m'apprêtais à quitter la table quand il m'intima de me rasseoir. Après un soupir, je m'exécute et croise les bras devant moi. Mon ami me tendit une flasque pleine. Mon sourcil se releva. Il se pencha vers moi.

– Je sais que tu détestes cela mais crois-moi tu en auras besoin ce soir donc prends-en.

Je soutins son regard sans pour autant prendre la flasque mais il insista. Je pris la petite bouteille et bus une longue gorgée. Le liquide aigre me brûla la gorge. Je rendis la flasque à Ulysse avec une expression de dégoût collée au visage.

The bewitched crownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant